Docteur Frankenstein

Docteur Frankenstein
Titre original:Docteur Frankenstein
Réalisateur:Paul McGuigan
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:25 novembre 2015
Note:

Le scientifique aux méthodes radicales Victor Frankenstein et son tout aussi brillant protégé Igor Strausman partagent une vision noble : celle d'aider l'humanité à travers leurs recherches innovantes sur l'immortalité. Mais les expériences de Victor vont trop loin, et son obsession engendre de terrifiantes conséquences. Seul Igor peut ramener son ami à la raison et le sauver de sa création monstrueuse.

Critique de Mulder

Les films mettant en avant la créature de Frankenstein sont nombreux et avec plus ou moins de succès ont conquis ou non un certain public fervent de films fantastiques. En 1818 lorsque Mary Shelley publia Frankenstein ou le Prométhée moderne, elle ne pouvait pas se douter à un seul instant que son roman allait donner naissance à plus de soixante films parmi lesquels on retiendra les plus importants qui sont ceux de James Whale Frankenstein (1931), la Fiancée de Frankenstein (1935) et également la version de Kenneth Branagh (coscénarisé par Frank Darabont). D’autres films tels Van Helsing (2004), Waxwork (1988) ne faisaient qu’élargir leur bestiaire de monstres en utilisant cette créature comme un simple ennemi parmi d’autres. Cette nouvelle version (découverte la veille de la sortie en salles) avait toutes les chances de n’être qu’une simple adaptation de plus à première vue avec comme valeurs ajoutées deux comédiens européens très appréciés James McAvoy (Wanted : choisis ton destin (2008), X-Men: Le Commencement (2011)..) et Daniel Radcliffe (saga Harry Potter). Pourtant , il faut reconnaître que le nouveau film de Paul McGuigan (Push (2009), la série culte Sherlock (4 épisodes)..) arrive à renouveler une histoire mille fois contée en présentant l’amitié entre deux scientifiques et en toile de fond une histoire romantique passionnante.

Dès la première scène qui se déroule dans un cirque et nous rappelle par bien des côtés l’excellent Freaks de Tod Browning (1932), nous découvrons le personnage de Igor Strausman un clown atteint d’une difformité dorsale et en secret amoureux d’une trapéziste. Cet être repoussé par tous à cause de sa difformité est attiré par les sciences. Sa rencontre lors d’une représentation avec le docteur Victor Frankenstein va entraîner son départ du cirque et le mener à des études autour de la recherche de l’immortalité. Soigné de sa difformité par le Docteur Frankenstein, il va retrouver cette trapéziste ayant également quittée ce cirque suite à un accident grave. Comme le montre l’histoire ici contée, l’intérêt principal du film n’est pas de découvrir une nouvelle fois la créature de Frankenstein et ses nombreux méfaits mais plutôt de donner une réelle épaisseur à ses deux scientifiques en avance par rapport à leur temps. Leurs travaux à la limite de la légalité vont attirer le courroux d’un enquêteur Roderick Turpin (Andrew Scott précédemment vu dans la série Sherlock dans lequel il interprète Jim Moriarty). On sent la volonté persistante du réalisateur de ne pas recourir à des effets inutiles et de donner une peinture réaliste de cette époque du 19ème siècle. Chacun des personnages présente ainsi ses propres fêlures et sa volonté de chercher à capter l’attention et de faire avancer aussi bien son statut social que la science.

Le film Docteur Frankenstein réinvente donc le mythe de Frankenstein en donnant une importance considérable au personnage joué par Daniel Radcliffe Igor. N’étant plus un simple faire valoir ou homme de main de Victor Frankenstein, il apparaît comme un homme instruit et porté par des causes louables. Il gagne réellement en force par le jeu convainquant de ce comédien. L’autre élément important du film est d’avoir pu développer le personnage d’Igor et d’éviter d’en faire un simple bossu assistant du docteur Frankenstein dans sa recherche de résurrection des morts. Ce personnage n’existe pas dans le roman original de Mary Shelley de la même manière l’apport du personnage féminin de Lorelei (magnifique Jessica Brown Findlay découverte dans la série Downtown Abbey) apporte au film une touche romantique dans ce roman gothique. La photographie est également particulièrement soignée. De la même manière si Docteur Frankenstein s’affirme comme l’une des bonnes surprises de cette année c’est également dû au scénario inventif et astucieux de Max Landis. Après avoir signé le scénario d’un épisode de la série Les maîtres de l’horreur (saison 1, épisode 7) et un de Fear Itself, les maîtres de la peur (épisode 9), c’est son scénario de Chronicle qui lui ouvre les portes des grands studios Hollywoodiens. Passionné de comics, son scénario témoigne bien de son approche digne des romans graphiques actuels dont il a pu saisir toute la subtilité et ainsi rendre plus moderne le mythe de Frankenstein.

Enfin, ce n’est pas donc pas un pur hasard que la créature de Frankenstein ne soit visible qu’un court moment en fin film et aussitôt détruite. Le scénario met en effet plus l’accent sur le personnage d’Igor passé de monstre de foire à un scientifique reconnu ayant une véritable âme humaine. Le véritable monstre de Frankenstein c’est en effet cet être que l’amitié d’un scientifique et l’amour d’une femme vont rendre humain et lui permettre de trouver sa place dans la société.

Vu le 24 novembre 2015 au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO

Note de Mulder: