Sherlock The Abominable Bride

Sherlock The Abominable Bride
Titre original:Sherlock The Abominable Bride
Réalisateur:Douglas Mackinnon
Sortie:Cinéma
Durée:89 minutes
Date:01 janvier 2016
Note:

Dans l’épisode special Noël de Sherlock, Sherlock Holmes et John Watson sont transportés dans le Londre de 1895 pour résoudre une nouvelle énigme concoctée par les créateur Steven Moffat and Mark Gatiss.

Critique de Mulder

« The Adventure Of...The Invisible Army…The League Of Furies?...The Monstrous Regiment?...I rather thought The Abominable Bride.” (L’aventure de l’armée invisible, de la league des furies ? Le regiment monstrueux? .. je préférerai l’abominable épouse)

On aura vu au cinéma en cette fin d’année 2015 les retrouvailles avec des personnages qui ont marqué nos mémoires à travers leurs aventures Han Solo, Luke Skywalker et Princesse Leia. Ce début d’année marque également des retrouvailles avec le plus célèbre des détectives et son fidèle partenaire Sherlock Holmes et John Williams. La comparaison de Star Wars Le réveil de la force et de l’épisode spécial Noël de Sherlock : l’abominable fiancée parait inévitable tant elle relève de personnages iconiques et surtout d’une brillante équipe privilégiant non seulement le fond (le scénario) mais également la forme (casting parfait, réalisation émérite, grand soin apporté à la photographie). L’attente pour ces deux nouveaux chapitres étaient non seulement très élevée mais le résultat obtenu mérite d’être félicité car il dépasse ce que l’on pouvait attendre.

Le personnage de Sherlock Holmes est apparu en 1887 dans le roman une étude en rouge de Sir Arthur Conan Doyle. Acclamé par le public dès sa création, le personnage n’aura cessé d’être adapté aussi bien au cinéma, sous forme de plusieurs séries, de dessins animés mais également en jeux vidéo. Parmi les plus belles adaptations il est impossible de ne pas prendre en compte la série britannique mythique créée par Mark Gatiss et Steven Moffat. Loin d’être une redite de ces aventures, cette série BBC One est une perpétuelle revisite de ce détective à notre époque. Le grand soin porté aux nombreux scénarios se ressent aussi sur un casting étincelant dans lequel Benedict Cumberbatch et Martin Freeman s’imposent dès le premier épisode comme le meilleur choix possible. Se crée dès le premier épisode une réelle alchimie entre ces deux comédiens et cela se ressent dans leur personnage. Sherlock Holmes est donc un détective consultant qui épaule Scotland Yard dans des affaires compliquées. Aidé par un médecin de l’armée britannique blessé en Afghanistan, ce n’est que par ses dons extraordinaires d’observation et de déduction mais également grâce aux nouvelles technologies qu’il pourra venir à bout de nombreuses enquêtes. Les scénaristes partent ainsi des nouvelles de Sir Conan Doyle pour les moderniser et les compléter d’idées judicieuses les unes plus que les autres.

Le dernier épisode de la saison 3 Son dernier coup d’éclat diffusé sur BBC One le 12 janvier 2014 finissait par l’extradition de Sherlock Holmes en Europe de l’Est pour travailler sous couverture. Quelques minutes après que l’avion emmenant ce fameux détective loin de l’Angleterre, tous les postes de télévision sont piratés et diffusent un message de Jim Moriarty annonçant malgré sa mort (présumée) son retour. Après un tel cliffhanger, il fallait proposer un épisode pouvant faire patienter jusqu’en 2017 pour découvrir la quatrième saison. C’est donc par le biais d’un épisode spécial Noël (le second si on compte le mini épisode de 2013) que revient notre personnage télévisuel favori. Les scénaristes Mark Gatiss et Steven Moffat comprennent l’immense attente des très nombreux spectateurs mais ne se contentent pas de livrer un simple épisode. Ils réussissent plutôt par une magnifique idée à réinjecter les personnages en pleine fin du dix-neuvième siècle. Dès la première scène prégénérique fidèle à la série nous sommes transportés en 1895 et découvrons les personnages de Sherlock Holmes et John Watson via leur première rencontre. Cette idée des scénaristes est un brillant hommage à Sir Conan Doyle car elle replace les deux personnages dans l’espace temporelle des différents romans. On retrouvera ainsi également le frère de Sherlock Holmes et l’épouse de John Watson dans une intrigue pleine de rebondissements.

Dans cette époque victorienne propice à une société britannique à l’aube d’un nouveau siècle, les scénaristes s’inspirent de l’intrigue des Cinq pépins d’orange et aussi à d’autres épisodes tels Dernier Problème (1891) (via une scène importante) et Le rituel des Musgraves (1893). Une nouvelle fois la magie opère par un brillant scénario mais surtout par la présence de Benedict Cumberbatch. Il transcende une nouvelle fois son personnage, lui donne toute la force d’un héros littéraire. Un épisode de Sherlock malgré une mécanique qui semble être appliquée de manière parfaite n’est pas dénué d’originalité. Toujours à la recherche de moyens d’étonner les spectateurs et à montrer de nouvelles palettes d’un personnage adulé, les scénaristes nous livrent tout simplement un épisode parfait à l’humour distillé et aux scènes d’action nombreuses.

Alors que la plupart des séries actuelles témoignent de faiblesses autant scénaristiques qu’au niveau d’une réalisation trop lisse et de jeux de comédiens trop mécaniquement appliqués, seule la série Sherlock continue à prouver que la télévision est capable de tenir tête à des œuvres cinématographiques. Même si des séries comme Game of Thrones, Flash et Arrow ont retenu notre attention aucune n’arrive à avoir ce petit grain de folie salvatrice que seule Sherlock peut nous proposer. Une nouvelle fois Benedict Cumberbatch se révèle être le meilleur comédien actuel de notre petite lucarne. Il donne à la série un prestige certain. Sherlock l’abominable mariée se révèle être également l’un des meilleurs épisodes de la série, ce qui tient presque du miracle.

L’autre originalité de cet épisode est de bâtir un lien entre notre époque actuelle dans laquelle les personnages évoluent et cette période victorienne. Mystique et proche d’être un conte gothique cette histoire nous rappelle surtout à quel point les productions britanniques de BBC sont d’une qualité rare et surtout capables de rivaliser avec les nombreuses séries américaines actuelles. On pense ainsi notamment par l’ambiance de certaines scènes à des films de Tim Burton tels Sleepy Hollow : La Légende du cavalier sans tête (1999) mais aussi Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street (2008). Le réalisateur Douglas Mackinnon qui a signé également des épisodes de la série Doctor Who donne ainsi à ce jour sa plus grande réussite et met en image un scénario maîtrisé.

Sherlock s’impose donc comme un épisode culte à dévorer, à voir et revoir et surtout nous fera patienter avant de découvrir la saison quatre de notre série préférée. Pour commencer l’année, nous ne pouvions pas rêver mieux.

Vu le 01 janvier 2016 sur BBC One en VO

Note de Mulder: