Spy

Spy
Titre original:Spy
Réalisateur:Paul Feig
Sortie:Cinéma
Durée:120 minutes
Date:17 juin 2015
Note:

Susan Cooper est une modeste et discrète analyste au siège de la CIA. Héroïne méconnue, elle assiste à distance l’un des meilleurs espions de l’agence, Bradley Fine, dans ses missions les plus périlleuses. Lorsque Fine disparaît et que la couverture d’un autre agent est compromise, Susan se porte volontaire pour infiltrer le redoutable univers des marchands d’armes et tenter d’éviter une attaque nucléaire…

Critique de Mulder

Spy s’impose dès sa découverte non seulement comme l’un des événements majeurs cinématographiques de cette année mais surtout comme l’osmose parfaite entre film d’espionnage et comédie américaine. Le réalisateur et scénariste Paul Feig après avoir déjà dirigé à deux reprise la comédienne Melissa McCarthy (Mes meilleures amies (2011), Les Flingueuses (2013)) lui offre tout simplement avec Spy son meilleur film à ce jour. Impossible de ne pas penser au duo réalisateur Blake Edwards et comédien Peter Sellers en découvrant l’osmose réelle entre Paul Feig et sa comédienne Melissa McCarthy. La connivence réelle entre ces deux artistes se ressent à travers chacune des scènes du film. On pense notamment au film La party (1968) de Blake Edward en voyant l’analyste Susan Cooper se transformer en agent secret d’élite. Le ressort comique est en effet le même et l’efficacité est totale à bien des égards.

Dès la première scène du film montrant une mission d’infiltration dangereuse réussie par l’agent secret Bradley Fine (Jude Law), le film s’oriente vers un hommage à peine déguisé au plus grand agent secret britannique du cinéma. Le générique du film pastiche donc ceux des James Bond avec brio et impose la tonalité irrévérencieuse. Ainsi loin des agents secrets surentrainés et capable de s’extirper des situations les plus dangereuses tels ces deux agents Rick Ford (Jason Statham) et Bradley Fine, le film préfère jouer le contre-pied du super agent pour mettre en avant une analyste. Celle-ci habituée à travailler derrière son bureau pour guider les agents secrets dans leurs missions doit faire preuve d’audace et surtout s’imposer sur le terrain. Elle va ainsi devoir s’opposer à Raina Boyanov pour éviter une attaque nucléaire et faire preuve d’un vrai talent d’adaptation. A travers ce personnage, Melissa McCarthy révèle une nouvelle facette de ses talents de comédiennes et être aussi à l’aise dans de multiples scènes d’action. Loin de se prendre au sérieux, le film explose les nombreuses règles mises en place par de nombreux films d’espionnage : de l’action non-stop et un agent invulnérable. L’association Melissa McCarthy et Jason Statham plutôt peu convaincante sur le papier se révèle d’une efficacité totale. Jason Statham totalement à contre-emploi témoigne d’un véritable talent dans les scènes comiques laissant sa place à Melissa McCarthy pour les scènes de courses poursuite.

Alors que Mes meilleures amies et les Flingueuses étaient des comédies américaines grand public reposant plus sur un casting féminin intéressant voire insolite (le duo Melissa McCarthy/ Sandra Bullock) que sur un scénario d’une efficacité redoutable, Spy témoigne d’un véritable soin apporté non seulement au fond mais à la forme. Rien n’aurait ainsi pu nous amener à penser que le réalisateur Paul Feig pouvait être aussi à l’aise à diriger un film d’espionnage roulant à toute vitesse. Ayant commencé sa carrière à la télévision en réalisant de nombreux épisodes de séries (The office US, Nurse Jackie..), le réalisateur ne s’était tourné que vers la comédie pour exprimer son talent. Spy nous montre qu’il a réussi sa mission de nous divertir et surtout convaincu que la comédienne Melissa McCarthy pouvait réellement être à l’aise dans des scènes d’action malgré le fait qu’elle ne représente pas un clone des nombreuses comédiennes à l’aise dans les scènes d’action (Angelina Jolie, Charlize Theron..).

Spy réussit donc à s’imposer comme un digne héritier de True Lies de James Cameron, un mélange explosif savamment dosé et d’une efficacité rare. Nous trépignons d’impatience de découvrir la prochaine réalisation de Paul Feig avec une nouvelle fois sa comédienne fétiche Melissa McCarthy

Vu le 27 mai 2015 au Royal Monceau en VO

Note de Mulder:

Critique de Marty

A l'instar d'Adam Sandler, la comique Melissa McCarthy est adulée aux États-Unis grâce à ses sketches, ses vannes, ses répliques cinglantes et autres folies sur les plateaux de télévision ainsi que les épisodes de la série Gilmore Girls. A la différence de Sandler, adulé sur le sol américain mais boudé sur les autres sols, Melissa McCarthy commence à se faire connaître et obtient de plus en plus de reconnaissances de la part de la presse et des fans de son style anti-Hollywood. Elle ne réussit pas grâce à sa plastique mais grâce à son humour tranchant et cynique. Elle est récemment apparue en tête d'affiche des comédies à succès Les flingueuses, Mes meilleures amies, Very Bad Trip 3 ou Arnaque à la carte. Elle sera aussi à l'affiche du prochain Ghostbusters dans lequel elle retrouvera Paul Feig, réalisateur de Mes Meilleures amies et Spy. Une fille qui monte et qui n'a pas peur de jouer à des jeux de garçon.

Spy est, en effet, un des nombreux ersatz de  xXx, Oss, Night and Day, Spy Kids, Kingsman ou Alex Rider.... parodiant le mythique personnage de James Bond créé par Ian Fleming. On y retrouve donc la CIA confronté à un ennemi puissant ; et russe pour changer - toujours ce refrain de la guerre froide, entre autre, cher à Clancy - en possession d'une bombe nucléaire dites sale. Cette nomination vient de la présence de matériaux radioactifs a uniquement pour but de contaminer la zone autour de l’explosion... L'objectif étant, évidemment, d'éliminer le vendeur et les acheteurs potentiels ; et faute d'effectif qualifié, d'envoyer un agent inexpérimenté sur le terrain...

Outre l'actrice aux formes généreuses, on retrouve un casting complètement loufoque et inattendu offrant un mélange aussi détonnant et qu'hilarant, reconnaissons-le. En effet, Jason Statham, connu pour ses rôles physiques dans Expendables, le Transporteur ou Fast & Furious 7, ancien nageur olympique et entrainé par un membre des célèbres SEAL, s'offre un véritable caméo sur sa propre carrière et parodiant ses propres films et scènes de combats... surprenant de sa part ! A ses côtés, Jude Law, l'un des gentlemen préféré des femmes, s'offre un rôle divertissant dans lequel nous n'avons pas l'habitude de le voir... Ces deux acteurs auraient-ils trouvé une nouvelle voie ? La jolie Rose Byrne campe une méchante atypique et relativement fade malgré son charme indéniable. On note la présence de Morena Baccarin, bien connue des sérivores avec ses passages dans Battlestar Galactica, V ou Homeland, du sympathique Will Yun Lee d'Hawaii 5-0, San Andreas et Wolverine...

Paul Feig, réalisateur de comédies à succès, nous offre donc une histoire divertissante grâce à son casting diversifié. Il féminise l'esprit film d'action en donnant à Melissa McCarthy, un rôle difficile et physique... démontrant, par la même occasion, que le film rend hommage au "sexe faible", il est féministe ! Dans un monde hollywoodien, où de nombreuses actrices se plaignent du manque de rôle physique/action et d'un certain sexisme, il offre le premier rôle à une femme au physique atypique et alloue, peut-être, un nouveau genre... Rappelez-vous, dans les années 80/90, Linda Hamilton, Sigourney Weaver ou Demi Moore étaient des guerrières... remplacées par la suite par Angelina Jolie, qui détient la palme des actrices engagées dans les films d'actions, et dont la nouvelle génération issue des romans pour ados est entrain de faire changer les moeurs... lentement mais sûrement...

Spy est divertissement drôle et second degré dont la recette est simple : allier un casting loufoque à un très haut degré de vulgarité, en poussant ses acteurs à se parodier ou se ridiculiser, avec une intrigue assez simpliste où seule la comédie l'emporte. Son générique, ses scènes de combats, de courses-poursuites, ses gadgets (...) sont un plagiat d'un mauvais James Bond mais le succès est là, les salles sont pleines et les rires fusent... Somme toute, il est notable que le film frôle l'insolence en insistant lourdement sur l'humour pipi-caca, hémorroïdes et diarrhées... peut-être aurait-il pu être plus fin et ne pas ressembler à un running gag embarrassant... Ce dernier point m'inquiète pour le prochain Ghostbusters, pour lequel mon affection n'est plus à prouver... Gageons que Dan Aykroyd, scénariste et producteur exécutif, saura calmer les velléités d'un réalisateur controversé depuis Mes meilleures amies et son humour si limite...

Vu au Pathé Conflans, en salle 2, le dimanche 21 juin, en version française.

Note de Marty: