Cake

Cake
Titre original:Cake
Réalisateur:Daniel Barnz
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:08 avril 2015
Note:

Claire Bennett va mal. Il n'y a qu'à voir ses cicatrices et ses grimaces de douleur dès qu'elle fait un geste pour comprendre qu'elle souffre physiquement. Elle ne parvient guère mieux à dissimuler son mal-être affectif. Cassante et parfois même insultante, Claire cède à l'agressivité et à la colère avec tous ceux qui l'approchent. Son mari et ses amis ont pris leurs distances avec elle, et même son groupe de soutien l'a rejetée. Profondément seule, Claire ne peut plus compter que sur la présence de sa femme de ménage Silvana qui supporte difficilement de voir sa patronne accro à l'alcool et aux tranquillisants. 

Critique de Balrog

À l'exception de "Beastly" (pâle adaptation de la belle et la bête) sorti sur nos écrans en 2011, les films du réalisateur américain Daniel Barnz puisent dans un genre globalement plus dramatique. Les deux longs métrages "Phoebe in wonderland" réalisé en 2008 et "Learning to fly" réalisé en 2012 (non sortis en France) soulignent un goût prononcé pour un cinéma intimiste. Le réalisateur signe avec Cake un nouveau récit dramatique.

Jennifer Aniston est totalement renversante. Elle incarne avec précision et justesse toute la dramaturgie du personnage. L'actrice est comme habitée par le personnage de Claire Bennett et le mimétisme de cette femme en souffrance est incroyable. Son jeu d'actrice crève l'écran par toute l'énergie et la sensibilité à fleur de peau qu'elle apporte à son personnage. L'actrice américaine est bien loin des habituels tableaux drôles, sentimentaux et fantasques qui ont nourris sa carrière cinématographique et qui ont, d'une certaine manière, façonner son image. Mais Jennifer Aniston laisse de côté la comédie pour nous offrir un rôle à contre-emploi et porte le personnage de Claire Bennett au firmament. Jennifer Aniston parvient à incarner parfaitement la souffrance par une gestuelle maîtrisée du corps. Jennifer Aniston joue sans demi-mesure un personnage aigri, distant et antipathique avec tout le monde.

Tous les autres personnages du film trouvent leurs places autour de Claire Bennett. Un ex-mari limogé de la demeure familiale, une gouvernante serviable et dévouée mais un peu trop parfois, une dirigeante d'un groupe de soutien azimutée et psycho rigide, un père déboussolé par la disparition de sa femme ce qui ne manque pas d'intéresser Claire Bennett. En effet, elle est "étrangement" fascinée par la mort d'une femme au point que cette dernière se matérialise sous une forme hallucinatoire dans l'esprit de Claire. Mais pour en apprendre davantage, elle doit approcher le mari de la défunte avec qui un amour naissant ne tarde pas à voir le jour.

Passé la barrière de l'interprétation où chacun incarne individuellement son personnage avec habilité, l'histoire manque sérieusement de conviction et peine à nous tenir en éveil. Le film ouvre quelques brèches et tente d'assembler des évènements dont la consistance restreinte fait naître l'égarement. On attend une audacieuse tournure scénaristique. Le film ne manque pas d'éléments pour tenter de surprendre mais rien de cela n'arrive. Plus les minutes passent, plus le sentiment que le scénario échoue se fait ressentir. Le scénario de Cake ne surprend pas et égare le spectateur pour ne rien construire en fin de parcours.

L'interprétation est assurée par des acteurs de talents mais la réalisation du film ne profite pas d'un traitement aussi favorable. Son rythme poussif et son absence de parti pris entraînent une forme de lassitude pour un récit dramatique qui manque à gagner. Le potentiel affirmée au départ, accompagné d'un léger humour second degré, s'estompe très rapidement pour laisser place à un récit bien pensant chargé de bons sentiments.

Vu le 30 mars 2015 à la salle Warner en VO

Note de Balrog: