Tale of Tales

Tale of Tales
Titre original:Tale of Tales
Réalisateur:Matteo Garrone
Sortie:Cinéma
Durée:133 minutes
Date:01 juillet 2015
Note:

Il était une fois trois royaumes voisins où dans de merveilleux châteaux régnaient rois et reines, princes et princesses : un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal, une reine obsédée par son désir d'enfant... Sorciers et fées, monstres redoutables, ogre et vieilles lavandières, saltimbanques et courtisans sont les héros de cette libre interprétation des célèbres contes de Giambattista Basile.

Critique de Menrva

Il était une fois des contes mais pas de fées, vous serez immergés dans les contes de Giambattista Basile (un style proche des contes des frères Grimm), très sombres et ensorceleurs alors méfiez-vous chaque instant du revers de la médaille. Ce long métrage nous offre trois contes où trois royaumes sont des plus farfelus, libertins et rongés par le désir révélant forcément une morale des plus dures. Les trois aventures se croisent mais sans apporter un intérêt commun et le scénario aurait pu consolider cette ambiance des plus étranges mais loupe le coche en étant trop pauvre.

Le côté séduisant de ce film est indéniablement la mise en scène très graphique, tous les plans sont calculés au millimètre près pour le plaisir de nos yeux. Ces plans photographiques charmera votre envie dans voir toujours plus. L'atmosphère que possèdent les contes fantastiques lus est pour sûr également présente grâce aux cadres, des couleurs, des décors ou simplement des illusions imaginaires. Il nous est offert une panoplie de monstres impressionnants, d'animaux étranges, de sorciers, d'ogre et de saltimbanques étant finalement plus humains que les hommes eux-mêmes. L'ambiance ténébreuse et magique est également amplifiée par une magnifique musique signé Alexandre Desplat. Elle révèle les actions tout en poésie lugubre.

Les personnages sont tous à la recherche de quelque chose qu'ils ne possèdent pas, un peu comme notre société actuelle. La reine de Selvascura (Salma Hayek) veut par tous les moyens une descendance, le Roi de Roccaforte (Vincent Cassel) une reine la plus magnifique du royaume et le roi d'Altomonte (Toby Jones) un ami fidèle. Salma Hayek est parfaite en reine forte de caractère, son physique, ses différentes robes et ses expressions font d'elle une mère prête à tout pour son fils. Les jumeaux Christian et Jonah Lees (Elias fils de la reine de Selvascura et Jonah fils d'une servante) donnent bien le change du fait qu'ils ne sont pas de vrais jumeaux dans le film mais se lient par leur ressemblance et l'amitié pour l'autre. Vincent Cassel (le Roi de Roccaforte) est le libertin des plus téméraires tant qu'il ne voit pas sa proie. Toby Jones (le roi d'Altomonte) est celui qui fait sourire tout au long de l'histoire par son fou secret dans sa quête de l'amitié.

Malgré les quelques longueurs du récit, cette œuvre vaut vraiment l'effort de le découvrir pour son intérêt culturel qu'elle offre. Vous en sortirez émerveillé et repu comme si vous aviez dévoré un cœur sanglant de dragon des mers.


Vu le 09 juin 2015 au Club de l’Etoile , en VO

Note de Menrva:

Critique de Mulder

Le nouveau film de Matteo Garrone (Gomorra (2008), Reality (2012)) est une expérience visuelle envoûtante et captivante réinventant tout simplement l’esthétique des contes mémoriaux. Il n’aura pas fallu que quatre scénaristes (Edoardo Albinati, Ugo Chiti Matteo Garrone et Massimo Gaudioso) pour pouvoir adapter une partie du livre homonyme de Giambattista Basile. Ce livre publié en deux tomes en 1634 et 1636 et s’apparente à un recueil de contes napolitains. Certains de ces contes furent réadaptés par les frères Grimm et Charles Perrault et connurent un énorme succès. Tale of tales s’apparent ainsi en quelque sorte à un film à sketches reliés par un fil directeur, une reine qui ne peut pas avoir d’enfant recourt aux conseils d’un magicien pour donner naissance à son fils. Le bestiaire des contes de fées est donc bien présent dans ce film avec dragon marin, ogre, sorcières, malédiction mais réinventé en mettant en avant un véritable sens de l’orchestration scénique.

Chaque scène de Tale of Tales semble correspondre à un tableau prenant vie devant nos yeux. La beauté de plusieurs plans du film semble montrer l’importance du réalisateur envers une recherche graphique visuelle plutôt rare car souvent source de problème rythme au niveau du récit. Malheureusement, le scénario semble trouver difficilement un rythme soutenu et se trouve confronté à certaines lourdeurs. A bien regarder, il n’y a pas réellement de rôle principal mais une multitude de seconds rôles plus ou moins attachants. De la même manière que Sin City, le résultat obtenu est aussi intriguant que difficile à suivre. Certes le casting international est des plus intéressants (Salma Hayek, Vincent Cassel, Toby Jones et même John C. Reilly furtivement) mais cela ne suffit pas à faire de Tale of Tales un film parfaitement maîtrisé. Une nouvelle fois aussi belle que soit l’image proposée sans scénario parfaitement maîtrisé le résultat ne peut pas être totalement convaincant.

Le film nous rappelle également que les contes ne sont pas forcément fades et inconsistants. La violence de certaines scènes du film, l’immoralité qui se dessine dans certaines scènes est aussi intéressante que plutôt rare. La violence est ainsi sous-jacente tout au long du récit comme un certain malaise se dégage de certains plans dans lesquelles les créatures humaines ne semblent être que de simples marionnettes. Pourtant, par son originalité, sa manière de réinterpréter une période ancienne, ses costumes soignés ce film mérite d’être découvert comme une belle tentative de revisiter les contes qui ont bercé notre enfance.

Vu le 09 juin 2015 au Club de l’Etoile , en VO

Note de Mulder: