Discount

Discount
Titre original:Discount
Réalisateur:Louis-Julien Petit
Sortie:Cinéma
Durée:105 minutes
Date:21 janvier 2015
Note:

Pour lutter contre la mise en place de caisses automatiques qui menace leurs emplois, les employés d’un Hard Discount créent clandestinement leur propre « Discount alternatif », en récupérant des produits qui auraient dû être gaspillés…

Critique de Balrog

Pour son premier film, Louis-Julien Petit s'attaque à un sujet épineux qui n'est pas souvent développé sur le grand écran. DISCOUNT a reçu le "Prix du Public" au festival du Film Francophone  d'Angoulême. Et pour cause, Louis-Julien Petit nous propose un film qui traite du gaspillage alimentaire au cœur d’une société économiquement instable. Pour les besoins du film, ce jeune réalisateur français n'as pas hésité à se documenter, à recueillir de nombreux témoignages et s’inspirer de fait divers pour nourrir son histoire.

Le synopsis du film affirme une volonté de mettre en avant le gaspillage des denrées alimentaires. Pour renforcer ce postulat, Louis-Julien petit raconte l’histoire de cinq employés d’un « Hard Discount ». Écœurés par l’arrivée de machines automatiques et par leurs conditions de travail, ils décident de monter leur propre marché alternatif. Louis-julien Petit capte l’attention du spectateur sur différents éléments du film qui, par redondance, alertent comme des piqures de rappel et c’est assez judicieux et bien amené dans le déroulement de l’histoire. Je pense notamment à ces moments où les employés du Discount sont chronométrés dans tous leurs faits et gestes (partir en pause, se rendre aux toilettes, les opérations en caisse, etc.) Le réalisateur dépeint avec justesse une société où, productivité et consommation sont les nerfs de la guerre. Louis-Julien Petit insiste bien sur le mécanisme de la grande distribution à l’heure où les machines automatiques commencent à remplacer la manœuvre humaine, considérée piètrement par l’engeance patronale.

DISCOUNT nous embarque au cœur d’une histoire émouvante et drôle à la fois. Les personnages du film sont authentique et apportent une dimension humaine à cette comédie dramatique. Louis-julien Petit dresse des portraits stéréotypés de monsieur et madame tout le monde et les dialogues, portés par un humour presque premier degré, répondent à l’atmosphère populaire du film. Chaque personnage traîne sur son dos une petite histoire et le tout suffit pour créer une émulsion. On rigole, on s’émeut, on s’interroge. Derrière une façade un peu grossière néanmoins captivante, DISCOUNT apporte un regard innocent sur un sujet éculé mais toujours d’actualité. Cependant, l’histoire des cinq personnages principaux prime sur le véritable intérêt du film. Le gaspillage alimentaire sert de toile de fond pour enrichir leur histoire, ce qui est fort dommage.

DISCOUNT manque de véhémence dans son histoire et ne s’attarde pas assez sur l’aspect essentiel du scénario. Louis-Julien Petit manque parfois d’audace pour accroître davantage la satire. Ce film est une chimère entre le cinéma social contemporain et la comédie. Cependant, le réalisateur porte un regard sensé sur notre mode de vie actuel et sur le fonctionnement du « hard discount ». Le film pose une base solide et nous donne matière à réflexion au-delà de 105 minutes de légèreté sans oublier une certaine émotion assumée.

Vu au Club Marbeuf, le 12 janvier 2015.

Note de Balrog:

Critique de Mulder

La bande annonce de ce film découverte lors du Showeb de rentrée début octobre de l’année dernière avait retenue toute notre attention. L’approche sociale du film trop rarement présente dans notre cinéma hexagonale nous renvoie aussi bien aux œuvres de Ken Loach (Raining Stones (1993), My name is joe (1998)…) voire également au film cultissime The Full monty (1997). En nous présentant d’un côté des personnages d’une classe guère aisée et de l’autre l’univers d’un magasin de hard discount de manière très réaliste (et surtout ses travers), le réalisateur et co-scénariste Louis-Julien Petit donne à son film une approche intéressante et enrichissante.

L’approche du film témoigne de la volonté du réalisateur à capter toute notre attention sur le gaspillage alimentaire et les conditions de travail guère tolérables du monde du hard discount. En regardant ce film il est impossible de ne pas y voir un message contre notre société de consommation et ces aliments détruits alors que certaines personnes meurent de faim chaque jour. Challenge difficile pour le réalisateur car avec un budget que l’on sent très faible, le réalisateur et la productrice Liza Benguigui ont réussi à monter leur film par la méthode du crowfunding. Nous sentons également que celui-ci s’est réellement engagé dans une recherche approfondie en regroupant des témoignages de caissières et de vigiles de supermarchés afin de donner une réelle épaisseur à ces personnages. Le réalisateur a pu également s’appuyer sur un casting parfaitement pensé donnant à des seconds rôles des rôles principaux. On retrouve ainsi les comédiens Olivier Barthelemy (Largo Winch II (2011)…), Corinne Masiero (A l'origine (2008), Suzanne (2013), La Marche (2013)…) , Pascal Demolon (Tout ce qui brille (2009), Radiostars (2012)..) et deux nouveau jeunes comédiens Sarah Suco et M'Barek Belkouk.

Le film nous montre comment des employés d’un hard-discount sur le point de se faire licencier décident de s’organiser en créant un marché parallèle pour un quartier démuni de leur ville et leur permettant de se faire un solde de sécurité une fois au chômage. Leurs conditions de travail sont à la lisière du code du travail et ceux-ci doivent non seulement faire face à des vigiles malveillants mais surtout à un système dans laquelle chacune de leurs actions est chronométrée. Pour ces raisons, ces personnages sont attachants et possèdent grâce à un excellent script une véritable profondeur.

La production d’un tel film sans réelle tête d’affiche, le sujet abordé assez fort, des comédiens en phase parfaite avec leurs personnages et surtout un réalisateur passionné font de Discount un de mes premiers coups de cœur de cette année. Un film coup de poing intelligemment mis en scène et évitant un éternel happy-end, une manière de plus pour faire de celui-ci une œuvre aussi réussie qu’engagée.

Vu le 08 janvier 2015 au Club de l’Etoile

Note de Mulder: