Unfriended

Dans le film Open Windows (2015) de Nacho Vigalondo avec Elijah Wood et Sasha Grey le scénario plutôt habilement troussé de Nacho Vigalondo utilisait à plusieurs moments l’écran d’un simple ordinateur comme vecteur pour montrer certains pans de l’action. Le film de Levan Gabriadze pousse encore plus loin ce procédé en ne montrant l’histoire qu’à travers l’écran d’ordinateur de l’héroine Blaire Lily. On reconnait au travers de cette économie de moyens tout le savoir-faire de Blumhouse Productions spécialisée dans les faibles budgets et d’ avoir réussi à imposer trois franchises (Paranormal Activity , Sinister et Insidious). Unfriended témoigne une nouvelle fois de son succès en terme de production et nous livre tout simplement un film d’horreur prenant, maîtrisé et surtout très inventif.

Pour réussir un bon film d’horreur, il faut surtout un scénario original et capable de retenir l’attention du public malgré des ficelles déjà montrées de nombreuses fois. Celui de Unfriended signé par Nelson Greaves (scénariste sur l’un des épisodes de la série Sleepy Hollow) se montre plutôt intéressant et tire son inspiration des films d’horreur japonais. Avec un minimum d’effets, l’histoire se révèle de plus en plus inquiétante. On suit donc à travers les réseaux sociaux (facebook) et skype six adolescents communiquant entre eux via ces nouveaux moyens de communication pile un an après le suicide d’une jeune lycéenne. Ce suicide avait été causé par la mise en ligne d’une vidéo compromettante publiée par l’une de ses six personnes. Une septième personne utilisant les comptes internet de la défunte se joint à la discussion de ce petit groupe et menace de tuer ceux qui se déconnecteront. Le climat devient ainsi de plus en plus angoissant au fur et à mesure que chaque protagoniste montre son réel visage. Alors que nous aurions pu nous attendre à un film d’horreur minimaliste et guère prenant consistant à regarder un écran d’ordinateur pendant toute la durée de celui-ci, il faut reconnaitre que ce concept est parfaitement maîtrisé. Ce procédé renforce ainsi aisément l’ambiance plutôt qu’elle ne la dessert.

Il y a dans Unfriended une satire plutôt réussie de la jeunesse actuelle plus capable de s’exprimer en visu et privilégiant les réseaux sociaux et autres moyens high tech de télécommunication pour trouver matière à échanger. Dans ce sens ce film qui se passe (hormis un plan) sur l’écran de l’héroïne réussit le pari audacieux de retenir notre intérêt sans oublier certaines lignes de discussion plutôt assez directes. L’ambiance distillée par le film nous rappelle donc ces films d’horreur japonais privilégiant une atmosphère horrifique qu’un simple déferlement de sang et de violence répétitifs. Certes, le film ne s’impose pas comme un modèle du genre face à des classiques comme Les griffes de la nuit (1984), Carrie (1976) reposant également sur la thématique d’une vengeance surnaturelle mais réussit son pari audacieux de nous faire frémir intelligemment.

Enfin, le casting composé de jeunes comédiens est parfaitement exploité. On retrouve ainsi dans le rôle de Blaire Lily Shelley Henning (Malia Tate dans la série Teen Wolf), Renee Olstead (La fin des temps (1999), 30 ans sinon rien (2004)..) et Will Peltz (Identité Secrète (2011), To Write Love on Her Arms (2012)..). Le réalisateur bénéficie également des conseils avisés en tant que producteur de Timur Bekmambetov (Wanted : choisis ton destin (2008)). Unfriended sans être le film d’horreur de l’année est plutôt une réussite mineure que nous vous encourageons à découvrir pendant cette période estivale.

Vu le 22 juin 2015 à la Salle Universal, en VO

Note de Mulder: