Hyena

"Le futur du thriller a un nom : Hyena." - Nicolas Winding Refn

Le cinéma britannique est une terre fertile pour l’émergence de nouveaux talents. de scénaristes et réalisateurs ayant une véritable vision. Après l’excellent Kill List (Ben Wheatley, 2012), Hyena nous permet de découvrir un réalisateur très prometteur, Gerard Johnson. Son premier film, Tony (2009) était passé inaperçu et avait connu une sortie dans un cadre réduit. Celui-ci auréolé de prix obtenus dans plusieurs festivals mérite amplement d’être découvert et apprécié comme un thriller violent et réussi aussi bien par sa forme que par son scénario ciselé avec un soin redoutable. Après avoir obtenu le prix du jury en 2014 lors du Festival de Cinéma Européen des Arcs et celui du meilleur film du Festival Fantastique de Sitges (Prix Orbite), le film sera enfin visible dans nos salles le 06 mai.

Le scénariste et réalisateur réussit le pari de créer un officier de police autant corrompu qu’attachant, tentant de survivre confortablement dans l’Ouest de Londres. L’action nous entraîne donc dans une ville dans laquelle la violence est omniprésente. Une brigade est donc présente pour baisser les excès de violence. L’officier de police Michael Logan (Peter Ferdinando parfait dans son rôle) a tout de l’inspecteur corrompu tentant de garder sa place entre des policiers enquêtant sur lui et des gangsters albanais ultra-violents vivant de la prostitution et du blanchiment d’argent. Tout comme ce personnage à la lisière d’un comportement autodestructeur et en lutte permanent contre sa direction, le film oscille entre une vision très documentaire de l’action et un thriller cher aux années 70. La caméra du réalisateur semble ainsi suivre Michael Logan. Elle lui donne une réelle épaisseur et montre que malgré sa corruption, cet officier garde une certaine volonté de faire régner la loi.

Loin des thrillers trop consensuels cherchant à froisser son audience et lui fournir des visions assez aseptisées de la réalité, Hyena montre une police désarçonnée prise entre des agents drogués ou alcooliques et évitant d’affronter les zones trop risquées. Le réalisateur s’est ainsi documenté sur la police actuelle et la création de son personnage principal découle d’une rencontre en 2006 entre un policier anachronique et lui. Son approche quasi-médicale du trafic d’êtres humains (prostitutions) est traitée de manière directe sans adoucir les traits (scène de l’agression d’Ariana par exemple). Comme dans la trilogie Pusher de Nicolas Winding Refn, le réalisateur a également soigné la lumière de son film et sa manière de présenter son histoire.

La musique occupe également une part importante dans l’ambiance du film. Elle est signée par Matt Johnson (leader du groupe The The). Parfaitement en phase avec les différentes scènes du film, elle renforce la sensation de claustrophobie qui règne sur l’ensemble du film. Dans la mouvance de Bad Lieutenant d’Abel Ferrara (1993) et d’un cinéma suivant les mêmes codes du cinéma de genre actuel, le réalisateur trouve sa propre identité et sait parfaitement amplifié la violence de certaines scènes du film par l’utilisation d’une ambiance sonore adéquate.

Hyena s’impose comme un thriller sombre et violent parfaitement scénarisé et chorégraphié avec une certaine virtuosité et minutie des détails. Par son réalisme et sa fin audacieuse, le film s’impose tout simplement comme une des bonnes surprises de ce mois de mai.

Vu le 01 mai 2015 via lien vidéo crypté et en VO

Note de Mulder: