Blade Runner

Blade Runner
Titre original:Blade Runner
Réalisateur:Ridley Scott
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:15 septembre 1982
Note:

Dans les dernières années du 20ème siècle, des milliers d'hommes et de femmes partent à la conquête de l'espace, fuyant les mégalopoles devenues insalubres. Sur les colonies, une nouvelle race d'esclaves voit le jour : les répliquants, des androïdes que rien ne peut distinguer de l'être humain. Los Angeles, 2019. Après avoir massacré un équipage et pris le contrôle d'un vaisseau, les répliquants de type Nexus 6, le modèle le plus perfectionné, sont désormais déclarés "hors la loi". Quatre d'entre eux parviennent cependant à s'échapper et à s'introduire dans Los Angeles. Un agent d'une unité spéciale, un blade-runner, est chargé de les éliminer. 

Critique de Mulder

Juste une semaine avant la sortie en salle du très attendu nouveau chef d’œuvre de Ridley Scott, Seul sur Mars, Warner Bros a la bonne idée de nous proposer une ressortie en salles de l’un ses films les plus réussis et qui ont donné ses lettres de noblesse au genre de la science-fiction. Blade Runner est avant d’être un film une nouvelle de Phillip K Dick portant comme titre original Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (1968). Deux scénaristes ont travaillé successivement sur le scénario qui avant d’obtenir sa forme finale s’est vu remanié plus d’une dizaine de fois. Commencé par Hampton Fancher, c’est David Webb Peoples qui lui donnera sa forme finale après avoir gommé plusieurs éléments et décidé de prendre du recul par rapport au livre dont le film s’inspire. Cette longue génèse à Blade Runner explique la volonté du réalisateur de s’investir totalement dans son œuvre et explique en partie les soucis que celui-ci a rencontré auprès des Studios Warner Bros pour livrer tout simplement un grand film de science-fiction. Cette longue lutte entre une major et un réalisateur a ainsi donné au film cinq versions distinctes. Quatre sont présentes dans l’excellent coffret DVD indispensable Blade Runner publié le 5 décembre 2007 (Version US de 1982, version internationale de 1982, director’s cut de 1992 et final cut (2007)).

La version remasterisée et ressortie en salle ce mercredi 12 octobre repose sur la version de 2007 et surtout nous permet de découvrir le film dans sa meilleure édition. Le travail considérable fait au niveau du traitement de l’image confère à ce pur chef d’œuvre de science fiction le plus beau des apparats. Blade Runner plus de trente-trois ans après sa sortie en salles initiales (un 15 septembre 1982) montre à quel point ce film de Ridley Scott restera comme un monument cinématographique indémodable . Malgré le poids des années, l’histoire de ce Blade Runner devant éliminé des répliquants, soit des androïdes à forme humaine reste comme l’un des plus importants choc cinématographiques de ces quarante dernières années. Troisième film de son réalisateur après Les duellistes (1979) et Alien le huitième passage (1979), Blade Runner reprend les règles du polar noir et nous présente un Los Angeles Futuriste annonçant quelques années aaprès l’excellent Black Rain (1989). Chacun des films de Ridley Scott repose sur une véritable vision de notre société et sur des personnages forts. Une telle virtuosité de mise en scène pour un troisième film allait permettre d’imposer son réalisateur Ridley Scott comme l’un des plus grands actuels. Certes, ses autres films n’ont pas connu le même succès critique et publique mais leur qualité indéniable et le point de vue de ce réalisateur continue à perpétuer la légende aussi bien de ce film que de Ridley Scott.

Revoir plus de trente ans après ce film c’est revenir à l’essence d’une réalisation puissante et envoûtante. Longtemps avant ces montages hachurés présents dans la plupart des grosses productions hollywoodiennes (les Transformers de Michael Bay en sont les exemples parfaits). L’histoire prend ainsi le temps de présenter les différents personnages et ne recourt pas continuellement à l’abus d’effets spéciaux. Les voitures volantes sont ainsi montrées avec parcimonie et les décors de ce Los Angeles futuriste dévoilés uniquement si l’histoire en a réellement besoin. La plupart des scènes se déroulent donc dans des lieux d’un pessimisme latent laissant peu de place à la lumière du jour. Cet effroi palpable à chacune de scènes nous donne donc l’impression d’un monde apocalyptique où la plupart des habitants terrestres sont partis conquérir de nouvelles planètes. Ce climat fait de Blade Runner non seulement une réelle expérience cinématographique mais surtout une immersion totale grâce à l’utilisation de la musique de Vangelis.

Blade Runner bénéficie aussi de la présence de Harrison Ford lequel après une succession de seconds rôles (American Graffiti (1973), Conversation secrète (1974)) venait de remporter un succès mondial avec Star Wars épisode IV, un nouvel espoir (1977) et Les aventuriers de l’arche perdu (1981). Il donne à son personnage Rick Deckard un charisme impressionnant et surtout une épaisseur considérable. La véritable force du récit est de donner aux spectateur le questionnement récurrent de savoir si son personnage est aussi ou non un répliquant.

Permettre à toute une nouvelle génération de revoir l’un des plus grands films de science-fiction en salles est non seulement une excellente occasion de découvrir pour certains une œuvre d’une richesse incroyable mais aussi pour d’autres de le revoir dans sa meilleure version. On ne peut que remercier Warner Bros pour cette excellente initiative et encourager ce distributeur à ressortir les nombreux autres trésors cinématographiques qui ont jalonnés l’histoire de l’un des plus grands studios de cinéma mondial.

Vu le 12 octobre 2015, à la Salle Warner Bros

Note de Mulder: