Demolition

Demolition
Titre original:Demolition
Réalisateur:Jean-Marc Vallée
Sortie:Cinéma
Durée:101 minutes
Date:06 avril 2016
Note:

Banquier d'affaires ayant brillamment réussi, Davis  a perdu le goût de vivre depuis que sa femme est décédée dans un tragique accident de voiture. Malgré son beau-père qui le pousse à se ressaisir, il sombre de plus en plus. Un jour, il envoie une lettre de réclamation à une société de distributeurs automatiques, puis lui adresse d'autres courriers où il livre des souvenirs personnels. Jusqu'au moment où sa correspondance attire l'attention de Karen, la responsable du service clients. Peu à peu, une relation se noue entre eux. Entre Karen et son fils de 15 ans, Davis se reconstruit, commençant d'abord par faire table rase de sa vie passée …

Critique de Mulder

“I work hard everyday Come rain or shine And I don't need no one To tell me 'bout a girl of mine She's got so much love And she saves it all for me I would not be lying That's the way it's got to be” Free- Mr Big

Si dans le nouveau film une scène sort réellement des autres et impose Jake Gyllenhaal comme l’un des meilleurs comédiens actuels c’est bien celle dans laquelle le personnage de Davis qu’il interprète se laisse envahir par ses ressentis sur la musique du groupe Free, Mr Big. Cette scène nous rappelle bien évidemment celle du film Risky Business de Paul Brickman (1983) dans laquelle Tom Cruise esquisse quelques pas endiablés sur Old Time Rock and Roll de Bob Seger. Dans les deux cas, ces personnages en perte de repères tentent de s’exprimer librement. Malheureusement ce moment fort du film n’arrive pas à se retrouver dans d’autres scènes de Demolition.

Sur le scénario de Bryan Sipe (Valentine (2011), le film nous dresse le portrait d’un homme détruit psychologiquement par la mort de sa femme suite à un accident tragique. Davis ne vivait que pour son travail et pour sa compagne qui lui donnait la force d’avancer et grâce à laquelle il avait pu intégrer une grande compagnie tenue par le père de celle-ci. Face à cette disparition, Davis va perdre ses repères et se laisser consumer par une soif de démolition (au point de vouloir raser sa maison avec une pelleteuse). Le réalisateur canadien Jean-Marc Vallée avait pu obtenir une reconnaissance mondiale par ses films précédents C.R.A.Z.Y (2005) , Dallas Buyers club (2013) et Wild (2014). On ressent dans son cinéma un attrait pathologique pour les personnages blessés et leur volonté de se battre ou de se laisser submerger par leurs sentiments. Il trouve avec Demolition le sujet parfait pour exprimer toutes les thématiques qui lui tiennent à cœur. Il peut s’appuyer sur un casting solide composé de Jake Gyllenhaal, Naomi Watts et Chris Cooper.

De nombreux films ont abordé la thématique du deuil tels Jardins de pierre (1987), Crossing guard(‘1995), La chambre du fils (2001). Demolition trouve aisément sa place grâce à un casting solide et la volonté du réalisateur de livrer une approche différente et post 11 septembre. Le message du film est ainsi de savoir profiter de la vie à chaque instant et surtout savoir s’abandonner et prendre des risques. La vie peut nous permettre de faire de belles rencontres et il ne faut pas se contenter de penser que l’argent fait le bonheur. Ce film nous montre ce message à la perfection . Le réalisateur peut également de nouveau s’appuyer après Dallas buyers club et Wild sur son directeur de la photographie Yves Bélanger afin de mieux capter les émotions des personnages.

Le film permet surtout de voir dans le comédien Jake Gyllenhaal l’avenir du cinéma hollywoodien. Depuis Donnie Darko (2001) qui a pu le révéler au grand public, ce comédien n’a de cesse de trouver des projets intéressants et non uniquement dictés par des raisons financières uniquement. Des films comme Le Secret de Brokeback Mountain (2005), Jarhead (2005), Brothers (2009à), Source Code (2011), Prisoners et plus récemment Night call (2014), La rage au ventre (2015) ont montré que ses choix de carrière étaient non seulement ambitieux mais aussi risqués. Son nouveau film Demolition confirme son talent sans limite et surtout qu’il continue à nous étonner et à chercher des projets originaux loin des sirènes hollywoodiennes pour notre plus grand bonheur.

Vu le 6 avril 2016 au Club de l’Etoile , en VO

Note de Mulder: