Chappie

Chappie
Titre original:Chappie
Réalisateur:Neill Blomkamp
Sortie:Cinéma
Durée:114 minutes
Date:04 mars 2015
Note:

Dans un futur proche, la population, opprimée par une police entièrement robotisée, commence à se rebeller. Chappie, l’un de ces droïdes policiers, est kidnappé. Reprogrammé, il devient le premier robot capable de penser et ressentir par lui-même. Mais des forces puissantes, destructrices, considèrent Chappie comme un danger pour l’humanité et l’ordre établi. Elles vont tout faire pour maintenir le statu quo et s’assurer qu’il soit le premier, et le dernier, de son espèce.

Critique de Marty

En septembre 2009, le Festival du Cinéma Américain propose la diffusion en avant-première du premier long métrage d'un jeune réalisateur sud-africain, Neill Blomkamp, fan de science-fiction et geek dans l'âme. Celui-ci était venu présenter sur les planches, District 9, en compagnie de son acteur, Sharlto Copley. A l'époque, dans les travées du CID, le film fait l'effet d'une bombe. D'une part, il est rare que Deauville se penche sur les films de science-fiction et d'autre part, le film avait eu le mérite de dynamiser cette édition avec un film relativement violent et explosif sur l'apparition d'extraterrestres en Afrique de Sud. Il y est présenté les difficultés pour les populations locales de vivre et survivre entre deux populations différentes. Le film faisait surtout état d'une certaine ségrégation dans un pays ayant vécu l'Apartheid. Le réalisateur ne s'était pas caché sur les origines du film et son ressenti sur les événements en Afrique. 

En 2013, le réalisateur est revenu avec Elysium dans lequel il présentait un monde partagé entre les riches et les pauvres. Les plus fortunés vivent dans la stratosphère et bénéficie d'une incroyable protection sociale alors que les plus pauvres vivent dans des conditions extrêmement précaires. A l'instar de District 9, Neill Blomkamp mise, dans un premier temps, sur ses amis Sharlto Copley (apparu, entre temps, dans le rôle de Looping dans l'adaptation de la série culte L'agence tous risques) ainsi que Brandon Auret et s'américanise en composant avec Jodie Foster, Matt Damon, Alice Braga, William Fichtner ou Jose Pablo Cantillo. Le film génère près de 100 millions de dollars au box-office mondial et le sud-africain rentre dans le cercle très fermé des réalisateurs, talentueux, de science-fiction au gros potentiel. 

En 2015, le réalisateur fait un combo avec un nouvel film relativement saisissant et la concrétisation d'un projet qui lui tient à cœur (et nous aussi). Il propose, en ce début d'année, son nouveau film : Chappie. Il y dévoile son pays, l'Afrique du Sud, en proie à des pillages, des combats, de la violence, de la pauvreté, des bidons-villes et quelques quartiers huppés, dans lequel la police humaine est associée à une police robotisée. Il aborde les créations d'un ingénieur (joué par Dev Patel) et y dévoile un concurrent, ancien des forces spéciales, voulant un robot plus violent et plus impressionnant (Hugh Jackman). A son casting, il ajoute Sigourney Weaver (qu'il prépare pour son prochain film ?) et ses habitués Sharlto Copley, Brandon Auret et Jose Pablo Cantillo. Il associe aussi des stars locales avec le duo Yo-Landi Visser et Watkin Tudor Jones (Ninja), chanteurs sud-africains issue du groupe Die Antwoord (Hip Hop). 

Dev Patel campe un ingénieur de talent qui, pour suppléer, la police face aux innombrables violences, invente des robots policiers dont le but est de protéger et servir. Avec sa soif de grandir, il cherche à mettre en place une nouvelle gamme de robots ayant une conscience... Une idée, pas nouvelle dans l'univers du cinéma, puisque Johnny 5 de Short Circuit ou Sonny d'I Robot en ont, par exemple, eut une. Chappie, robot destiné au rebut, naît et apprend en fonction de son environnement, tel un enfant. En fonction de l'éducation qu'il lui est donné, il apprendra les bonnes manières ou non. Il incarne un robot sympathique, naïf et touchant. Chappie est doublé, en motion capture par Sharlto Coopley, ami d'enfance du réalisateur. Quant à Hugh Jackman, il campe son premier rôle de méchant, avide de pouvoir et ancien militaire. Tel un dictateur, il veut imposer sa vision de la robotique moderne en fabriquant un mélange en le T850 de Terminator avec l’ED209 de Robocop dont il aurait le contrôle via la pensée. Les deux acteurs principaux régalent par leur jeu et le combat qui s'annonce. Le rôle de Sigourney Weaver est anecdotique, elle est surtout là pour amorcer tranquillement son retour dans la saga Alien dont Neill Blomkamp vient d'être officialiser en tant que réalisateur. Ses premiers sketches laissent rêveur les fans de la saga... Personnellement, j’avais échangé des mots avec José Pablo Cantillo (apparu dans la série culte The Walking Dead), lors de ma rencontre avec lui en Angleterre, celui-ci avait laissé sous-entendre que Chappie allait moderniser l’approche des robots dans le cinéma et que Neill Blomkamp était en train de préparer une surprise pour les fans de la SF sans pouvoir donner plus de détail… 

Malgré quelques longueurs, le film est particulièrement prenant. Le score est signé Hans Zimmer et il apporte un mélange entre la culture Sud-Africaine, avec les titres du groupe Die Antwoord dont Ninja et Yo-Landi sont issus et les thèmes plus intrusifs du compositeur. Neill Blomkamp dévoile un film fort sur la robotique moderne et son utilité dans les groupes d'interventions. La présence de la conscience, pour un robot, est un rappel aux films cités ci-dessus et on comprend, rapidement, que le réalisateur de 35 ans est un passionné du genre. Son personnage Chappie est attachant à l'instar de Johnny 5 ou Sonny et son phrasé offre quelques répliques bien senties. Sans tirer mon chapeau à Chappie (fallait bien que je la sorte), je dois clairement préciser mon affection pour celui-ci et je regarde, déjà, les produits dérivés de la firme américaine Gentle Giant, dont la statue attire mon regard ! Neill Blomkamp réalise un bon film de SF dans lequel le casting est adéquat et dont les effets spéciaux sont convaincants. Fort d'une production à 115 millions de dollars, Chappie est l'un des bons films de cette année 2015. 

Vu au Pathé Conflans, le samedi 07 mars, en VF (Salle 10)

Note de Marty:

Critique de Mulder

Dans un univers guère éloigné de celui créé par les scénaristes Michael Miner et Edward Neumeier d’après l’œuvre de Frank Miller dans le majestueux Robocop de Paul Verhoeven (1987), Chappie s’affirme comme étant un film distrayant et intéressant. Certes du réalisateur surdoué Neil Blomkamp découvert en 2009 lors du festival du cinéma américain de Deauville avec District 9 on aurait pu s’attendre à un autre grand film de science-fiction. Malgré tout, cette histoire d’un droïde policier kidnappé, reprogrammé et possédant une réelle intelligence artificielle autonome est attachante et aurait pu donner naissance à un grand film de science-fiction. Le film s’inscrit dans une thématique souvent présente au cinéma en prises de vue réelles (L'Homme bicentenaire (1999), , A.I. Intelligence Artificielle (2001), I, Robot (2003) qu’en films d’animation (Ghost in the Shell (1995), Le Géant de fer (1999), Metropolis (2001)..)..

En seulement trois films, Neill Blomkamp a pu imposer son empreinte dans le domaine du film de science-fiction. Après Elysium (2013), on attendait donc avec une certaine impatience Chappie. Malheureusement le résultat final pourtant séduisant n’apporte rien de nouveau et le réalisateur nous livre plus une version familiale de Robocop qu’un film original et parfaitement maîtrisé. On retrouve ainsi comme dans ces précédents films, le comédien Sharlto Copley (voix de Chappie) mais aussi les comédiens Hugh Jackman, Sigourney Weaver et Dev Patel (Indian Palace (2011), Indian Palace - Suite royale (2015)) dans des rôles secondaires. Le réalisateur nous propose de nouveau une approche socio-politique de notre société et dénonce donc nos dysfonctionnements et toutes formes de corruption. Malheureusement le manque de rythme par moment et la volonté d’adoucir les scènes violentes du film desservent les propos du réalisateur. En voulant trop suivre le modèle du film de Paul Verhoeven et en emprunter de nombreuses caractéristiques comme l’insertion de vidéoclips dans le film, le personnage campé par Hugh Jackman qui renvoie à celui de Dick Jones dans Robocop est surtout un robot ennemi ressemblant trop à ED-209 le film perd en consistance et en maturité.

Pourtant, Chappie témoigne une nouvelle fois que Neill Blomkamp a un vrai talent de conteur et sait parfaitement mettre en avant les scènes d’action. Celles-ci nettement plus présentes que dans ces films précédents permettent au film de gagner en efficacité ce qu’il perd en originalité. Les nombreux effets spéciaux sont parfaitement assimilés. Ce film gagne notre sympathie à défaut de nous convaincre totalement. Le personnage de Chappie s’apparente enfin à un Pinocchio moderne en constante quête d’apprentissage. Parfaitement utilisé et personnifié il fait de ce film une œuvre divertissante à défaut d’être complètement réussi.

Vu le 6 mars 2015 au Gaumont Disney Village, Salle 11, en Imax et VF

Note de Mulder: