Macbeth

William Shakespeare est considéré justement comme l’un des plus grands écrivains anglais et ses nombreux écrits ont donné au théâtre des adaptations flamboyantes et au cinéma des films réussis. De grands réalisateurs ont ainsi trouvé dans ses écrits une source d’inspiration importante que cela soit des adaptations fidèles tels les films de George Cukor (Roméo et Juliette (1935)…) Laurence Olivier (Hamlet (1948)…), Orson Welles ou des réinterprétations mémorables (West Side Story (1961), Ran (1985), My own private Odaho (1991). Ainsi plus de quatre cents films ont été créés à partir de ses pièces de théâtre avec plus ou moins de succès et en étant plus ou moins fidèles. Mac Beth est la dernière adaptation en date de la tragédie écrit en 1623 par William Shakespeare et le quatorzième film mettant en scène ce fameux roi d’Ecosse. Avant Justin Kurzel d’illustres réalisateurs comme Orson Welles, Roman Polanski ont déjà adapté la conquête et le déclin de ce personnage dont la volonté de devenir Roi a entraîné sa perte d’humanité et en a fait un monstre diabolique.

Les scénaristes Todd Louiso, Jacob Koskoff et Michael Lesslie tout en gardant intact le texte de William Shakespeare ont cherché à lui donner une certaine contemporanéité et surtout permettre au réalisateur de transcender ce récit maintes fois raconté. Ainsi ce qui ne pouvait pas être montré dans la pièce de théâtre shakespearienne peut être montré et surtout permettre au récit d’oublier le côté statique initial pour en faire un véritable film d’aventure. Dans le récit la guerre occupe une place importante elle fait d’un soldat un Roi et d’un pays une région sinistrée où MacBeth impose la terreur dans son rôle de Roi. De la même manière le pouvoir est l’élément central du récit et il donne à réfléchir sur comment un être droit et bon peut passer du côté obscur en étant malgré lui manipulé par sa compagne. En évitant une mise en scène propre au théâtre avec peu de lieux et des dialogues nombreux permettant de montrer ce qui ne l’est pas, MacBeth prouve qu’il est encore possible de transcender une œuvre riche sans chercher à reproduire ce qui a déjà été fait. Dans le sens l’excellent travail du directeur de la photographie Adam Arkapaw fait de l’Ecosse un paysage naturel diabolique dans lequel le ciel impose des teintes rouges semblables au sang qui se déverse à foison et la terre une brume épaisse digne des noirceurs de l’arme de MacBeth.

Le réalisateur trouve également en Michael Fassbender le MacBeth imposant digne héritier des personnages créés par William Shakespeare. Le reste du casting est également à la hauteur avec Marion Cotillard, David Thewlis, Paddy Considine. Ces comédiens ne se contentent pas de réciter le texte original bien au contraire ils cherchent constamment à lui donner toute son intemporalité. L’histoire ainsi présentée tient aussi bien à un film de mafia italienne (avec trahison, prise de pouvoir, violence des actes) qu’à un drame actuel violent dans lequel des pays se feraient la guerre pour des causes guères nobles. Ainsi lors des différents échanges, on pense en permanence à une série comme Game of Thrones avec ses scènes violentes, ses côtés perfides et ses combats nombreux et d’une violence rare. Le pari risqué de faire du héros du film MacBeth un être dément et capable des pires outrages est atteint. Transcendant le matériel de base le réalisateur réussit à imposer son film comme une des meilleures adaptations shakespeariennes.

MacBeth s’impose ainsi comme non seulement comme une adaptation littéraire de plus mais surtout montre à quel point Michael Fassbender est l’un des meilleurs comédiens actuels. Toute la force de ce film repose sur son interprétation spectaculaire d’un antihéros par excellence, d’un être humain dépassé par sa volonté de s’imposer quitte à y perdre son humanité, sa famille et trahir ses actions passées.

Vu le 9 novembre 2015 au Club Lincoln, en VO

Note de Mulder: