French (La)

French (La)
Titre original:French (La)
Réalisateur:Cédric Jimenez
Sortie:Cinéma
Durée:135 minutes
Date:03 décembre 2014
Note:

Marseille. 1975. Pierre Michel, jeune magistrat venu de Metz avec femme et enfants, est nommé juge du grand banditisme. Il décide de s’attaquer à la French Connection, organisation mafieuse qui exporte l’héroïne dans le monde entier. N’écoutant aucune mise en garde, le juge Michel part seul en croisade contre Gaëtan Zampa, figure emblématique du milieu et parrain intouchable. Mais il va rapidement comprendre que, pour obtenir des résultats, il doit changer ses méthodes.

Critique de Marty

Le 21 octobre 1981, la France apprend avec effroi l'exécution du juge Pierre Michel sur le boulevard Michelet à Marseille. Un jeune magistrat, nommé juge du grand banditisme en 1975, à Marseille. Sa principale mission était de faire disparaître une organisation mafieuse ("LaFrench Connection") qui exportait l’héroïne dans le monde entier. Cette organisation était contrôlée, en France, par le parrain Gaëtan Zampa. Sans doute, la plus connue des organisations mafieuses en France. 

Cédric Jimenez, réalisateur du thriller Aux yeux de tous, nous dévoile sa vision de la montée en puissance d'un jeune juge redouté par l'organisation nébuleuse de Zampa. Il construit son scénario sur le duo d'amis, Jean Dujardin et Gilles Lellouche. Dujardin dévoile une énième facette de son talent où il associe le sérieux qu'on lui connait dans des films comme Contre-enquête ou Le Convoyeur tout en s'offrant quelques galéjades dignes des ses prestations sous l'ère OSS. Son sérieux offre un rôle sur-mesure pour le juge Pierre Michel. Un combattant abattu de sang froid par l'organisation de Zampa. Celui-ci est donc joué par Gilles Lellouche. Froid, violent, impartial, direct et provocateur, il dévoile une facette qui lui va bien, le badguy. Son rôle de parrain mafieux le place loin des Don Corleone ou Tony Montana puisqu'il reste sobre et offre un côté humain à son rôle. A leurs côtés, les deux amis, à la vie, sont entourés de Céline Sallette, Mélanie Doutey, Guillaume Gouix et Moussa Maaskri. Mentions spéciales pour Bruno Todeschini, méconnaissable dans son rôle de comptable et Benoît Magimel, particulièrement crédible dans le rôle du "Fou". 

Malgré quelques longueurs, Cédric Jimenez nous dévoile un film prenant sur le juge Pierre Michel et le parrain Gaëtan Zampa. Avant que le film démarre (avec l'ancien logo de Gaumont), il prend soin de préciser que le film est librement inspiré des faits réels. On peut, en effet, se douter qu'il romance certains événements ou extrapole d'autres. L'assassinat du juge Michel a été orchestré par l'équipe de Zampa sans que celui-ci en soit le "demandeur". Le film nous dévoile cette vision puisque Bruno Todeschini l'évoque en cellule. Zampa semble alors surpris lors de l'annonce de l'assassinat alors qu'il y était réellement lié d'après les récits... Malgré tout, je suis trop jeune pour me rappeler de cet acte terrible et d'où l'importante de cinéaste, comme Cédric Jimenez, de nous conter ces récits aussi marquant que frappant. L'histoire présentée ici ne dit pas où la fiction démarre et c'est bien dommage. J'aurais apprécié, à la fin du film, un message sur le devenir des protagonistes principaux car l'histoire ne s'est pas arrêtée à cet assassinat... Par ailleurs, il est intéressant, maintenant, pour ma culture personnelle, de connaître les réelles implications politiques et policières sur lesquelles Cédric Jimenez insistent en fin de film... Si elles sont avérées, certaines sont aussi pathétiques que celles de nos politiques depuis quelques années...

Pour ainsi dire, et rebondir sur la phrase du dessus, on peut se demander ce qui a changé à Marseille ? La drogue est toujours là. La violence est toujours là. Les exécutions sont toujours là. Les règlements de comptes sur fond de drogue sont toujours là. La police est toujours impuissante sur des cellules si bien organisées... On est en droit de se demander si le futur n'est pas qu'un éternel recommencement du passé... Le film prouve qu'un seul homme, aussi puissant soit-il, accompagné de quelques âmes courageuses, a cherché à stopper l'hémorragie liée à la distribution des drogues dures et n'y est pas arrivé... Le film montre la passivité de l'État sur les agissements mafieux des années 70 et force de constater que ceux-ci ont explosés ces dernières années et que le phénomène reste encore dans l'actualité.

LaFrench est excellent film français que je conseille vivement. Il apporte des réponses à une génération trop jeune pour connaître cette histoire, offre un hommage à juge qui n'avait peur de rien et prouve que les gouvernements se succèdent sans trouver la solution. Le duo Jean Dujardin et Gilles Lellouche est convaincant sous leurs costumes et coutumes d'époques. Le pari est réussi.

Vu le 07 décembre, au Pathé Conflans

Note de Marty:

Critique de Mulder

La French pourrait concourir au titre du meilleur film policier de l’année tellement la somme de talents présents dans sa conception témoigne que le cinéma français est encore capable de se renouveler et tirer leçon du cinéma américain. En découvrant ce film il est impossible de ne pas penser à l’un des meilleurs films de William Friedkin, French connection (1972). Le coscénariste et réalisateur Cédric Jimenez  signe avec La French son deuxième film (Aux yeux de tous (2011)) et s’inspire d’une histoire vraie s’étant déroulée en 1975 à Marseille.
 
Deux hommes vont s’opposer à Marseille dans une lutte impitoyable. D’un côté, un jeune magistrat, Pierre Michel (Jean Dujardin) récemment promu juge du grand banditisme et de l’autre le chef d’un dangereux cartel (la French connection), Gaëtan Zampa (Gilles Lellouche). Pour anéantir un tel réseau, le juge incorruptible devra non seulement changer ses méthodes mais également affronter des policiers ripoux et des gangsters impitoyables. La reconstitution des années 70 est parfaitement mise en scène. Le réalisateur parfaitement documenté nous présente une ville de Marseille corrompue dans laquelle la mafia locale impose ses propres lois. Sans aucun temps mort, le film nous présente cette enquête d’un homme prêt à tout pour faire régner la loi y compris au détriment de sa vie familiale. 
 
La French est un cinéma français que nous apprécions car il ne cherche à aucun moment à singer le cinéma américain. Il repose sur deux grands comédiens tenant ici l’un de leurs meilleurs rôles. Le réalisateur n’en oublie pas de donner une certaine profondeur aux seconds rôles. On retrouve donc également Céline Sallette, Mélanie Doutey, Moussa Maaskri, Guillaume Gouix et Benoît Magimel. Le film montre une nouvelle fois toute la palette du talent immense de Jean Dujardin.  Il serait facile de voir que son rôle aurait été également parfait trente ans plus tôt pour Jean Paul Belmondo. 
 
Vu le 19 décembre 2014 au Gaumont Disney Village, Salle 15, en VF

Note de Mulder: