Creed

Creed
Titre original:Creed
Réalisateur:Ryan Coogler
Sortie:Cinéma
Durée:134 minutes
Date:13 janvier 2016
Note:

Adonis Johnson n'a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d'être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D'abord réticent, l'ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter…

Critique de Mulder

« Ce qui compte, c’est pas la force des coups que tu donnes, c’est le nombre de coups que tu encaisses tout en continuant d’avancer. Ce que t’arrives à endurer tout en marchant la tête haute. » - Rocky Balboa

Certaines saga occupent une grande place aussi bien dans nos cœurs de cinéphiles mais aussi dans nos mémoires. Dès le premier volet sorti en salles un 25 mars 1977 et réalisé par John G. Avildsen, le personnage de Rocky Balboa avait marqué nos mémoires par sa volonté de réussir, de ne plus être un outsider et de se battre coûte que coûte. Le personnage de Rocky Balboa créé par Sylvester Stallone reste inséparable de ce comédien, scénariste et réalisateur qui a su se construire une intéressante filmographie et gagner le respect du public. Récompensé par trois oscar en 1977 (meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur montage), le film allait connaître plusieurs suites également scénarisées et réalisées par Sylvester Stallone (Rocky II (1979), Rocky 3 (1982), Rocky 4 (1985) Rocky Balboa (2006)) et une uniquement scénarisée par lui et réalisée de nouveau par John G. Avildsen (le volet le plus faible de la saga). Le dernier volet en date était l’un des plus réussis par son approche nostalgique d’un boxeur ayant quitté le ring et ayant perdu sa femme Adrian (victime d’un cancer). Ce film marquait également son dernier combat qu’il perd après avoir montré qu’il restait un excellent boxeur malgré son âge. Cette saga était marquée par des personnages secondaires forts tels Apollo Creed (présent dans les quatre premiers volets), Adrian Pennino (la femme de Rocky) et Paulie Pennino (le frère d’Adrian)…

Creed, l’héritage de Rocky Balboa se veut à la fois une suite à cette saga incontournable mais surtout un spin-off en présentant le personnage Adonis Johnson Creed, fils illégitime d’Apollo Creed. La mécanique des premiers films marquée par plusieurs combats de boxe, des phases d’entraînement intensif et le développement des personnages principaux a servi de base au co-scénariste (avec Aaron Covington) et réalisateur Ryan Coogler. Sylvester Stallone laisse donc l’écriture du film à deux scénaristes mais reste consultant sur celui-ci concernant l’évolution de son personnage. Creed, l’héritage de Rocky Balboa n’est que le second film de Ryan Coogler après Fruitvale Station (2013, Grand prix du jury du Festival de Sundance) qui avait déjà comme acteur principal Michael B. Jordan. Attachés au personnage de Rocky Balboa les scénaristes reprennent donc logiquement les éléments des films précédents en les citant à différentes reprises (notamment ce troisième combat entre Apollo Creed et Rocky Balboa) et lors d’une scène en faisant une allusion aux personnages d’Adrian et Paulie. Rocky Balboa continue donc à travailler dans son restaurant, son fils est parti travailler au Canada. Fatigué, il a abandonné les gants mais continue par être passionné par la Boxe et respecté par la population de Philadelphie pour son courage et le fait qu’il a marqué l’histoire de ce sport. Lorsqu’Adonis Johnson Creed recueilli par la veuve d’Apollo Creed qui l’a élevé comme son propre fils décide de suivre les traces de son père, il part pour Philadelphie pour rencontrer le personnage interprété par Sylvester Stallone et lui demander de devenir son entraîneur comme le fut dans le passé son père pour Rocky Balboa.

Comme pour les précédents volets, le réalisateur suit les traces de Sylvester Stallone et réussit à donner une réelle épaisseur aux personnages. Il reprend ainsi les différentes phases d’entraînement que doit suivre Adonis Johnson Creed pour pouvoir affronter sur le ring trois grands champions de boxe interprétés par Tony Bellew, Andre Ward et Gabe Rosado (véritables boxeurs). Pour renforcer la crédibilité des scènes du film celui-ci se déroule réellement dans ses clubs de sport reconnus (la Delphi Boxing Academy, le Mighty Mick’s Boxing, la Front Street Gym et le Holiday Gym). Comme les films précédents, on retrouve de véritables commentateurs sportifs et présentateurs également (Max Kellerman, Jim Lampley, Michael Wilbon Anthony Kornheiser, Hannah Storm, Michael Buffer).

Parfaitement scénarisé et surtout perpétuant la nostalgie inspirée par le personnage de Rocky Balboa, le film est passionnant, maîtrisé et surtout témoigne que Michael B. Jordan a tout d’un grand comédien (on oubliera pour l’occasion sa prestation dans Les 4 Fantastiques (2015)). Aussi convaincant dans les nombreux moments dramatiques (on n’en dira pas plus pour préserver tout l’émotion suscitée par ce film) que sur le ring. Digne héritier de l’esprit de Rocky Balboa, il combat sur le ring ses propres démons mais aussi de manière noble et courageuse. Le comédien a dû réellement s’investir dans son rôle, s’entraîner dur et cela se sent à chacune des scènes du film.

On retrouve donc le même plaisir dans ce film que dans les volets précédents. Les scènes d’entraînement sont tout aussi fortes et les combats de boxe sont parfaitement chorégraphiés. Le dernier combat du film met tout simplement le spectateur au tapis en le mettant complètement dans l’action. Creed , l’héritage de Rocky Balboa est le parfait amalgame entre l’épisode IV pour ses scènes de combat spectaculaires et de l’avant dernier volet pour l’émotion suscitée en suivant ce film. Il est impossible de ne pas être ému en voyant le personnage de Rocky Balboa vieilli et face à des problèmes importants de santé..

Le réalisateur apporte également un second souffle à la saga non seulement par une réalisation irréprochable collant aux personnages et cherchant constamment le bon angle pour renforcer les scènes fortes du film. Faisant preuve d’originalité les lieux d’entraînement notamment un hôpital revigore complètement la saga devenue culte et symbolisant d’une certaine manière l’ »American Way of life ». Les scénaristes n’oublient pas pour autant de placer le film dans un monde où la technologie est omniprésente (la scène du cloud est mémorable). Le thème de la famille et de l’héritage d’un nom occupe également une place importante dans le film. Creed, l’héritage de Rocky Balboa dépasse ainsi nos attentes et s’impose comme la première réussite de l’année, un blockbuster intelligent, sensible et inspirant. On souffre avec ces personnages, on est ému et on finit par applaudir en se disant que Creed, l’héritage de Rocky Balboa est le genre de films que nous aimerions voir plus souvent au cinéma. C’est surtout à ce jour le meilleur rôle de Sylvester Stallone un acteur qui s’est battu pour qu’on lui laisse sa chance d’interpréter Rocky Balboa, un comédien à l’écoute de son public et qui a mérité réellement de recevoir lors de la cérémonie des Golden Globe le prix du meilleur second rôle..

Vu le 10 janvier 2016 au Cinéma Le Grand Rex, La Grande Salle , en VO

Note de Mulder: