Inherent Vice

Inherent Vice
Titre original:Inherent Vice
Réalisateur:Paul Thomas Anderson
Sortie:Cinéma
Durée:149 minutes
Date:04 mars 2015
Note:

L'ex-petite amie du détective privé Doc Sportello surgit un beau jour, en lui racontant qu'elle est tombée amoureuse d'un promoteur immobilier milliardaire : elle craint que l'épouse de ce dernier et son amant ne conspirent tous les deux pour faire interner le milliardaire. Mais ce n'est pas si simple .C'est la toute fin des psychédéliques années 60, et la paranoïa règne en maître. Doc sait bien que, tout comme "trip" ou "démentiel", "amour" est l'un de ces mots galvaudés à force d'être utilisés – sauf que celui-là n'attire que les ennuis. 

Critique de Balrog

Paul Thomas Anderson est connu pour être un de ces réalisateurs nouvelle génération qui utilise les codes d'un cinéma contemporain marqué par la diversité des genres, par l'exposition abondante de personnages et par l'exploration des confrontations existentielles. Paul Thomas Anderson réalise Hard Eight (1996), Boogie Nights (1997), Magnolia (1999), Punch-Drunk Love (2002), There Will Be Blood (2007), The Master (2012). Tous ses films rencontrent un franc succès et sont dans l'ensemble bien reçu par la critique. Pour un début de carrière florissant, Paul Thomas Anderson s'efforce de scénariser et de soigner la réalisation de tous ses films. À juste titre, la majorité des nominations et des récompenses reçues concernent des prix du meilleur réalisateur, de la mise en scène et du meilleur scénario. Inherent Vice est le septième film du jeune réalisateur américain. Son dernier film est la première adaptation cinématographique du roman éponyme de Thomas Pynchon

L'histoire se déroule à Los Angeles, à la fin des années 60. Un détective privé nommé Larry "Doc" Sportello (Joaquim Phoenix) voit un jour son ex petite amie Shasta Fay Hepworth (Katherine Waterston) débarquée chez lui. Elle lui raconte qu'elle est tombée amoureuse d'un promoteur immobilier milliardaire Mickey Wolfmann (Eric Roberts). Elle craint que la femme de ce dernier et son amant conspirent pour le faire interner. Puis Mickey disparaît ! L'enquête commence pour Larry "Doc" Sportello qui croise un éventail de personnages tous aussi atypiques les uns que les autres.

Inherent Vice signifie littéralement vice caché. Ce titre, judicieusement bien conservé par le réalisateur, souligne parfaitement l'atmosphère du film qui offre un ton unique. Les personnages du film symbolisent avec audace, mais non sans une profonde authenticité, la nature cachée de l'Amérique. Les personnages magnifiés sans excès renvoient le caractère proprement pragmatique d'une société en perdition. Paul Thomas Anderson opte pour une approche intimiste de la mise en scène et de ses personnages toujours plus charismatique. Ainsi, il dresse des portraits torturés et ancrés dans cette période phare des années sexe, drogue et rock'n'roll. Le personnage principal Larry "Doc" Sportello (Joaquim Phoenix) apporte une richesse à l'histoire car il appose avec justesse la figure emblématique du déclin américain. Tous les autres personnages du film, interprétés par des comédiens et comédiennes de talent (Bénicio Del Toro, Josh Brolin, Reese Witherspoon…) confirment la nature onirique d'une époque que le film exulte sans aucune retenue. Bien que l'intérêt du spectateur soit centrer sur les pérégrinations du détective Larry "Doc" Sportello, la mise en scène sollicite le regard vers un ensemble d'individus pour marquer l'état d'esprit générale et la conscience collective. La force du film tient dans la représentation de cette période charnière de l'Amérique du début des années 70. La caméra de Paul Thomas Anderson restitue de manière empirique la nostalgie d'une époque à laquelle les personnages sont livrés et à travers laquelle ils tentent d'y échapper.

Inherent Vice se construit autour de l'enquête à l'antipode du polar traditionnel. Chaque personnage porte son lot de "vices". Sous les traits d'un détective perché mais talentueux, le comédien Joaquim Phoenix délivre une performance incroyable et interprète son personnage loin des codes et des standards utilisés dans les films policiers. Ce dernier va et vient tel un jeu de piste au cœur d'une symphonie éclectique de personnages nourrissant une histoire qui, somme toute, tient de la plus grande simplicité. Mais le cours de l'histoire prendre une tournure moins complaisante quand Paul Thomas Anderson décide de faire valoir la force du dialogue. Les mots et les connexions entre les personnages assurent une consistance au film.

Paul Thomas Anderson ne néglige pas l'importance du son et de la musique, comme dans tous ses films. Après There Will Be Blood et The Master, il collabore pour la troisième fois avec Johnny Greenwood qui signe là une bande son fidèle au découpage et à l'esprit du film. En outre, la photographie n'est pas négligée car depuis ses débuts en qualité de cinéaste, Paul Thomas Anderson attache une importance capitale à l'image. Sur un choix éprouvé de ce dernier, le grain et la couleur adressent au spectateur avisé une expression artistique. Le réalisateur use intelligemment du son et de la couleur pour transcender l'ambiance sonore et visuelle du film.

Vu le 02 mars 2015 à la salle Warner en VO

Note de Balrog: