Prodige (Le)

Prodige (Le)
Titre original:Prodige (Le)
Réalisateur:Edward Zwick
Sortie:Cinéma
Durée:114 minutes
Date:16 septembre 2015
Note:

L’histoire de Bobby Fischer, le prodige américain des échecs, qui à l’apogée de la guerre froide se retrouve pris entre le feu des deux superpuissances en défiant l’Empire Soviétique lors du match du siècle contre Boris Spassky. Son obsession de vaincre les Russes va peu à peu se transformer en une terrifiante lutte entre le génie et la folie de cet homme complexe qui n’a jamais cessé de fasciner le monde.

Critique de Mulder

Parmi les nombreux films découverts lors du festival du cinéma américain de Deauville le nouveau film d‘Edward Zwick s’impose comme une réussite exemplaire. Faire un film sur l’un des plus grands joueurs d’échec n’était pas chose aisée autant le personnage était certes un surdoué mais également un schizophrène paranoïaque. Le film n’est donc pas une hagiographie mais dresse le portrait de l’enfance à sa mort de Bobby Fischer. Sur fond de guerre froide et en n’oubliant pas l’importance de ce surdoué pour représenter l’impérialisme américain, le film nous dresse un portrait captivant sur un garçon qui passionné par le jeu d’échecs et à force d’entraînement devint le meilleur joueur au monde. De ses premières parties à ses compétitions américaines puis mondiales, rien n’est oublié dans ce film très documenté. Les nombreuses images d’archives et le grand soin apporté à la reconstitution des années 60 à 70 soit la période d’ascension du prodige, le film nous montre constamment que derrière le grand joueur se cachait un être tourmenté, manquant cruellement de confiance en lui et ne réussissant pas à trouver sa place dans la société.

De nombreux films ont abordé avec plus ou moins de succès l’importance du jeu d’échecs. Que cela soit par l’intermédiaire de thriller (Face à Face (1992), Le tournoi (2015)), films d’époque (La partie d’échecs (1991)) ou de drames (À la recherche de Bobby Fischer (1993), Les Joueurs (1998)), chacun de ses films témoignait du côté stratégique de ce jeu passionnant. Le film Le prodige s’impose comme une réussite par l’interprétation convaincante de ces deux comédiens principaux Tobey Maguire (trilogie Spider-man de Sam Raimi (2002-2007), Pur Sang, la légende de Seabiscuit (2007)..) et Liev Schreiber (X-Men Origins: Wolverine (2009), Le Majordome (2013)..) sans oublier des seconds rôles importants tenus par des comédiens comme Peter Sarsgaard, Lily Rabe et Robin Weigert. La grande réussite du film vient également du fait que le réalisateur est un passionné du jeu d’échecs et a su parfaitement comment filmer les différentes parties de manière à les rendre vivantes et passionnantes. Certes, il bénéficie d’un scénario solide et de comédiens s’étant totalement investis dans leur rôle mais c’est surtout la réalisation fluide et rapide qui fait du film Le prodige une bonne surprise de ce début du mois de septembre 2015.

Edward Zwick par sa filmographie a toujours su s’imposer par sa sobriété et une direction de comédiens à même de tirer le meilleur d’eux. Que cela soit dans Glory (1989) qui lança sa carrière et imposa le comédien Denzel Washington comme l’un des meilleurs, voire des films d’action (A l’épreuve du feu (1996), Couvre-feu (1998), Blood diamond (2006)), chacun de ses réalisations témoignent d’un véritable soin à l’image comme au montage. Le prodigue ne déroge pas à cette règle et a su parfaitement capter l’essence de l’époque et la complexité de Bobby Fischer. Le réalisateur a ainsi mis en évidence la passion du public américain lors des années 60 et le fait qu’il adulait complètement ce joueur imbattable. Le film montre également que les dernières années de Bobby Fischer n’étaient pas ses meilleures, le succès disparu il n’avait plus les moyens de vivre décemment.. Triste fin pour l’une des plus grandes figures de notre siècle, un génie dont la paranoïa exacerbée eut raison de lui.

Vu le 6 septembre 2015 au CID, Deauville,, en VO

Note de Mulder: