Nos femmes

Nos femmes
Titre original:Nos femmes
Réalisateur:Richard Berry
Sortie:Cinéma
Durée:95 minutes
Date:29 avril 2015
Note:

Max, Paul et Simon sont amis depuis 35 ans. Une amitié joyeuse, assidue et sans nuage. Si leur vie professionnelle est une réussite, le bilan de leur vie privée est plus mitigé. Un soir, nos trois amis ont rendez-vous chez Max pour une partie de cartes. Simon apparaît anéanti, et raconte qu’il s’est disputé avec Estelle son épouse et que dans un accès de colère, il l’a étranglée. Max et Paul sont saisis d’effroi. Surtout quand Simon les supplie de lui fournir un alibi afin qu’il puisse échapper à la prison. Max et Paul hésitent. Mentir à la justice ou dénoncer leur meilleur ami ?

Critique de Mulder

Le cinéma et le théâtre ont toujours été intrinsèquement reliés. Les deux permettent de mettre en exergue le caractère humain à travers ses nombreuses fêlures et ses qualités. Le théâtre reste le meilleur endroit pour montrer la qualité de jeu des comédiens. Le succès de certaines pièces anciennes ou récentes a ainsi permis à donner naissance à des films solides et réussis. Que cela soit des pièces du dramaturge William Shakespeare ou des comédies de boulevard, le nombre de pièces adapté sur grand écran est conséquent. Le film Nos femmes se positionne clairement dans la continuité de la pièce de théâtre écrite par Francis Veber et qu’il a lui-même adapté au cinéma sous un titre homonyme en 1996. Pourtant, le cinquième film de Richard Berry (L'Art (délicat) de la séduction (2000), Moi César, 10 ans ½, 1m39 (2003), La Boîte noire (2005) et L'Immortel (2010)) témoigne de la volonté de son réalisateur de partager et prolonger de manière intacte le plaisir pris à interpréter par celui-ci la pièce de théâtre créée par Eric Assous, Les comédiens Daniel Auteuil et Richard Berry reprennent donc le rôle qu’ils tenaient dans la pièce de théâtre homonyme tandis que le comédien Didier Flamand est remplacé par Thierry Lhermitte. A voir le film, on aurait tendance à se dire que son rôle de patron de deux salons de coiffure aurait été parfait pour Johnny Hallyday et on se demande même si l’idée n’a pas effleuré les deux scénaristes du film (Richard Berry et Eric Assous).

Après une présentation rapide des trois personnages principaux sur une plage, lieu de repos, l’histoire racontée dans ce film comme pour la pièce de théâtre se passe ensuite pratiquement dans un lieu unique (l’appartement de Max interprété par Richard Berry). Le piège d’une mise en scène statique comme celle d’une pièce de théâtre est évité par les nombreux et très courts intermèdes se déroulant en dehors de cet appartement. Que cela soit dans un des salons de coiffure de Simon (Thierry Lhermitte), dans sa maison , dans les cabinets de Max et Paul (Daniel Auteuil), une terrasse de café ou un commissariat, tout concourt à éviter à ce film le piège d‘un enfermement. Les deux scénaristes ont ainsi réussi à réinventer partiellement la pièce de théâtre et à en faire un vrai film. Le films Nos hommes permet également de retrouver dans des rôles réellement habités trois grands comédiens qui prennent un véritable plaisir à jouer et cela se ressent dans les nombreuses scènes et échanges entre leurs personnages. Les excellents dialogues trouvent donc ici de parfaits ambassadeurs.

Les thèmes de l’amitié, de la famille et des valeurs morales sont abordés avec un véritable sens du retrait et de l’analyse. Le film nous présente donc trois personnages ayant chacun leur blessure, leur peur de l’avenir et leur vision de dévorer le monde sans se laisser isoler. En cela le film est certes une comédie mais surtout une vision pertinante de notre société actuelle. Le sens du détail se ressent complètement dans la mise en avant de l’appartement de Max et montrer qu’un tel lieu reflète très souvent le caractère de son propriétaire. Une nouvelle fois le réalisateur Richard Berry s’est complètement investi aussi bien devant que derrière la caméra. Après avoir été un comédien aussi à l’aise dans une comédie, un drame ou un film d’action, ses films témoignent de sa volonté de continuer à explorer d’autres facettes du monde du cinéma contemporain. Certes certains de ses précédents films n’étaient pas aussi réussis que celui-ci car peut –être un peu trop éloigné de sa personnalité.

Nos femmes est une comédie réussie et surtout permet également de découvrir une jeune comédienne Pauline Lefevre parfaite dans son rôle d’Estelle femme de Simon et personnage clé du film. Alors que la pièce de théâtre ne reposait que sur un trio de comédiens, le film change donc la donne en faisant apparaître un rôle féminin important et intéressant.


Vu le 27 avril 2015 au Gaumont Opéra Capucines, Salle 01

Note de Mulder:

Critique de Marty

Daniel Auteuil, Richard Berry et Thierry Lhermitte. Trois artistes qui en disent long sur leurs qualités, leurs filmographies et leurs talents respectifs. Les retrouver tous les trois ensemble dans un même film était un pari aussi osé que tentant, après un passage remarqué au théâtre, dans la pièce éponyme, sous la houlette d'Eric Assous et sous la mise en scène de Richard Berry. Produit par Thomas Langmann ; l'heureux producteur couronnée du succès mondial de The Artist ; la comédie met en relation trois amis de longues dates, mariés ou en concubinages, bobos, âgés d'une soixante d'années, habitués à se retrouver pour des soirées de poker, chaque semaine et pour discuter de leurs vies, aussi monotone soit-elles. Lors d'une de leurs soirées, l'un d'eux annonce qu'il a tué sa femme et demande le soutien de ses amis...

Adapté une pièce de théâtre, à succès, en film, avec la même distribution, est une chose que l'on voit, de plus en plus, en France, avec Le Dîner de cons de Francis Veber ou Le Prénom de Mathieu Delaporte, par exemple. Un gros travail d'adaptation qui oblige, souvent, à retravailler certaines scènes pour donner un aspect visuel à une idée théâtrale. Il est, en effet, nécessaire de s'appliquer à présenter les personnages, leurs cadres de vie, leurs travails, leurs familles, leurs vies, leurs amours, leurs déceptions (...) Beaucoup d'éléments, qui, au théâtre sont plus implicites que visuels.

Ici, sans avoir vu la pièce originelle, on accroche à l'histoire sur l'exploration de l'amitié. Que feriez-vous si un de vos Amis ; ceux avec le grand A, ceux sur lesquels vous pouvez réellement compter, ceux qui sont toujours là pour vous ; avait des problèmes ? Iriez-vous mentir pour le défendre ? Iriez-vous mentir pour le protéger ? Et sous quelle condition ? Iriez-vous jusqu'à dissimuler un homicide ou un meurtre ? Richard Berry demande aux spectateurs comme à ces comédiens d'explorer leurs propres amitiés. Dès que le drame est connu, les protagonistes se posent des questions aussi existentielles que compliquées. Ils émettent des doutes sur la sincérité de l'amitié en question, aussi fusionnelle soit-elle. Ils doutent de tout et finissent par se dire des vérités qu'ils gardaient pour eux depuis des décennies. Une comédie choc sur l'amitié et ses conséquences sur la vie quotidienne. Celle où on peut tout se dire, celle où on peut tout se pardonner, celle où on peut se protéger, celle où on peut s'entraider... Celle avec un grand A.

Certes, la comédie, les dialogues, les décors, la photographie,  la musique et le talent des acteurs est au rendez-vous. Les acteurs se livrent dans un jeu aussi diabolique que drôle tout en explorant leurs propres métiers, le jeu d'acteur. Thierry Lhermitte nous présente une facette d'un bobo, un "un m'a tu vu" avec sa top model de femme, jouée par Pauline Lefèvre, aussi volcanique que vipère. Il est présente un homme friqué qui ne veut pas vieillir et qui aime s'encanailler. Richard Berry, metteur en scène, réalisateur et acteur principal, porte la multiple casquette et dévoile un personnage  mort dans son âme, triste, esseulé, amorphe et vivant d'un appartement aussi classe que prestigieux. Son rôle est le personnage central du film, l'histoire tourne autour de lui, de son environnement, de ses détresses et de ses envies. Il s'offre d'ailleurs une scène assez atypique en proposant un cours de danse rythmé sous l'un des titres de l'album Suprême NTM (Ma Benz avec Lord Kossity) et fait rire son assemblée. Quant à Daniel Auteuil, on se présente plus des prestations élogieuses et on se rappelle qu'il a souvent tendance à sur jouer certaines des scènes dans ses films. Une fois n'est pas coutume, il sur joue... Ses crises de colères, d'angoisses ou de joies sont sur jouées et rappellent ce qu'on peut entendre au théâtre... Car rappelons qu'au théâtre, on entend les expressions sans forcément les voir... Ici, il en abuse et présente un personnage sympathique et exaspérant à la fois.

Richard Berry réussit son pari en offrant un divertissement agréable et drôle. Sans être le film de l'année ni du mois, il permet de sourire en cette période morose et vous fait réfléchir à l'amitié que vous portez aux autres... Même si la fin de l'histoire est relativement prévisible, on apprécie l'humour déployé ici et on s'accorde à penser, que ce n'est pas si mal...

Vu au Pathé Conflans, le 05 mai 2015, en salle 6.

Note de Marty: