Livre de la Jungle (Le)

Le nouveau film de Jon Favreau (Iron man 1&2 (2008-2010), #Chef (2014)) ne se contente pas d’être simplement un remake du film d’animation de Wolfgang Reitherman (1967) mais surtout de donner vie de manière réaliste à ses personnages qui ont marqué notre enfance. Publié en 1894, le livre en deux volumes de Rudyard Kipling est à la base un recueil de nouvelles racontant chacune de manière épisodique des histoires mettant en scène la jungle et ses nombreux animaux sauvages. Ces histoires avaient comme volonté d’avoir un apport éducatif destiné aux jeunes enfants comme mettre en avant les règles de la jungle (dont le film se réfère à plusieurs reprises), l’aspect des castes des animaux (le groupe d’éléphant, de loups..). Ces histoires n’avaient pas toutes comme héros le jeune Mowgli mais se terminait chacune par un chant. Ce dernier est repris aussi bien dans le film d’animation que dans cette nouvelle adaptation.

Comme dans le film d’animation l’aventure débute par l’ouverture d’un livre nous contant l’histoire de Mowgli. L’ingéniosité du scénario de Justin Marks est de commencer le récit par une allusion à l’attraction du parc Disneyland dédiée à ce film d’animation. L’effet nostalgique fonctionne ici à merveille. Le scénario ne se contente malgré tout pas à être une simple relecture du film de 1967. On découvre ainsi Mowgli plusieurs années après sa naissance alors qu’il vit paisiblement dans la communauté des loups qui l’a adopté comme un des leurs. De nombreuses autres modifications sont apportées et permettent de donner au film une plus grande fluidité scénaristique et surtout de revisiter avec une tendresse infinie une œuvre adaptée à plusieurs reprises sous différents formats.

On retrouve ainsi tous les animaux attachants présents dans le Livre de la jungle comme dans les rôles secondaires importants Bagheera la panthère noire, Baloo l’ours, Kaa le python, Shere Kan le tigre du Bengale mais aussi Rashka la louve. Ces animaux sont dotés de la parole ce qui confère à ce film toute la magie présente dans le classique Disney. Cependant tous les animaux présents dans le film ne sont pas doués de la parole comme les éléphants comme ce fut le cas dans le film d’animation. Le réalisateur Jon Favreau déjà à l’aise pour travailler avec des effets spéciaux a parfaitement pu s’adapter à cette approche dans laquelle seul Mowgli est interprété par une véritable personne tandis que tous les animaux sont des images de synthèse parfaitement implantées dans des décors reconstruits en studios. Un véritable travail de recherche fut donc apporté pour donner vie de manière réaliste aux nombreux animaux et surtout à la jungle comme lieu unique d’action. Les prouesses technologiques mises au service de cet excellent divertissement s’estompe totalement pour permettre aux spectateurs de s’attacher à ces nombreux personnages. De la même manière le choix du jeune comédien Neel Sethi se révèle parfait car il renvoie de manière inconsciente au personnage du long métrage d’animation.

De la même manière la version de 1967 était clairement destinée à un jeune public par sa tonalité infantile qui en ressortait. L’approche du réalisateur Jon Favreau gomme totalement cet aspect pour en faire un divertissement familial à plusieurs degrés de lecture. Un autre aspect important de cette nouvelle version du Livre de la jungle est de reposer sur un casting vocal parfaitement en phase avec les personnages. On retrouve ainsi dans les voix américaines Ben Kingsley (Bagheera), Bill Murray (Baloo), Idris Elba (Shere Khan), Scarlett Johansson (Kaa), Christopher Walken (Le Roi Louie), Lupita Nyong'o (Rakcha). Pour la version française, l’ingéniosité du procédé est de donner au Roi Louie la voix d’Eddy Mitchell ce qui devrait donner un excellent numéro musical sur la chanson Etre un homme comme vous. On retrouvera également les comédiens Lambert Wilson (Baloo), Leïla Bekhti (Kaa) et Cécile de France (Rakcha) parmi les voix françaises.

The Walt Disney Company continue avec le Livre de la Jungle a donné vie à un de leur chef d’oeuvre animé. Ainsi après Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton (2010), Maléfique de Robert Stromberg (2014), Cendrillon de Kenneth Branagh (2015) Le Livre de la jungle continue cette tendance à revisiter les classiques de l’âge d’or. Ce film constitue à ce jour un tel trésor d’ingéniosité qu’il s’impose dès sa découverte comme une réussite exemplaire et la meilleure adaptation live dont pouvait rêver tous les passionnés du film d’animation de 1967.

(Cette critique a été écrite après avoir revu le film d’animation de Wolfgang Reitherman (1967))

Vu le 22 mars 2016 au Pathé Beaugrenelle, Salle 13, en VO

Note de Mulder: