Bataille de la Montagne du Tigre (La)

Bataille de la Montagne du Tigre (La)
Titre original:Bataille de la Montagne du Tigre (La)
Réalisateur:Tsui Hark
Sortie:Cinéma
Durée:140 minutes
Date:17 juin 2015
Note:

En 1946, après la capitulation japonaise, la guerre civile fait rage en Chine. Des bandits sans foi ni loi en profitent pour occuper le nord-est du pays. Hawk est le plus puissant et le plus redouté de ces barbares. Avec ses hommes, il vit dans une forteresse imprenable, lourdement armée, au sommet de la Montagne du Tigre. L’Unité 203 de l’Armée de Libération traverse cette région lorsqu’elle tombe sur des hommes de Hawk en train de piller un village. Le Capitaine 203 décide alors de rester et de combattre le chef de ses criminels. Mais, cela n’est possible que si l’officier de reconnaissance Yang réussi à s’infiltrer d’abord dans le camp retranché de Hawk. Une bataille impitoyable, faite de force et de ruse, commence…

Critique de Mulder

Tsui Hark fait partie des réalisateurs asiatiques actuels les plus importants (John Woo, Park Chan-wook, Johnnie To, Takeshi Kitano, Wong Kar-Wa, Takashi Miikei, Bong Joon-ho.). Par ses nombreux films, il a réussi à imposer son style représentatif par des scènes d’action parfaitement chorégraphiées, un humour assez présent et des personnages forts. De son premier film Butterfly murders (1979) à celui-ci, il semble suivre le même courant que le réalisateur John Woo préférant un cinéma d’action efficace à des œuvres plus intimistes. Ce n’est donc pas un hasard si celui-ci réalise Le syndicat du crime 3 (1989) et s’oriente vers un cinéma nettement plus commercial avec la saga Il était une fois en Chine (1991-1994) et qu’il participe aux sagas Black Mask (Black Mask 2: City of Masks (2002)) voire deux film avec Jean-Claude Van Damme, (Double team (1997), Piège à Hong Kong (1998)).

Son nouveau film La bataille de la montage du tigre est l'adaptation du roman Tracks in the Snowy Forest de Qu Bo publié en 1957. L’ action se passe après la capitulation japonaise (1946) et s’attache à présenter la guerre civile chinoise. Dans ce contexte historique, de nombreux gangs de hors la loi font régner la terreur et imposent leurs lois. Le plus redouté Hawk a pris possession d’une forteresse au sommet de la montagne du Tigre. L’Unité 203 de l’Armée de Libération décide alors d’affronter Hawk par tous les moyens. Un combat s’engage alors sans pitié et annonciateur d’un véritable bain de sang.

Tsui Hark a découvert le roman de Qu Bo via son adaptation en opéra. Inspiré par cette lutte entre deux camps distincts, l’armée chinoise et des barbares, il a ainsi trouvé matière à réaliser un film populaire dans lequel le public chinois s’y reconnaîtra. Ce n’est donc pas un hasard que le film commence de nos jours pendant la période des fêtes de fin d’année pour ensuite se passer en 1946. Cependant ce qu’un réalisateur comme Steven Spielberg aurait réussi à créer avec un souffle épique n’obtient pas ici le résultat recherché. La multitude de personnages principaux sans chercher à donner une plus grande importance à un personnage central se révèle être un mauvais choix et le rythme du film peine réellement à trouver la bonne tonalité. Certes le réalisateur cherche réellement à faire en sorte que le public puisse réellement créer un lien émotionnel avec les personnages mais il semble orienter son film vers un public local et non international. Le message patriotique qui en ressort n’est pas si éloigné de ceux de certains films américains des années 80. Nous sommes donc loin ici malgré certaines scènes spectaculaires des réussites de ce grand réalisateur asiatique.

En cherchant constamment à signer un grand film de guerre à l’ancienne, il est impossible de ne pas penser à des films comme Quand les aigles attaquent (1968, Brian G. Hutton), Les douze salopards (1967, Robert Aldrich), le réalisateur semble avoir voulu faire un film sans chercher à renouveler un genre. Certes l’effet de ralenti présent dans certaines scènes est souvent utilisé mais il n’apporte rien à l’histoire et s’apparente à un effet de style pas assez mis en valeur. Le film pourtant nous convainc par le jeu des comédiens parfaitement dirigés et par des combats efficaces et réalistes. La durée plutôt longue du film (plus de deux heures) permet au réalisateur de se reposer sur un scénario propice à de multiples rebondissements.

Le cinéma asiatique actuel continue à nous surprendre, à nous convaincre par sa qualité et sa volonté de garder en mémoire l’histoire d’un pays opprimé pour ne pas oublier le courage des résistants et d’un peuple près à se battre. Le réalisateur a donc voulu lui rendre hommage. Même si son film n’est pas parfait ,il aurait mérité de reposer sur un scénario plus consistant et un rythme plus trépidant mais il mérite d’être découvert.

Vu le 22 avril 2015 au Club de l’Etoile , en VO

Note de Mulder: