Papa ou maman

Papa ou maman
Titre original:Papa ou maman
Réalisateur:Martin Bourboulon
Sortie:Cinéma
Durée:85 minutes
Date:04 février 2015
Note:

Florence et Vincent Leroy ont tout réussi. Leurs métiers, leur mariage, leurs enfants. Et aujourd’hui, c’est leur divorce qu’ils veulent réussir. Mais quand ils reçoivent simultanément la promotion dont ils ont toujours rêvée, leur vie de couple vire au cauchemar. Dès lors, plus de quartier, les ex-époux modèles se déclarent la guerre : et ils vont tout faire pour NE PAS avoir la garde des enfants.

Critique de Mulder

Sur un postulat rappelant l’excellent film de Danny DeVito La Guerre des roses (1990), le premier film de Martin Bourboulon en a gardé le meilleur et propose une lutte acharnée entre un mari et sa femme en plein divorce. Alors que l'argent semble être le facteur déterminant de la lutte entre deux divorcés, celui des personnages Florence et Vincent réside dans le fait de ne pas supporter la charge d'élever seul leurs trois enfants.,

Par sa durée assez courte, les scénaristes Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte ont réussi l’exploit de livrer une comédie autant jouissive qu'irrésistible. Le sujet original a été imaginé par Guillaume Clicquot de Mentque et retravaillé en profondeur par ses deux scénaristes épaulés par le réalisateur Martin Bourboulon. On sent ainsi aisément tout au long de ce film la volonté du réalisateur de ne pas faire une comédie romantique traditionnelle mais plutôt totalement décalée et irrévérencieuse. On découvre ainsi dès la première scène ce couple très à l'aise ensemble chez un autre couple. Suite à l’annonce de la procédure de divorce celui-ci va commencer à se comporter comme deux grands enfants pour ne surtout pas supporter la charge de leurs enfants. En privilégiant leur évolution professionnelle ils vont être capables d'enchaîner les pires idées possibles pour regagner leur totale indépendance.

Loin d'être une succession de scénettes irrésistibles, les scénaristes ont livré une comédie diaboliquement efficace reposant sur un ton jubilatoire de cette fameuse crise de la quarantaine. Les deux personnages principaux semblent laisser libre court à une imagination débordante dans les différentes scènes très réussies du film. Des pâtes aromatisées au produit vaisselle, d’une boum totalement ratée, c’est la cellule familiale toute entière qui part totalement dans tous les sens pour notre plus grand bonheur. La liberté de ton du film nous rappelle celle de l'excellent Babysitting sortie l'année dernière. Également l'étude de mœurs familiales qui se dessine en filigrane n'est pas si innocente que cela et on se rend vite compte que le réalisateur épaulé par un excellent scénario dresse un portrait plutôt réaliste d'une société qui a peur de l'immobilisme. La comédie ainsi suivie repose sur des éléments suffisamment réalistes pour nous faire passer un excellent moment de cinéma.

Mais un bon scénario et un réalisateur convaincant ne sont proprement efficaces sans la présence d'excellents comédiens. L'alchimie entre Marina Foïs et Laurent Lafitte est parfaite et les deux comédiens donnent à leurs personnages une réelle épaisseur. Marina Foïs aussi à l'aise dans des dramatiques (Polisse (2011), L'Homme qui voulait vivre sa vie (2010)) que des comédies (La Personne aux deux personnes (2007) Boule & Bill (2013))
saisit parfaitement les ressorts de cette comédie à l'américaine et le côté transgressif de son personnage. De la même manière Laurent Lafitte (De l'autre côté du périph (2012), 16 ans ou presque (2012)..) fait de son personnage sérieux d'obstétricien un adulte prêt à tout pour regagner sa liberté. Les seconds rôles ne sont pas en reste et la présence des comédiennes Judith El Zei, Vanessa Guide et Anne Le Ny apportent au film une certaine valeur ajoutée bienfaitrice.

Entre papa ou maman le choix est difficile pour ses trois enfants mais pour nous il est sans appel on a tout simplement découvert un jeune réalisateur prometteur et une comédie jubilatoire et réussie.

Vu le 19 janvier 2015, à la Salle Pathé Lamennais

Note de Mulder:

Critique de Marty

Dans la plupart des films, évoquant le divorce, on assiste, tristement, au déchirement du couple et aux souffrances psychologiques, que cela génèrent auprès des enfants et des proches. Il est assez rare, qu'un film porte sur cet événement du quotidien, avec une approche aussi comique et jouant sur le souhait des parents ne voulant pas la garde des enfants afin de satisfaire les désidératas des dits parents. Le réalisateur, Martin Bourboulon, signe un premier long métrage couronné de succès et d'un prix lors du dernier festival de l'Alpe Huez. 

L'idée principale de son film est donc simple. Deux adultes décident, conjointement, de se séparer, avec l'objectif de vivre une évolution professionnelle à l'étranger, seule ombre au tableau ; ils sont parents. Comme le dévoilait la bande-annonce, on assiste au jeu sadique des parents dans le but de ne pas obtenir la garde de leurs progénitures. Un concept que l'on voit peu en salles mais existe dans la vie de tous les jours. Afin d'agrémenter cette sympathique idée, le jeune réalisateur s'est associé à Laurent Lafitte, dont les prouesses comiques ne sont plus à prouver, et Marina Foïs. Celle-ci est égale à ce qu'on connaît d'elle depuis ses débuts remarqués dans les Robins des Bois. Somme toute, je la préfère dans des films plus sérieux, à l'instar de Polisse, dans lequel, elle explorait une voie nouvelle et dans laquelle, elle y prouvait son talent. Ici, les deux parents utilisent des stratagèmes diaboliques pour ne pas garder leurs enfants. 

Le film est habillement tourné puisqu'il présente, d'une part, la difficulté d'annoncer le divorce aux enfants. Le fait de l'annoncer à ses amis est une chose, certes, compliquée mais abordable. Le fait de devoir l'annoncer est abordé avec délicatesse et une certaine douceur psychologique apportant une espèce d'empathie pour les deux protagonistes. Cela dénote, complètement, de l'acharnement qui commence par la suite entre les parents, afin de ne pas obtenir la garde de leurs enfants, offrant quelques sympathiques scènes comiques. Il est d'ailleurs marrant de voir avec quelques ingéniosités le père comme la mère se bagarrent pour se séparer de ce lourd fardeau. On note principalement la scène du Paintball ou celle de l'accouchement... 

Papa ou Maman est une comédie sympathique qui offre un succès notable et mérité à son réalisateur, Martin Bourboulon. Il a su insufflé de l'humour et de l'amour dans un thème aussi délicat que tragique. Le duo d'amis Laffite/Foïs marche à merveille et semble prendre un malin plaisir à se rentrer dedans pour la "bonne" cause et à torturer les gamins. 

La comédie se veut donc bon enfant et sympathique malgré tout, on peut toutefois en regretter la facilité du scénario. En effet, outre le final prévisible dès le début du film ; c'est une comédie française, donc il faut un joli happy-end... ; je regrette les petites histoires parallèles qui n'apportent rien et le manque de réactions des enfants ; ils paraissent bien ternes et ne semblent pas aussi combatifs que leurs parents. Un peu de rébellion aurait apporté un ingrédient supplémentaire et aurait eu le mérite d'offrir quelques bons rebondissements. Les scénaristes, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, à qui nous devons "Le Prénom", ont déjà été plus inspirés. Reste, somme toute, un film sympathique à avoir. Il apporte ce côté malsain qui plait aux spectateurs adeptes des comédies. Papa ou Maman aurait pu être un peu plus cynique avec des parents plus sadiques et des enfants moins léthargiques... 

Vu au Pathé Conflans, le 14 février, en salle 08.

Note de Marty: