Mad Max Fury Road

Mad Max Fury Road
Titre original:Mad Max Fury Road
Réalisateur:George Miller
Sortie:Cinéma
Durée:120 minutes
Date:14 mai 2015
Note:

Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d'un véhicule militaire piloté par l'Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s'est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement…

Critique de Mulder

Il aura donc fallu attendre trente ans pour retrouver sur nos grands écrans le personnage culte Max Rockatansky. La saga Mad Max lancée en 1979 par le réalisateur et co-scénariste George Miller nous présentait un ancien policier de la route qui suite à l’assassinat de sa femme et de son bébé devint une véritable machine à tuer, un justicier des routes (Road Warrior) . Fort du succès mondial du premier film deux suites virent le jour Mad Max 2 : Le Défi (1981) et Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre. Les deux suites étaient également réalisées (co-réalisation pour le 3ème) et co-scénarisées par George Miller. Cette première trilogie allait non seulement avoir un impact sur le monde du cinéma actuel mais également lancer la carrière d'un jeune comédien australien Mel Gibson. La violence très graphique des deux premiers films permirent au réalisateur de laisser libre court à une réelle analyse de notre société actuelle. La pénurie d'essence était au centre de cette première trilogie ainsi que l'omniprésence de gangs violents et prêts à tout pour imposer leur emprise.

Mad Max Fury Road reprend donc l'essence du second volet et le personnage principal. Le film s'apparente à un reboot total de la première trilogie. Le comédien Mel Gibson laisse sa place à Tom Hardy (Warrior (2011), The Dark knight Rises (2012). ). Les causes de la mort de la femme et de la fille de Max Rockatansky semblent également être différentes comme le montrent les différents flashes mémoriels de ce personnage. Le film s'apparente à un véritable opéra baroque. Chaque scène a été ainsi storyboardée afin de donner l’impression d’être de véritables peintures d’un enfer désertique. L’excellent travail du directeur de la photographie John Seale (La Cité des anges (1997), Prince of Persia : les sables du temps (2010)) permet de donner une ampleur visuelle réelle à ce désert infini.

Après une explication de l'émergence de ce monde apocalyptique né d'une troisième guerre mondiale, nous découvrons le personnage de Max poursuivi par des sbires du gang de Immortan Joe. Fait prisonnier, nous découvrons ainsi la base de ce tyran sanguinaire. Cette micro société renvoie directement à ces camps d’incarcération dans lesquels dominent uniquement la raison du plus fort. La première évasion ratée de Mad nous rappelle l’excellente course poursuite dans Indiana Jones et le temple maudit. Le réalisateur rend ainsi hommage à sa manière aux réalisateurs qui l’ont influencé et se permet quelques clins d’œil bienvenus à la première trilogie. La seconde partie se concentre quant à elle sur une course poursuite non-stop entre l'impératrice Furiosa épaulée par Max et les femmes prisonnières échappées (des mères porteuses) contre une multitude de véhicules de tout genre. Enfin la dernière partie se concentre au retour de Furiosa et de sa bande dans l'antre diabolique de Immortan Joe.

Ce n’est donc pas le scénario l’attrait principal du film mais l’expérience cinématographique intense procurée par la découverte de ce film en IMAX 3D. Trop linéaire, elle ne semble être qu'un simple prétexte à mettre en exergue une course poursuite représentant la presque totalité du film. De la même manière, le personnage de Max semble s'effacer et être relayé au second rang face au personnage de Furiosa. Ce personnage féminin enlevé, humilié et en quête de rédemption s'impose comme l'un des plus intéressants et spectaculaires vu dans un film récemment. Charlize Theron s'impose une nouvelle fois comme une comédienne talentueuse et capable de s'effacer totalement derrière son personnage. Elle continue également ainsi à camper des personnages marqués par leur passé (Monster (2003), L'Affaire Josey Aimes (2005), Dark Places (2015)) Certes Tom Hardy est également excellent dans son rôle mais son personnage ne bénéficie pas de la même aura. Ce curieux choix laisse sans doute présager une suite orientée vers le personnage de Furiosa tourné vers son passé ou sur son influence à venir dans ce monde dévasté. Le réalisateur après avoir créé le personnage de Mad semble prendre un vrai plaisir à créer une véritable guerrière amazone avec son bras mécanique et son look futuriste.

Longtemps restée dans nos mémoires, la course poursuite de Mad Max: le défi semble être maintenant que les prémices de celles homéiques de ce film. La première bande annonce présentée lors de la convention du San Diego Comic Con avait été ovationnée et créa une véritable attente. Le résultat final est tout simplement magistralement chorégraphié. On pense évidemment aux films d'aventure réalisés par Steven Spielberg mais aussi à ceux plus récents de science-fiction de James Cameron. Le cinéma a toujours été un terrain fertile pour mettre en scène des courses poursuites mais celle de Mad Max Fury Road s'impose dès sa découverte comme la plus réussie, comme une date dans l'histoire du cinéma. Un peu comme si toutes les frustrations du réalisateur avaient trouvé un véritable écho dans son film.

Afin de renforcer ce climat dans lequel la survie semble être la préoccupation d’une société déclinante, les scénaristes ont préféré laisser que peu de dialogues aux personnages. Ceux-ci sont donc délivrés avec parcimonie et cela renforce d’autant plus le choc visuel de certaines scènes du film. Le réalisateur a également préféré privilégier de véritables cascades plutôt qu’une foison d’effets spéciaux outranciers et laissant que peu de place à l’imagination. De ce fait, le film rend non seulement hommage aux films d’actions des décennies précédentes mais surtout est un vibrant hommage aux westerns. Comment ne pas voir dans le personnage de Mad, un lonesome cowboy préférant la solitude que la société, un dernier rempart à la folie humaine. En cela le choix de Tom Hardy qui a interprété Bane dans The Dark knight Rises tient du pur génie, personne d’autres ne pouvait tant représenter un être torturé et capable pourtant d’être là pour défendre une cause juste.

Le grand soin apporté à l’élaboration de ce film se ressent non seulement à une cinématographie lumineuse mais également aux costumes de ces personnages et aux véhicules originaux . Rarement cinéma, esprit comics, et jeux vidéos auront aussi bien fusionnés ensemble. Cette immersion totale mérite d’être découverte en Imax et 3D. Rarement un film a été aussi intense à vivre et à partager.

Alors que les trois premièrs films reposaient sur une lutte acharnée pour le contrôle de l'essence, celui-ci se tourne vers le contrôle des réserves d'eau. De la même manière, les scénaristes profitent de ce contexte apocalyptique pour livrer un portrait effrayant de la femme relayée au simple rang de mère pondeuse. La scène horrifique de la récolte du lait maternelle devrait en traumatiser un grand nombre. Sans aucune concession le réalisateur livre un film d’une violence infernale dans lequel persiste un message d’espoir. Mené de main de maître par un réalisateur ayant délaissé le film d’action pour s’attaquer à des films familiaux (Babe, le cochon dans la ville (1998), Happy Feet 1&2 (2005/2011)), Mad Max Fury Road témoigne de sa patience pour venir à bout de son projet pour le plaisir de tous les passionnés de cinéma. Un cauchemar devenu réalité dans laquelle la présence de L'impératrice Furiosa marquera à jamais notre mémoire…

Nous espérons ne pas attendre de nouveau trente ans pour suivre les nouvelles aventures de Max Rockatansky. La fin s’apparente ainsi à une transition de personnages importants. Happé par la foule, Max esquisse un dernier sourire avant de laisser place à Furiosa nous laissant simplement ivre de plaisir d’avoir découvert un film important et universel. Une ode non seulement au courage de la résistance mais surtout un message clair des dangers que certains présages naturels semblent dessiner.

Vu le 14 mai 2015 au Gaumont Disney Village, Salle IMAX, en 3D et VO

Note de Mulder:

Critique de Marty

Depuis plusieurs années, les remakes, reboot ou suites sont devenus légions chez les producteurs du cinéma américain. De nombreux projets sont annoncés chaque année, certains voient le jour, certains restent au stade de projet, certains sont annulés et rentrent dans la catégorie arlésienne... Mad Max : Fury Road fait parti ce cette dernière catégorie. En effet, depuis 1997, la rumeur faisait état dans un quatrième épisode des aventures de Mad Max et le projet a subi de nombreux revers commerciaux, de productions, de casting, des reports incessants... pour au final ne sortir qu'en ce mois de mai 2015... On se souvient, entre autre, des premières images du tournage et des véhicules présentés dès 2010... Rien que pour ça, le film est héroïque...

Qui dit quatrième épisode, dit qu'il y a eu une trilogie ancestrale et cultissime pour toute une génération... C'est en 1982 que le premier épisode (datant de 1979 aux USA) sort sur les écrans français sous la direction de George Miller et offre un rôle, qui deviendra culte, à un tout jeune acteur, Mel Gibson. Il y campe un flic dans un monde apocalyptique où le pétrole est devenu la plus grande richesse et où les gangs font la loi... Le film est succès mitigé ;  choquant pour certains, mythique pour d'autres ; mais donne naissance à un second épisode exceptionnel (le défi) sorti en 1982 sur nos écrans. Mel Gibson reprend son rôle de Max et les récompenses commencent à fleurir avec les Saturn Award, les AFI Award ou le Grand Prix du festival d'Avoriaz, tant ce deuxième épisode est fabuleux (par rapport au premier). Le troisième épisode sort en 1985 sur nos écrans et reste une déception pour les fans malgré la présence de Mel Gibson, Tina Turner (et sa fameuse bande originale) et Bruce Spence (le seul acteur à avoir participer aux plus grandes trilogies du cinéma, Mad Max, Star Wars et Lord Of The Ring). A noter que ce quatrième opus est un reboot de la saga originelle et qu'il y aura, au moins, deux autres épisodes, dont l'un dédié à Furiosa.

Il aura donc fallu attendre 30 ans pour voir le retour de Max et son passé terrifiant sur les écrans des salles obscures et c'est George Miller qui reprend son bébé, après avoir amusé la galerie avec Babe et Happy Feet. Et, avant sa sortie internationale, le film s'est offert le luxe (ou l'enfer) d'être projeter une avant-première lors du festival de Cannes... Les premières critiques des spectateurs, des fans, de la presse sont unanimes et dithyrambiques. Le film est, en effet, monumental, explosif, jouissif, grisant, démentiel et apocalyptique, grâce entre autre à un casting monstrueux et des personnages attachants, loufoques, cinglés, psychopathes et violents, sous une bande-originale déjantée, orchestrée par Junkie XL.

Ce casting repose sur deux protagonistes principaux, Max et Furiosa. Mel Gibson, est remplacé par le comédien britannique Tom Hardy qui y campe le rôle de l'anti-héros par excellence Max Rockatansky. Sa masse physique absorbée pour Bronson, Warrior ou The Dark Knight Rises en font un parfait surhomme capable de résister aux coups de ces loubards assoiffés de sang et du pétrole. Furiosa, quant à elle, est interpréter par la sublime sud-africaine, Charlize Theron. Une énième fois, elle n'hésite à se métamorphoser pour un rôle (ce qui lui a déjà valu un Oscar) et rompt son corps d'ex manequin pour le rôle l'impératrice. Outre ses deux stars, le casting est habillement constituer d'acteurs en devenir comme Nicholas Hoult (X-Men: Days of Future Past), Zoë Kravitz (Divergente), Rosie Huntington-Whiteley (Transformers) et Riley Keough (Les Runaways) ainsi que des acteurs plus charismatiques comme Hugh Keays-Byrne (il jouait Toecutter dans Mad Max en 1979) ou le terrifiant Nathan Jones (Catcheur apparu dans Troie ou Conan).

Comme on pouvait s'y attendre, même si les années ont passé,  Max (Rockatansky) reste un monstre de puissance, la promotion de cette genèse a été habillement construite avec la diffusion d'images et vidéos, au compte-gouttes ; laissant le spectateur dans l'expectative et le tenant en haleine avec suspense ;  un casting hors norme et un scénario d'enfer... Les décors y sont majestueux, la réalisation nocturne y est dantesque, la beauté désertique des paysages y est envahissante, la musique monstrueuse, les effets spéciaux n'utilisent pas (ou peu) le numérique et offrent donc des cacades et explosions aussi crédibles que transcendantes.

Le tout associé à la qualité de la réalisation de George Miller en fait, l'archétype du blockbuster mondial qui écrase (ra) tout sur son chemin. Mad Max : Fury Road est joussif, explosif et cultissime. Miller souhaitait réaliser un diptyque dont le deuxième épisode sera dédié à Furiosa... On l'attend impatiemment !! Seul reproche, la présence de la 3D qui n'apporte que ce sentiment de profondeur qu'on lui connaît (merci Avatar) et qui n'offre pas d'effet dévastateur comme le laissait présager l'ambiance d'un tel phénomène.

Vu au Pathé Conflans le samedi 17 mai 2015, en salle 7, en version française, en 3D.

Note de Marty: