A la poursuite de demain

« Demain peut-être une ère merveilleuse. Nos scientifiques sont aujourd'hui entrain d'ouvrir les portes de l'Ère de l'Espace à des réalisations qui profiteront à nos enfants et aux générations à venir. Les attractions de Tomorrowland ont été conçues pour vous donner l'occasion de participer à des aventures qui sont une représentation vivante de notre futur » "La différence entre un rêve et un projet, c'est une date" Walt Disney

Après Les Indestructibles (2004) et Ratatouille (2007) Brad Bird nous livre un conte fantastique aussi intelligent que passionnant. Intelligent, le film l’est à bien des égards non seulement par une manière d’aborder la science à travers le temps mais également de rendre un véritable hommage à Walt Disney et au parc Disneyland, véritable invitation au voyage et à la réflexion. Ce n’est donc pas un hasard si une des premières scènes importantes du film se passe dans les coulisses privées de l’attraction Small World. Ces deux générations de scientifiques passionnés incarnés par Frank Walker (George Clooney) et la jeune Casey Newton (Britt Robertson) vont donc unir leur force et surtout leur intelligence pour sauver le monde d’un grave danger. La force du scénario co-écrit par Brad Bird et Damon Lindelof (série Lost les disparus, World War Z (2013), Star Trek Into Darkness (2013)) est d’avoir réussi à capter toute la saveur des comédies fantastiques des années 70/80 et de l’avoir injectée dans une comédie fantastique moderne. En jouant clairement avec les principales thématiques de la science-fiction (l’intelligence artificielle, la robotique, les engins spatiaux), les scénaristes ont su faire de ce film une hymne aux grands scientifiques. Le clin d’œil appuyé à Gustave Eiffel en est une excellente illustration. Passionnant car le réalisateur retrouve l’âme des grands films d’aventure des années 80, on pense donc à des films comme les Goonies (Richard Donner, 1985), Wargames (John Badham, 1983) mais curieusement également aussi à Halloween 3 (ommy Lee Wallace, 1982). Ces androïdes qui poursuivent les deux personnages humains principaux, Frank Walker et Casey Newton nous renvoient donc à ce film d’horreur. Le nouveau film de Brad Bird est donc une réussite poétique et visuelle honorant la mémoire des grands inventeurs mais également un bel hommage à un certain cinéma.

À la poursuite de demain est également inspirée d’une des sections à thèmes des parcs Disneyland. Tomorrowland (titre original) est clairement une manière pour les deux scénaristes de rendre hommage à Walt Disney Cette notion a été également clairement revendiquée dans l’affiche promotionnelle de ce film. Pourtant, le film n’est pas qu’une simple manière aux studios Walt Disney Pictures de s’autogratuler ou d’orienter leur film comme Jurassic Parc comme un moyen de distiller des produits dérivés à l’effigie de ce parc d’attractions. C’est uniquement un leitmotiv de départ pour s’orienter vers un film d’aventure rempli d’humour et montrant les limites de la science et le déclin d’une société qui laisse de moins en moins de place à la recherche. Pourtant, de tout temps, la science a permis à l’homme de remodeler son univers. Tomorrowand nous rappelle avec une certaine dose d’ironie les risques d’un monde trop sophistiqué et dépourvu d’âme et honore au contraire ceux qui chaque jour se battent pour rendre l’impossible possible. C’est un véritable voyage initiatique que nous propose Brad Bird à travers le savoir et l’intelligence humaine.

Le réalisateur Brad Bird ne réalise ici que son deuxième film en live après l’excellent Mission : Impossible - Protocole fantôme (2011). Plutôt reconnu comme un réalisateur de films d’animation, il témoigne ici d’un véritable sens du rythme et d’une parfaite direction de comédiens. On retrouve au casting des comédiens confirmés (Hugh Laurie, Kathryn Hahn..) mais également de jeunes comédiens (Raffey Cassidy, Thomas Robinson, Shiloh Nelson). Ce casting hétéroclite renforce la volonté du réalisateur de proposer un grand film familial fidèle à la volonté des studios Walt Disney Pictures de divertir le public quel que soit son âge. A aucun moment, Brad Bird n’oublie les thèmes qui lui sont chers comme la famille, l’esprit d’équipe et l’équilibre de la nature.

Enfin, À la poursuite de demain est également un moyen pour le réalisateur de rendre un vibrant hommage au cinéma qui a bercé son enfance et qui a été une source d’inspiration. Ce monde dans lequel tout est possible est une invitation perpétuelle à la réflexion lorsque celui-ci est fait avec subtilité et intelligence. Brad Bird nous montre une nouvelle fois qu’il a parfaitement assimilé cet art et sa dernière réalisation est une réussite de plus à porter à sa filmographie parfaite.

Vu le 06 mai 2015 au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO

Note de Mulder:

Est-ce que vous connaissez le producteur et scénariste, Damon Lindelof ? Si ce nom ne vous dit rien, il vous est vivement conseiller de jeter un coup d'œil à sa filmographie. Lors de son passage à Paris, il y a quelques années, dans le cadre du festival Jules Verne Aventures, il avait évoqué son souhait de faire grandir le cinéma, de le rendre plus merveilleux, plus magique et évidemment plus lucratif... Co-auteur, producteur et scénariste de la série Lost, où il s'est offert une renommée mondiale, Damon Lindelof a arpenté les studios d'Hollywood pour devenir l'un des producteurs les plus influents du cinéma avec Star Trek, Prometheus, Cowboys et envahisseurs, World War Z et, en cette année 2015, le film À la poursuite de demain. Celui-ci a été réalisé par Brad Bird, bien connu des studios Disney et Pixar, après Ratatouille, Là-haut ou les Indestructibles. Brad Bird signe pour le coup son deuxième film en prise réelle après Mission: Impossible - Protocole fantôme.

À la poursuite de demain, dernière œuvre des studios Disney, né de l'imagination de Jules Verne, Thomas Edison, Nikola Tesla, Gustave Eiffel,  à la fin du XIXème siècle, est une basée sur le monde futuriste créé dans les parcs Disney Tomorrowland et/où la partie innovation présente à Epcot, en Floride. Disney y impose encore sa marque de fabrique en offrant un divertissement porté pour adultes tout en sachant distiller quelques accroches pour les adulescents. Certaines images ne peuvent, en effet, ne pas être du goût des parents de jeunes enfants, puisque la mort y est très clairement évoquée... De plus, la méchanceté, la haine, la violence ou la destruction de notre planète sont les maîtres mots d'un film engagé, dans lequel Disney, appuyé par sa filiale, Disney Nature, ne cesse de tenter de faire conscience des agissements de l'Homme sur notre pauvre planète... Ici, on y découvre le voyage dans le temps vers un monde parallèle dans lequel tout est parfait, tout est beau, tout est... utopique !

Pour porter une telle idée, il fallait un acteur charismatique associé à de nombreux jeunes acteurs en devenir. C'est George Clooney qui se trouve être le premier choix de la réalisation et il y est étonnant. D'une part, on ne s'attend pas forcément à le voir dans un Disney aussi futuriste, par rapport à sa carrière sans faille et d'autre part, son parti pris politique aurait pu le bloqué ou l'empêché d'exprimer des choses qui lui sont chères comme la protection de la nature. Il a eut libre cours et démontre de nouveau son engagement sur tous les fronts. Il offre une prestation plus qu'honorable et donne à merveille la réplique à la jeune actrice, Britt Robertson (remarquée dans Coup de foudre à Rhode Island avec Steve Carell et Juliette Binoche, ainsi que son rôle dans la série Under the Dome). Notons qu'initialement, le projet voulait Shailene Woodley pour ce rôle... qu'elle a déclinée suite à son engagement dans Divergente. Un choix compréhensible et qu'y semble adéquat, tant Britt semble à l'aise dans son rôle, avec ses faux airs de Julia Roberts. Les jeunes Raffey Cassidy (Blanche Neige et le chasseur) et Thomas Robinson (Une famille très moderne) complètent ce casting hétéroclite. Évidemment, Disney oblige, un méchant est de la partie, et il est joué par un excentrique Hugh Laurie. Un rôle plus anecdotique que son rôle de Dr. Gregory House, pendant 8 ans, qui s'offre malgré tout un final dès plus machiavélique ! Michael Giacchino rejoint l'équipe pour la partie soundtrack dans laquelle il délivre quelques belles mélodies qui vous donneront envie de voyager ; hormis cet horrible thème de l'attraction "It's a small world"...

En découvrant le film, les images du futur, ces inventions démentielles, on ne peut que se rappeler les films des années 80, comme les Goonies, Stand By Me ou Retour vers le Futur. On apprécie d'ailleurs les nombreux clins d'œil aux films d'antan. Le film nous transporte dans un nouveau monde où tout semble idyllique. Puis la réalité prend le relais et étrangement la partie magique des précédents films disparaît ! On découvre alors l'histoire de Britt et la relation fusionnelle campée par Thomas Robinson, puis George Clooney et Raffey Cassidy. Ce monde idyllique n'est que le reflet du notre sans la violence qui l'entoure. Une nouvelle fois, les réalisateurs aiment se pencher sur l'écologie, la destruction de la planète par un Homme toujours plus conquérant et plus dangereux, par un réchauffement climatique liée à la folie Humaine, aux destructions des espèces par la folie Humaine et les guerres, toujours liées, à la folie de l'Homme... et ceux depuis des siècles ! Le film tente d'apporter une vision nouvelle pour que l'Homme, dans sa grande largeur, prenne conscience que l'on a qu'une seule et unique planète et qu'il n'est pas question de continuer à la détruire comme nous le faisons si allégrement...

Un film qui donne à réfléchir aux adultes qui devront inculquer les bonnes manières à leurs progénitures, pour que le futur ne soit pas si néfaste que ce qui nous est présenté ici. Brad Bird signe un très bon divertissement où George Clooney s'impose comme un caméléon et dans lequel la jeune Britt Robertson expose son talent, sa douceur, son innocence et son insouciance.

Vu le mardi 02 juin, au Pathé Conflans, en VF, en salle 6.

Note de Marty: