Big Eyes

Big Eyes
Titre original:Big Eyes
Réalisateur:Tim Burton
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:18 mars 2015
Note:

BIG EYES raconte la scandaleuse histoire vraie de l’une des plus grandes impostures de l’histoire de l’art. À la fin des années 50 et au début des années 60, le peintre Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La surprenante et choquante vérité a cependant fini par éclater : ces toiles n’avaient pas été peintes par Walter mais par sa femme, Margaret. L’extraordinaire mensonge des Keane a réussi à duper le monde entier. Le film se concentre sur l’éveil artistique de Margaret, le succès phénoménal de ses tableaux et sa relation tumultueuse avec son mari...

Critique de Balrog

Les films de Tim Burton sont souvent très représentatifs d'un genre fantastique toujours très excentrique et porté par une folie créative dont les frontières de son imagination sont sans limites. Tim Burton a coutume de réaliser ses histoires en puisant dans les contes, la littérature fantastique, des œuvres cinématographiques anciennes, l'art picturale dont le très célèbre expressionnisme allemand. Ce mouvement artistique est son fer de lance depuis ses débuts de carrière en qualité de réalisateur. Avec Big Eyes, le spectateur est au cœur de l'art mais Tim Burton semble vouloir offrir à ce dernier une forme bien différente à celle qu'il impose depuis toujours à son cinéma.

Oubliez les créatures ou personnages étranges qui peuplent son univers habituellement onirique et fantaisiste. Son histoire raconte l'histoire vraie d'une des plus grandes impostures de l'histoire de l'art. Big Eyes est assez différent de tous ses autres films. Tim Burton ouvre ses portes vers une histoire aux formes plus conventionnelles. Nous connaissons bien le goût prononcé de Tim Burton pour plonger au cœur de n'importe quel sujet et de donner libre cours à ses interprétations les plus audacieuses. Big Eyes n'offre pas cette plongée vertigineuse alors que l'histoire regorge suffisamment d'éléments scénaristiques pour réveiller la créativité fantasque du réalisateur. Tim Burton a débuté en qualité de dessinateur au sein des Studios Disney et le réalisateur américain attache une importance capitale aux inspirations artistiques. Big Eyes offre un potentiel façonnable dès le départ et, connaissant l'habilité de l'auteur à jumeler le vrai du merveilleux, on s'attend à être transporter dans une atmosphère irréelle. D'ailleurs l'introduction du film présente une ambiance proprette et surréaliste par une photographie et des décors clinquants ce qui présage une perspective prometteuse.

Néanmoins, ce qui aurait pu être une exploration "merveilleuse" n'est que le tableau monotone d'un récit qui se perd parfois entre un biopic complaisant et l'hésitation frelatée d'en faire un film fantastique. Tim Burton parsème son histoire d'un soupçon d'étrange mais ne poursuit pas assez loin. Alors pourquoi introduire un aspect surréaliste si c'est pour laisser le spectateur aux portes d'une histoire traitée avec autant de singularité ?! Il existe, dès le début du film, une énergie invisible presque palpable qui accompagne le récit. Le film affirme une relation forte entre le personnage de Margaret Ulbrich (Amy Adams) et ses tableaux qui reflètent tout le ressenti et la psychologie de l'artiste. Le réalisateur n'affirme pas totalement son entièreté artistique et laisse de côté le seul élément frontalier à la fantaisie qui aurait défini un point d'ancrage suffisamment attractif et plus implicite quant à la personnalité de Margaret Ulbrich. Tim Burton transforme son histoire en un récit dramatico-guignolesque.

Les acteurs ne manquent pas de véhémence dans l'interprétation de leurs personnages. Néanmoins les rôles de Margaret ulbrich et Walter Keane respectivement incarnés par Amy Adams et Christopher Waltz ne cadrent pas avec l'atmosphère grimaçante du film. Le jeu maniéré des acteurs cherche son chemin et échappe à l'esprit pragmatique du récit. Une lourdeur trop importante s'impose rapidement avec l'interprétation globale qui ne parvient pas à enflammer l'histoire.

Dans sa globalité, Big Eyes n'assure ni la capacité de rêver, ni celle de s'émouvoir et de porter un regard intriguant sur l'histoire étonnante de cette artiste peintre expressionniste. Big Eyes se confond dans une mise en forme qui n'exhorte pas le spectateur à penser que ce récit est né de l'esprit habituellement fertile de Tim Burton.

Vu le lundi 9 mars au Club Lincoln en VO

Note de Balrog: