Good Kill

Good Kill
Titre original:Good Kill
Réalisateur:Andrew Niccol
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:22 avril 2015
Note:

Le Commandant Tommy Egan, pilote de chasse reconverti en pilote de drone, combat douze heures par jour les Talibans derrière sa télécommande, depuis sa base, à Las Vegas. De retour chez lui, il passe l’autre moitié de la journée à se quereller avec sa femme, Molly et ses enfants. Tommy remet cependant sa mission en question. Ne serait-il pas en train de générer davantage de terroristes qu’il n’en extermine ? L’histoire d’un soldat, une épopée lourde de conséquences.

Critique de Marty

Depuis les terribles attentats du 11 septembre 2001, l'armée américaine, associée à une coalition, est partie en guerre contre Oussama Ben Laden, Al-Qaïda et le terrorisme en général. Les foyers de combats sont nombreux et les militaires sont engagés, en autre, en Irak ou en Afghanistan. Les assauts ont lieu sur le terrain, par la mer, par les airs par des troupes de combats et certaines missions spéciales sont diligentées par le Président ou les services secrets (CIA) avec l'aide des unités des forces spéciales (les SEAL ou les GROM par exemple). Depuis quelques années, la guerre s'est aussi intensifiée avec l'apparition des drones de combats. Auparavant, l'utilisation des drones n'était dédiée qu'aux ravitaillements et aux missions d'informations ou de repérages. Les années ont passées, la guerre a évolué et la lutte contre le terrorisme s'est voulue plus acharnée. Les premières missions avaient pour but de frapper des cibles distinctes et reconnues comme dangereuses puis les frappes se sont intensifiées en devenant plus vagues et spéculatives.

Andrew Niccol, réalisateur de génie, à qui nous devons Bienvenue à Gattaca et Lord of War, par exemple, et le scénario de The Truman Show, a toujours su faire des films aussi chocs que provocateurs. On se rappelle, entre autre, de Truman Show où métaphoriquement, il s'amusait à dévoiler l'art de l'homme à se faire passer pour Dieu et on se souvient aussi de son film Lord of War où Nicolas Cage joue l'un des vendeurs d'armes les plus prolifiques des États-Unis. Un film qui a coûté cher à Niccol puisque celui-ci a été refusé par les studios américains et a été produit par des européens... Il faut dire qu'il appuie là où ça fait mal et présente, entre autre, les américains, grands gendarmes du monde depuis la création de l'OTAN, comme l'un des grands marchands de guerre. Le lobbying des armes est colossal aux États-Unis et les soldats américains représentent des héros et une fierté pour la population locale. Les magazines et autres talk show se font un plaisir de dévoiler les exploits (et échecs) des unités engagés sur le terrain de la lutte contre le terrorisme.

En cette année 2015, le réalisateur s'aventure donc sur la présentation d'un nouveau phénomène ; disons nouveau, mais surexploité depuis quelques mois par les séries télévisées ou les films (la saison 9 de 24H Chronos par exemple) ; les drones d'attaques tels que les Raptors ou les Predators. Des armes de combats terrifiantes nécessitant un contrôle humain pouvant être situé à l'autre bout de la planète. De là à parler de guerre du futur, on n'est pas loin... Car le drone ne nécessite pas de présence militaire sur place et permet donc d'éviter de terribles pertes. Ici, Niccol dévoile une unité composée d’Ethan Hawke, Jake Abel, Zoë Kravitz et Dylan Kenin, sous le commandement de Bruce Greenwood. Un casting éclectique dans lequel Ethan Hawke réapparaît en grande forme. Il y joue un ancien pilote de F16, interdit de vol, devenu pilote de drones de combats. Les premières minutes dévoilent la précision des assauts et on comprend l'intérêt de telles armes de destructions. Outre la surveillance, elles permettent de frapper juste en limitant les effets destructeurs sur les populations locales. Dans un second temps, le film nous présente le nouvel aspect de la guerre, dit psychologique. La CIA prend les commandes et ordonne de frapper des cibles, non pas prioritaires, mais susceptibles d'être dangereuses... La frappe préventive apporte le doute à certains soldats humanistes et apportent le réconfort aux patriotismes des autres...

Comme dans nombreux films du genre, dont Home of the Brave par exemple, on y découvre aussi les difficultés du quotidien pour ces hommes et ces femmes habitués au combat et devant vivre leur vie de famille. A l'instar de nombreux films comme Return de Liza Johnson avec Michael Shannon et Linda Cardellini (présenté à Deauville en 2011), le film fait état du combat des combattants revenus du front devant reprendre leurs vies sans penser à ce qu'ils ont vécu auparavant. Andrew Niccol présente les conflits homme/femme en jouant sur le couple January Jones/Ethan Hawke. Le militaire sombre dans l'alcool pendant que sa femme tente de sauver ce qu'il reste de son mariage. Un sujet connu des spectateurs et reconnu des chefs des armées conscients que la guerre est mal et le suivi psychologique est nécessaire... Les séquelles de la guerre du Vietman sont toujours dans les mémoires et le suivi psychologique des soldats est un travail aussi nécessaire que compliqué.

A l'instar du film Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, présentant ce membre de la CIA ayant permis l'élimination du terroriste numéro un, dans la mission "Géronimo" par une des unités du SEAL ; dont nous vous conseillons la vue et la lecture du livre "Au cœur du commando qui a tué Ben Laden" de Mark Owen (présentant de façon bien moins romancé la vue d'un des membres de SEAL - Team Six - présent pendant l'assaut final au Pakistan le 02 mai 2011) ou le film American Sniper de Clint Eastwood, présentant l'autobiographie du plus redoutable sniper de l'histoire militaire américaine (255 ennemis tués au combat), Chris Kyle, pour lequel nous vous conseillons, aussi, de lire le livre écrit par Kyle, avant son décès sur le sol américain par un vétéran perdu dans l'alcool, dans lequel vous découvrirez de façon moins romancé la vie du combattant et les frappes de drones..., Andrew Niccol dévoile un sujet fort dont il se délecte à présenter deux des aspects de la vie des militaire. D'une part, le soldat, fier de son engagement, qui accomplie les missions et les ordres sans se soucier du sort des victimes collatérales et d'autre part, le soldat, fier de son engagement, accomplissant ses missions ordonnées, soulevant des interrogations morales... L'homme joue encore à Dieu et se permet de frapper des cibles potentiellement dangereuses ou suspectées l'être, sous prétexte d'une barbe, d'une ethnie ou d'une djellaba...

Andrew Niccol réalise un film fort, assurément, noble, présentant la violence de la guerre, une violence aussi physique que morale pour les hommes et femmes engagées, qu'ils soient sur place ou à distance. Il insiste encore sur le rôle "divin" du militaire et/ou de la CIA, dont les missions doivent être accomplies, même si elles coûtent la vie à des innocents... On reste dans le même esprit que Lord of War, dont les dernières images faisaient office d'électrochoc... Ici, Ethan Hawke quitte son rôle de militaire pour devenir ce justicier, aussi impuissant que puissant. Good Kill est un film choc sur la guerre et compte-tenu des événements actuels sur la Planète, ne devrait pas être le dernier à traiter d'un sujet qui passionne et terrifie l'Humanité.

Vu au Pathé Conflans, le 26 avril, en version française, en salle 2.

Note de Marty: