Gods of Egypt

Gods of Egypt
Titre original:Gods of Egypt
Réalisateur:Alex Proyas
Sortie:Cinéma
Durée:128 minutes
Date:06 avril 2016
Note:

Dans une époque ancestrale, durant laquelle les Dieux vivaient parmi les hommes, la paix règne en l’Egypte. Mais Seth, Dieu du désert, qui convoite le pouvoir, assassine le roi et condamne Horus à l’exil, plongeant le royaume d’Egypte dans le chaos. C’est l’intervention d’un jeune voleur, Bek, qui va sortir Horus de sa prison. Ensemble, ils se lancent dans une aventure épique qui va donner lieu à une guerre sans précédent. Jusqu’aux frontières de l’au-delà, monstres et armées des dieux se déchainent dans une lutte dévastatrice…

Critique de Mulder

Alex Proyas fait partie de ces grands réalisateurs ayant réussi à construire des univers visuels passionnants et d’une intelligence raffinée. Dès son deuxième film The Crow (1994) ce réalisateur avait redonné toute la force visuelle d’un comics culte de James O'Barr. Ses films suivants Dark city (1998) et I Robot avaient pu l’imposer comme un réalisateur capable de livrer des blockbusters intelligents et parfaitement maîtrisés. Certes son avant dernier film Prédictions (2009) ne semblait plus aussi inspiré et n’avait plus la même patine que ses films précédents. Son nouveau film Gods of Egype, son plus mauvais à ce jour, malheureusement semble montrer que le réalisateur n’arrive pas à retrouver l’essence même de son œuvre. Gods of Egypt apparaît comme un ersatz du Choc des Titans (2010) de Louis Leterrier mais avec des effets spéciaux guère convaincants et des comédiens manquant cruellement de présence à l’écran (hormis Gerard Butler).

Dans l’Egypte ancienne les hommes et les Dieux vivaient en harmonie jusqu’à l’assassinat du Dieu Roi égyptien par l’un de ses deux fils Seth. Ce dernier s’est emparé du trône et a réussi à chasser hors de son royaume son frère Horus destiné à régner en Egypte. Le jeune voleur Bek suite également à l’assassinat de sa compagne Zaya (Courtney Eaton) décide d’aller quérir l’aide d’Horus pour ramener la paix dans son royaume. Le film bénéficiant d’un budget colossal (plus de cent quarante millions) semble devenir peu à peu un simple outil pour déferler un nombre impressionnant d’effets spéciaux plus ou moins réussis pour cacher les trop nombreuses zones d’ombre d’un scénario calamiteux. Pourtant le réalisateur réussit à sauver son film du naufrage total en nous proposant un grand film d’aventure à l’ancienne et surtout un hommage à peine caché au film Le Septième voyage de Sinbad (1958). Le film a ainsi pu bénéficier du travail de nombreux studios importants tels Tippett Studios pour l’animation en stop-motion et en images de synthèse mais aussi loura et Rising Sun Pictures ; la Aaron Sims 5 Company et Rodeo FX, Il en ressort des effets spéciaux convaincants mais aussi certains décevants. Le réalisateur semble parfaitement à l’aise à l’intégration de ces nombreux effets spéciaux par son expérience passée sur ces nombreux films précédents. L’égypte ancienne semble être le lieu parfait pour mettre en place de nombreux affrontements entre les hommes et des créatures fantastiques. L’excellente scène avec le Sphynx confirme bien cela.

Le scénario co-écrit par Matt Sazama et Burk Sharpless présente de véritables faiblesses et ne permet pas au film de trouver son juste équilibre et d’entraîner les spectateurs dans une aventure pleine de rebondissements. Certes venant des scénaristes de Dracula Untold (2014) et Le Dernier chasseur de sorcières (2015) il ne fallait pas s’attendre à un scénario parfait. Un tel film aurait mérité de meilleurs fondations et non se contenter de remplir trop sagement le cahier des charges demandées et de se fondre dans un moule préétabli. Gods of Egypt de ce fait s’apparente bien trop souvent comme une vidéo faite pour tester le son et les qualités de l’écran de nos salles de cinéma mais reste confondant d’une froideur profonde. De la même manière, les personnages n’arrivent pas à posséder une réelle épaisseur et la voix off mal utilisé a tendance à casser le rythme du film plutôt qu’à lui donner l’essor nécessaire.

Le film n’est pas mauvais pour autant mais déçoit de ne pas pouvoir tirer le maximum de son excellent casting. En dehors des trois rôles principaux tenus par Brenton Thwaites (The giver (2014), Maléfique (2014)), Gerard Butler et Nikolaj Coster-Waldau (Jaime Lannister dans la série culte Game of Thrones) on retrouve aussi les comédiens Geoffrey Rush, Chadwick Boseman (le futur Black Panther des studios Marvel), Rufus Sewel. Dans les deux rôles féminins importants Elodie Yun (vue récemment dans l’excellente seconde saison de Daredevil) et la jeune nouvelle comédienne Courtney Eaton. Ce casting sauve le film de son scénario trop prévisible mais ne suffit pas à lui donner matière suffisante pour l’imposer comme modèle du genre. C’est bien dommage et cela explique en partie l’échec artistique et publique de ce film sur le territoire américain. Venant du réalisateur Alex Proyas on attendait nettement mieux qu’un simple film de commande et indigne de son talent réel à créer des univers solides.

Vu le 8 avril 2016 au Gaumont Disney Village, Salle 09, en VF

Note de Mulder: