Cowboys (Les)

Rares sont les films qui arrivent à nous surprendre et surtout à nous fasciner en même temps. Le premier film de Thomas Bidegain ancien scénariste et co-scénariste sur de nombreux films (Un prophète (2009), De rouille et d’os (2012), A perdre la raison (2012), En Solitaire (2013), Saint Laurent (2014)..) capte toute notre attention par sa volonté de sortir des codes préétablis du cinéma français. Dès la première scène se passant dans un rassemblement country western dans l’est de la France le ton est donné. Le scénariste et réalisateur Thomas Bidegain souhaite brouiller les cartes et son film dépasse ainsi le simple thriller d’un père à la recherche de sa fille. Le film dépeint ainsi successivement la quête d’un père et de son fils pour retrouver un membre de leur famille. Le départ du film nous rappelle par bien des côtés Frantic de Roman Polanski (1988) par la volonté du personnage principal, Alain (incarné par le comédien François Damiens) investi totalement dans la recherche de sa fille disparue. Son fils prendra ensuite le relais (nous ne vous en dirons pas plus sur les raisons de ce relais).

La réussite de ce film tient non seulement sur un scénario ambitieux mettant en scène sur une quinzaine d’années l’éclatement d’une famille française traditionnelle mais surtout permet d’étudier les raisons qui peuvent pousser une jeune adolescente à renier sa famille et à se convertir à l’Islam. Ce sujet très actuel est la réelle base de départ de ce film, une recherche sur l’identité morale d’une personne sous influence. Comme le titre l’illustre les personnages d’Alain et de Kid arborent le code de vie des cowboys et ont ainsi un regard biaisé en comparant les arabes à des indiens, des ennemis ayant enlevé un membre de leur famille. Le scénario qui fait commencer l’histoire en 1984 témoigne également sur une quinzaine d’années des troubles perçus par les mouvements terroristes telle la scène illustrant les attentats du 11 septembre. Le film se déroule ainsi dans différents pays et témoigne de l’acharnement d’une famille ébranlée à vouloir se reconstruire.

Le réalisateur bénéficie également de comédiens aussi à l’aise dans des scènes dramatiques que remplies d’humour. A ce titre, on retrouve dans le rôle principal François Damiens et dans les seconds rôles Finnegan Oldfield (La Marche (2013), Geronimo (2014), , Agathe Dronne (Les Reines du ring (2013)..). Les personnages sont ainsi parfaitement campés et possèdent une réelle profondeur . La dualité de chacun d’entre eux se ressent dans les nombreuses scènes de ce film.

Alors qu’un tel sujet aurait pu être qualifié d’opportuniste et attiser un débat malheureusement trop présent actuellement sur l’intégration, les croyances religieuses, le film surpasse cette simple approche pour en faire une thèse universelle sur notre volonté de rechercher un réel équilibre. C’est cette originalité qui fait du film Les cow-boys un film à découvrir impérativement en salles mi-novembre.

Vu le 20 octobre 2015 au Club 13

Note de Mulder: