Tontons Flingueurs (Les)

« Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît. » Fernand Naudin (Lino Ventura)

Georges Lautner fait partie des grands réalisateurs qui ont marqué de leur empreinte indélébile le cinéma français. On retiendra notamment sa collaboration avec le comédien Jean Paul Belmondo (Flic ou voyou (1978), Le Guignolo (1980), Le professionnel (1981)) mais surtout parmi ses premiers film Les Tontons flingueurs (1963). Dans le cadre des 120 ans de musique Gaumont nous avons pu redécouvrir ce classique intemporel aux dialogues devenus cultes par toute une génération de spectateurs. Sur la base d’un scénario qu’il a co-écrit avec Albert Simoni (Le Cave se rebiffe (1961), Mélodie en sous-sol (1963)..) le réalisateur nous propose une comédie satirique sur la mafia avec un casting étincelant. La qualité de ce film tient également à ses dialogues signés par Michel Audiard. Ce film marque le début d’une amitié réciproque entre le réalisateur et ce surdoué des dialogues qui donna naissance à douze autres films (Mort d'un pourri (1977), Le Pacha (1968)).

Dès la première scène du film, l’accent est mis sur la force de caractère du personnage principal Fernand Naudin. Celui-ci va se retrouver malgré lui en pleine guerre des gangs suite au décès de son ami d’enfance chef de gangs. On suit donc ce personnage devant remettre à plat les différentes affaires laissées en suspens et également sa relation avec Patricia la fille de celui-ci dont il va devoir s’ occuper également. Rompu à l’exercice de la comédie de boulevard, George Lautner dynamise son récit par la présence de personnages forts et d’une intrigue pleine de rebondissements spectaculaires. Ainsi en plus de cinquante-deux ans, le film a plutôt bien vieilli et on apprécie la richesse de son casting (Lino Ventura, Bernard Blier, Jean Lefebvre, Francis Blanche, Claude Rich). De nombreux films essayèrent par la suite de reproduire la même alchimie mais sans obtenir la même réussite.

Malgré le poids des années, le film garde la même fraîcheur et surtout un rythme parfaitement maîtrisé faisant succéder des scènes d’actions à des moments de pure comédie. Si le film est devenu culte avec le temps, il aurait mérité à ressortir plus souvent au cinéma comme de nombreux autres films de notre patrimoine. Véritable source d’inspiration pour de nombreux réalisateurs, Les tontons flingueurs rejoint par moment les films intemporels de la Panthère Rose de Blake Edwards par la manière de plonger dans des situations dangereuses son personnage principal et de l’en faire sortir simplement et sans aucune anicroche. Face à un cinéma français qui trouve difficilement sa place en salles, ce film témoigne d’une époque dans laquelle les œuvres cinématographiques avaient une certaine liberté de ton et surtout une véritable audace que l’on ne peut qu’admirer.

Certes ce film est diffusé régulièrement à la télévision mais le découvrir pour la première fois dans une salle de cinéma et dans des conditions optimales permet de lui redonner toute sa valeur et l’envie de revoir d’autres classiques produits par Gaumont..

Vu le 3 décembre 2015 au siège Gaumont, Neuilly Sur Seine

Note de Mulder: