Hope

Hope
Titre original:Hope
Réalisateur:Boris Lojkine
Sortie:Cinéma
Durée:91 minutes
Date:28 janvier 2015
Note:

En route vers l’Europe, Hope rencontre Léonard. Elle a besoin d’un protecteur, il n’a pas le coeur de l’abandonner. Dans un monde hostile où chacun doit rester avec les siens, ils vont tenter d’avancer ensemble, et de s’aimer.

Critique de Balrog

Après avoir enseigné la philosophie à l’université d’Aix en Provence, le réalisateur français Boris Lojkine consacre toute son énergie à la réalisation de documentaires (Ceux qui restent – 2001, Les chantiers de la coopération – 2004). Puis, après avoir séjourné au Vietnam, il réalise les âmes errantes, sorti sur nos écrans en 2005. Très inspiré par les phénomènes de société, Boris Lojkine présente son premier film : HOPE. Lors de la "Semaine de critique" 2014 (événement parallèle au Festival de Cannes), le film reçoit le prix SACD (Société des Auteurs et des Compositeurs Dramatique).
 
Le film HOPE est marqué par la rudesse du sujet. L'immigration est la ligne directive principale du film. Le spectateur plonge dans un univers fragile et hostile dès les premières minutes du film. Boris Lojkine ne cherche pas à faire dans l'empathie primaire et le film se démarque par son aspect dramatique et puissamment authentique. Boris Lojkine a travaillé en amont pour trouver les personnes susceptibles d'incarner chaque personnage. C'est pourquoi, il n'y a aucun comédien à la base. Pour restituer la véracité du récit, Boris Lojkine a employé de vrais migrants qui n'avaient jamais joué auparavant. Le ton du film est plus juste, plus crédible et il émane une force authentique et fragile à la fois. Les deux personnages principaux, Hope (Justine Wang) et Léonard (Endurance Newton) ont enrichi le tournage du film grâce à leur vécu. Les autres personnages du film tiennent des positions importantes et certains d'entre eux ont interprété des rôles taillés sur mesure et bien au-delà, comme par exemple un "Chairman" qui est interprété par un vrai "Chairman". Le réalisateur se focalise sur la migration de Hope et de Léonard qui, depuis le départ, est un véritable acte de bravoure et de tenacité. Ce n'est sans doute pas par hasard si Hope s'appelle ainsi. Son prénom résonne comme un message porteur d'espoir.
 
Justine Wang et Endurance Newton sont remarquables et leurs expériences respectives se perçoivent à travers leurs regards et leurs manières de jouer. On observe une grande maturité dans ce film et une volonté de naturaliser la composition des personnages et de la mise en scène. La structure narrative gagne en richesse car chaque scène inhérente à la misère, la famine, la corruption... est une pièce importante qui s'ajoute au tableau tragique pour accentuer la démarche du récit. Hope et Léonard sont liés par un même destin et, par la force des choses, participent à une progression affective inévitable. Mais le film évite les stéréotypes et les sentiments trop pompeux et trop évidents. Le lien incertain (presque invisible) qui uni Hope et Léonard est la force invisible qui propulse le récit vers l'avant. L'amour ne chapeaute pas le film et c'est très bien ainsi car cette relation suggère une dimension plus universelle. Sans le revendiquer clairement, Boris Lojkine exploite sans détour, mais avec pudeur, l'idée que l'être humain a besoin de ses pairs pour avancer. Ce récit dramatique décortique brillamment certains aspects sombres de l'humanité pour exhiber le pouvoir de l'espérance.
 
HOPE est un film sans concessions qui flirte avec le cinéma documentaire. La justesse des personnages, la rigueur scénaristique et la vision franche de Boris Lojkine participent à ce tableau cruel et crédible. Ce film démonstratif impacte l'esprit et laisse une empreinte partiellement marquée par le tourment là où l'espoir peine à prendre racine.
 
Vu le mercredi 14 janvier au Club Lincoln en VO

Note de Balrog: