Goodnight Mommy

Goodnight Mommy
Titre original:Goodnight Mommy
Réalisateur:Veronika Franz, Severin Fiala
Sortie:Cinéma
Durée:99 minutes
Date:13 mai 2015
Note:

En plein été, dans une maison de campagne perdue au milieu des champs de maïs et des bois, des jumeaux de dix ans attendent le retour de leur mère. Lorsqu’elle revient à la maison, le visage entièrement bandé suite à une opération de chirurgie esthétique, les enfants mettent en doute son identité…

Critique de Mulder

 Auréolé de différentes récompenses obtenues dans différents festivals dont celles du prix du jury Syfy et prix du jury jeunes lors du dernier Festival international du film fantastique de Gérardmer, le premier film des co-scénaristes et co-réalisateurs Veronika Franz et Severin Fiala est aussi envoûtant que perturbant. Ce film fantastique autrichien dans la mouvance d’un cinéma intimiste nous rappelle par certains aspects celui de Michael Haneke. Les deux réalisateurs préfèrent ainsi une véritable ambiance onirique dans laquelle une mère sera séquestrée dans sa maison et devra affronter sa progéniture. Dans une nature hostile, une maison isolée sera la proie à un affrontement aux limites du fantastique entre une mère sortie défigurée d’un accident et ses enfants.

La première scène du film qui semble issue d’un vieux film autrichien présente une famille nombreuse heureuse et ce sera le seul moment rempli de bonheur. L’effroi qui suit s’avère être un thriller à huis clos entre cette mère et ses deux enfants, des jumeaux de dix ans. Les deux réalisateurs souhaitent revenir à un cinéma authentique exempt de toute fioriture. En opposant constamment deux éléments (la maison / la nature à l’extérieur, le passé (photos) / le présent, la mère / ses enfants), le climat du film est amplement renforcé et englobe le spectateur dans une atmosphère putride et une tristesse sans limite. Par de nombreux effets sonores, une photographie soignée et une utilisation d’une pellicule 35mm, les deux réalisateurs ont réussi à prouver que le cinéma fantastique et intimiste peut parfaitement fonctionner et ne pas reposer sur des trucages numériques nombreux. En cela Goodnight mommy mérite amplement les nombreuses récompenses obtenues.

Longtemps, le doute persistera sur la nature des personnages et sur les apparences trompeuses. De nombreuses scènes semblent montrer que quelque chose semble être marquée par l’inexplicable. La relation entre ses deux enfants, des jumeaux renforce cette vision très sombre de la famille. Deux camps s’opposeront ainsi celui de cette mère qui subira les pires tortures dans la dernière partie du film et ces deux enfants habités par des cauchemars répétitifs. De ce fait, rapprocher ce film à un simple home invasion (Hard candy (2006), Funny Games U.S. (2008), You’re next (2012),..) serait trop simpliste. L’intention du scénario serait plutôt de donner un véritable visage à l’horreur. Le cinéma indépendant fantastique accorde une large place à la créativité et permet à de jeunes réalisateurs de laisser libre court à leur imagination. Goodnight mommy se révèle totalement inattendu et il est impossible de connaître la fin de cette histoire tellement le scénario semble vouloir brouiller constamment les pistes et interroger le spectateur sur ce qu’il voit ou devine.

Alors que des réalisateurs comme John Carpenter, Wes Craven, David Cronenberg ont donné une certaine aura à un genre qualifié de minimaliste, de nouveaux réalisateurs émergent actuellement respectueux de ces aînés, David Robert Mitchell, Veronika Franz, Severin Fiala notamment contribuent à garder cette même volonté de perpétrer cette qualité.

Vu le 25 avril 2015 en DVD

Note de Mulder: