Electric Boogaloo

Electric Boogaloo
Titre original:Electric Boogaloo
Réalisateur:Mark Hartley
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:15 janvier 2015
Note:

Mélangeant interviews, extraits de films et images d’archives, ce documentaire retrace l’histoire de la société de production Cannon Films, créée par Menahem Golan et Yoram Globus. Dans les années 1980, ces deux producteurs ont sans aucun doute produit les plus grands nanars du cinéma, s’emparant de force de la machine hollywoodienne, et changeant à jamais l’histoire du cinéma bis.

Critique de Mulder

Après avoir traité des films de genre philippin des années 70 et 80 (Hollywood se déchaine à Manille (2010), des films des séries B du cinéma australien (Not Quite Hollywood (2010)), le nouveau documentaire du réalisateur Mark Hartley, très documenté, dresse un bilan de la société de production Cannon films.

La société Cannon a été créée en octobre 1967 par Dennis Friedland and Chris Dewey et produisait des petites productions indépendantes budgétées à moins de trois cent mille dollars. Suite à des difficultés financières, la société fut vendue à Menahem Golan et Yoram Globus pour un montant d’ un demi-million de dollars. Ces deux nouveaux propriétaires voyaient en cette société le moyen de produire des films américains à moindre coût. Ils avaient ainsi la volonté de concurrencer les majors américaines (Warner Bros, Paramount Pictures, 20th Century Fox) sur leur propre terrain. Ce documentaire revient donc sur l’histoire de cette société véritable usine à produire des séries B en pagaille. De 1979 à 1985 avec des comédiens rattachés uniquement à leur studio. On compte parmi eux de jeunes comédiens (Michael Dudikoff, Dolph Lundgren..) comme des comédiens boudés par les majors (Richard Chamberlain, Chuck Norris, Charles Bronson).

Dans le cadre des documentaires du festival du cinéma Américain de Deauville l’année dernière, The Go-Go Boys de Hilla Medalia avait obtenu les faveurs des deux producteurs et ainsi permit de revenir en détail sur leur aventure américaine. Ce documentaire non validé par ceux-ci réussit à nous livrer une vision sans concession des rouages de cet ancien studio américain. A travers plusieurs interviews, on découvre des extraits des productions qui restent encore dans nos mémoires comme des films synonymes des années 80. On pourra ainsi citer parmi les plus grandes réussites de ce studio American Warrior (1985) (on passera sur les suites décevantes), Avenging Force (1986, présenté en France comme la suite du précédent titre), Delta Force (1986), Invasion USA (1985) , Massacre à la tronçonneuse 2 (1986), Le Justicier de minuit (1983), Portés disparus (1984), Cobra (1986), et Over the top Le bras de fer (1987). Ces films d’action typique des années 80 présentaient des héros américains capables de se battre pour faire triompher les valeurs de l’Amérique profonde.

Contrairement à beaucoup de documentaires survolant leur sujet, le réalisateur et scénariste nous livre une véritable étude sur les limites de gestion d’un studio américain par deux passionnés de cinéma certes mais n’ayant pas assimilé ce qu’attendait réellement son public. A côtés du succès de quelques films d’autres non seulement ont entaché des films mythiques tel ce Superman 4 de Sidney J. Furie (1987) qui mit fin à une saga mythique commencée en fanfare par le film de Richard Donner (1978) dix ans plus tôt. On passera aussi sur les adaptations ratées telles Les Maîtres de l'univers (1987) et les sous copies inavouées telle le diptyque des Allan Quatermain (1985-1986). A force de vouloir rogner sur tout, les productions devinrent non seulement des échecs artistiques mais également commerciaux. Cet excellent documentaire ponctué de très intéressantes interviews notamment de Michael Dudikoff et Richard Chamberlain nous apporte une touche nostalgique d’un âge d’or du cinéma hollywoodien pratiquement disparu.

Non seulement ce documentaire mérite d’être découvert (il sera présenté cette semaine dans le cadre du Festival international du film fantastique de Gérardmer) mais est également en DVD depuis le 15 janvier.

Vu le 13 janvier 2015 au Luminor Hotel de Ville, en VO

Note de Mulder: