Vice Versa

Vice Versa
Titre original:Vice Versa
Réalisateur:Pete Docter, Ronnie del Carmen
Sortie:Cinéma
Durée:94 minutes
Date:17 juin 2015
Note:

Au Quartier Général, le centre de contrôle situé dans la tête de la petite Riley, 11 ans, cinq Émotions sont au travail. À leur tête, Joie, débordante d’optimisme et de bonne humeur, veille à ce que Riley soit heureuse. Peur se charge de la sécurité,  Colère s’assure que la justice règne, et Dégoût empêche Riley de se faire empoisonner la vie – au sens propre comme au figuré. Quant à Tristesse, elle n’est pas très sûre de son rôle. Les autres non plus, d’ailleurs… Lorsque la famille de Riley emménage dans une grande ville, avec tout ce que cela peut avoir d’effrayant, les Émotions ont fort à faire pour guider la jeune fille durant cette difficile transition...

Critique de Mulder

Depuis vingt ans, les studios Pixar ne cessent de nous captiver, de nous émerveiller et de repousser constamment les limites techniques des films d’animation. En 1995, le premier long métrage des studios Pixar donnaient vie de manière convaincante à des jouets dans Toy Story de John Lasseter. Les nombreuses suites données à ce chef d’œuvre d’animation furent certes techniquement supérieures (Toy story 2 (1999), Toys story 3 (2010) et prochainement Toy Story 4 (2017)) et nous émerveillaient plus par le soin apporté à la technique que par un scénario totalement original. De la même manière, Montres et Cie (2001) fut suivi par une suite en 2013 Monstres academy et Cars (2006) par Cars 2 (2011). Cette volonté constante de prolonger le plaisir de retrouver des personnages appréciés minimisaient certes les risques financiers mais surtout garantissaient des succès. Pourtant, ils ne permettaient pas de continuer à innover et faire de ces studios les précurseurs et un modèle infaillible en terme d’animation et de liberté artistique. Il faut en effet remonter à 2012 avec l’excellent Rebelle de Mark Andrews et Brenda Chapman pour trouver un concept original. Deux ans après Monstres academy nous proposent donc de nouveau un film d’animation qui n’est pas une suite d’un de leur succès. On sent clairement dans leur nouveau chef d’œuvre une volonté de revenir aux sources, à une certaine magie du cinéma. En cela Vice versa est à ce jour non seulement leur meilleure création mais surtout témoigne d’une réelle recherche en terme scénaristique et d’une finition visuelle tout simplement parfaite.

Le scénario écrit par le co-réalisateur Pete Docter, Meg LeFauve et Josh Cooley est un modèle d’originalité remarquable. Il met en effet en scène l’idée que chaque personne est animée réellement par un quartier général situé dans la tête des humains comme des animaux et dirigés par cinq émotions : la Joie, la Peur, la Colère, le Dégoût et la Tristesse. Chacune de celles-ci possède sa propre couleur et une forme distincte. Les deux émotions principales dictant nos actions sont la joie et la tristesse. Ce quinzième long métrage Pixar part ainsi d’un postulat totalement inédit et nous présente de sa naissance (rapidement et magnifiquement esquissée) à ses onze ans, la jeune fille Riley et ses parents. Après avoir grandi dans le Minnesota, les parents de Riley doivent emménager dans le centre de San Francisco et commencer à habiter dans une maison délabrée sans meuble (leur transporteur les ayant égarés). Les émotions de Riley sont ainsi le cœur du film ainsi que les multiples oppositions liées à ce déménagement : Minnesota / San Francisco, ancienne meilleure amie /difficulté de prendre ses repères…. Derrière ce film se cache une véritable analyse de l’adolescence, de la transition entre l’enfance insouciante et celle-ci. Les scénaristes ont parfaitement compris le fonctionnement des émotions et de notre manière de se comporter. Cette idée d’opposition est également parfaitement mise en avant entre le monde autour de la jeune Riley et ce qui se passe dans sa tête. Ainsi lorsque suite à un incident, la Joie et la Tristesse se retrouvent expulsées de leur quartier général et doivent travailler ensemble pour trouver un moyen d’y retourner et de tracer leur route dans les recoins les plus éloignés de l’esprit de Riley.

Vice-versa opère réellement comme un retour aux sources pour les studios Pixar. Ce n’est donc pas un hasard fortuit que l’action principale du film se situe à San Francisco vu que leur siège se trouve à Emeryville dans le comté californien d’Alameda soit à proximité de cette grande ville. Il est pourtant surprenant de voir la manière dont est dépeinte cette ville en opposition avec une Amérique plus rurale et donc plus accueillante. San Francisco semble ainsi bien personnifiée la Joie que la tristesse. En cela Vice versa réussit totalement à transfigurer le film d’animation classique pour en faire une œuvre inspirée, intelligente et magnifique.

La manière dont sont récoltés et gérés les souvenirs, celle d’aborder la mémoire humaine est non seulement mûrie par une véritable analyse mais surtout nous touche et émeut par le reflet que le film nous renvoie. Nous avons chacun nos blessures, une volonté d’avancer et avons tous connu ce passage de l’enfance à l’adolescence. Le film aborde avec une véritable sensibilité cette thématique et semble réellement témoigner de deux lectures distinctes. Le public plus jeune appréciera ces personnages, ce rythme trépidant tandis qu’un public plus mûr ou adulte reconnaîtra l’intelligence et la clairvoyance d’un scénario magistral porté par une animation parfaite. Les studios Pixar par ce film témoignent d’une véritable envie de s’exprimer et de ne plus chercher la facilité. Une telle finition pour un film d’animation impose tout simplement le respect et notre support total.

Pete Docter n’en est pas à son premier film d’animation des studios Pixar. Il avait déjà réalisé Monstres et Ci (2001) et co-réalisé La Haut. Ses deux grands films témoignaient déjà de son talent de conteur et de perfectionniste. Vice-Versa est tout simplement son chef d’œuvre mais s’impose également comme la plus grande réussite découverte en salles depuis très longtemps. De la même manière que les cinq émotions travaillent ensemble pour diriger au mieux la jeune Riley, on sent que le co-réalisateur et co-scénariste Pete Docter est constamment présent pour faire que cette production des studios Pixar soit irréprochable et une véritable source d’influence pour toute une génération. Ce retour après deux ans d’absence des studios d’animation Pixar est non seulement une réussite totale mais surtout dépasse nos espérances. Ce film redonne à Pixar sa place de leader incontestable en termes de films d’animation mais surtout transcende son simple statut pour en faire une œuvre artistique, émouvante et magique…

Impossible de ne pas penser enfin à l’héritage de Tex Avery notamment avec le personnage de Bing Bong (mi barbapapa, mi dauphin, mi éléphant), ancien compagnon invisible de Riley qui ne souhaitait que l’emmener sur la lune. Vice Versa quant à lui réussit à nous transporter, à nous rendre heureux, à nous émouvoir et surtout à nous faire rêver….

Vu le 18 mai 2015 au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO

Note de Mulder:

Critique de Marty

Alors que l'année 2015 va être marquée par de nombreux blockbusters aux effets spéciaux d'anthologies, le dernier petit bijou des studios Pixar vient de sortir et celui-ci offre une vision humaine de notre activité cérébrale en y dévoilant les principales émotions de tout être humain ou animal. Réalisé par Pete Docter, à qui nous devons les excellents Monstres et Cie et Là-haut, le dessin animé est un pur joyau dont on se délecte à chaque instant.

Les principales émotions vécues tant par l'homme que l'animal sont la tristesse, la colère, le dégoût, la peur et la joie. Cinq notions capitales au bon fonctionnement de notre organisme et que l'on découvre ou acquiert dès notre naissance. Les concepteurs de ce film événement sont partis de l'idée que l'homme possède ses cinq notions fondamentales sous la forme de petits personnages aussi curieux que colorés dont le tempérament représente leur fonction et régule notre quotidien. L'histoire démarre donc sur la naissance de la petite Riley, calquée sur la fille du réalisateur, qui, au fil des minutes, découvre la vie et les émotions qu'elle peut procurer. L'idée d'origine est qu'un enfant est énergique, de bonne humeur, ouvert, drôle... puis les émotions, citées ci-dessus, prennent le relais et changent le comportement de l'enfant... Pourquoi ? Un défi humain aussi intéressant que ludique !

Afin de donner vie à ces émotions, les spécialistes de Pixar ont eu l'idée de métamorphoser celles-ci en cinq personnages attachants et colorés. Le personnage représentant le dégoût est associé par le vert, souvent synonyme de maladie et la prévention afin d'éviter tout danger à la petite Riley. Le personnage représentant la tristesse apparait en bleu et insiste sur le caractère spécial de ce phénomène qui nous rend si indécis, si timide, si fragile et si peureux (d'où l'expression peur bleue). Celui de la colère est catégorisé par une petite brique rouge, trapu, exigeant et évidemment s'énerve rapidement, accentuant son côté rouge de colère. La peur, quant à elle, est associée à un personnage nerveux, violet, cherchant à épargner les blessures et inculquer une certaine prudence aux hommes, même s'il agit de façon disproportionnée, selon son degrés de peur. Quant à la joie, c'est un espèce de soleil virevoltant, toujours rayonnant, dynamique, sociable, pétillante, de bonne humeur... Elle représente idéalement le rêve de tout être : la joie de vivre.

Pour donner vie à ces personnages, Pixar s'est calqué sur des personnages humains afin de capter aux mieux les émotions corporelles, telles que les grimaces de dégoût, le sourire d'une étoile de la joie, une brique enflammée de la colère, les larmes de la tristesse ou la détresse ou l'apparence d'un nerf pour la peur. Chaque personnage a donc des mimiques calquées sur celles de l'homme et cela renforce grandement le sentiment de ressemblance avec les nôtres, même si cela est métaphorique. Comme dans nombreux films d'animations, des acteurs français portent les voix des personnages et donnent, si l'on peut dire, vie à des émotions. Le dégoût est joué par notre chère Mélanie Laurent dont le timbre de voix s'associe au côté snobinard du personnages, la tristesse est portée par une Marylou Berry saisissante, la colère est doublée par Gilles Lellouche dont les colères des films précédents apparaissent encore plus marquantes, la peur est jouée par Pierre Niney, qui a su décuplé son talent, pour être un pétochard de première alors qu'il porte une telle assurance dans ses films... Quant à notre soleil, c'est la lumineuse Charlotte Le Bon qui prête sa voix... Un rôle sur mesure pour une fille pétillante !

Vous l'aurez compris, Vice-Versa est petit chef d'œuvre pétillant, sensible, drôle et humain... On retrouve nos émotions au travers de celles de la petite Riley et on se surprend à s'y reconnaitre. Ce dessin animé offre un exceptionnel divertissement de belle envergure dans un mois très chargé cinématographiquement parlant ! On y retrouve les principaux ingrédients de Pixar (et Disney) avec les émotions, la bonne humeur, le final joyeux, l'ambiance bon enfant, des couleurs chatoyantes et des personnages attachants. Somme toute, on peut juste préciser que le film n'est pas forcément pour tout public. Les petits risquent, en effet, de ne pas comprendre la complexité des émotions vécues par Riley et les adolescents s'identifieront aisément à la jeune fille. Les adultes, quant à eux, seront charmés par ces personnages...

Vu au Pathé Conflans, le samedi 20 juin, en version française (2D)

Note de Marty: