Tangerine

Tangerine
Titre original:Tangerine
Réalisateur:Sean Baker
Sortie:Cinéma
Durée:88 minutes
Date:30 décembre 2015
Note:

Vingt-quatre heures dans la vie d’une drôle de Cendrillon, qui traverse la Cité des anges à la recherche de sa rivale.

Critique de Mulder

Parmi tous les films découverts en compétition lors du festival du cinéma américain un sortait réellement du lot non seulement par sa thématique originale (adapter le mythe de Cendrillon à Los Angeles en donnant les deux rôles principaux à deux transsexuelles) et sa réalisation (le film a été filmé entièrement avec un iphone 5S). il s’agit de Tangerine de Sean Baker, son cinquième film. Avec peu de moyens, ce réalisateur fait de Tangerine une œuvre au potentiel à devenir culte. Co-scénariste, monteur, directeur du casting, co-producteur et réalisateur, Sean Baker maîtrise totalement son film de bout en bout. Le cinéma indépendant ne pouvait pas rêver de meilleur représentant que cet homme à multi-casquettes et capable de réaliser des prouesses techniques avec un micro-budget. Chaque plan du film donne l’impression d’avoir été tourné avec une vraie caméra et non un simple téléphone. De la même manière en s’entourant de deux comédiennes transsexuelles non professionnelles et découvertes dans la rue, le réalisateur s’impose comme l’un des plus intéressants du moment.

Pratiquement tout le film a été tourné dans les rues de Los Angeles faute de moyens et surtout pour tirer partie au maximum des rues atypiques de cette ville. Loin des quartiers souvent représentés au cinéma, c’est sur le boulevard de Santa Monica dans un quartier difficile que Sean Baker a pu tourner les nombreuses scènes de son film. Seuls quelques comédiens professionnels apparaissent dans le film tels James Ranson (Sinister 1&2 (2012-2015)..) et Ian Edwards (de l’excellente série Chuck (2007-2012)).

Si l’action du film se déroule la veille de Noël c’est en partie pour renforcer l’aspect conte de fée souhaité par le réalisateur. Un conte de fées sous acide et complètement déphasé dans lequel on croise un chauffeur de taxi aux mœurs surprenants, un mac peu ordinaire et quantités de revendeurs de drogues. Sean Baker se joue ainsi des règles des comédies dramatiques traditionnelles pour les réinventer dans un Los Angeles guère accueillant. Certes la trame du récit est légère mais c’est surtout sur l’exubérance des deux caractères principaux interprétés par Kitana Kiki Rodriguez et Mya Taylor que repose toute la force du film. Le réalisateur trouve en elles le moyen de réaliser une œuvre différente, attachante et remplie d’humour. L’action se déroulant sur vingt-quatre heures est également un moyen de tirer parti d’un budget étriqué. En évitant de marcher sur les traces d’un John Waters, Sean Baker trouve sa propre indépendance cinématographique et nous livre l’un des films les plus originaux et réussis que nous avons pu découvrir depuis longtemps à Deauville.

Vu le 7 septembre 2015 au CID, Deauville, en VO

Note de Mulder: