My life directed by Nicolas Winding Refn

My life directed by Nicolas Winding Refn
Titre original:My life directed by Nicolas Winding Refn
Réalisateur:Liv Corfixen
Sortie:Cinéma
Durée:60 minutes
Date:27 avril 2016
Note:

Liv Corfixen est femme de réalisateur. Une position qui n'est pas toujours aisée, et elle tient à nous le prouver dans un documentaire qu'elle a entièrement écrit et réalisé. En obtenant le Prix de la mise en scène à Cannes en 2011 pour son film DRIVE, le Danois Nicolas Winding Refn jouit d'un statut de cinéste culte : adulé par le public, consacré par la critique, il a désormais pour principale préoccupation de rendre ce succès pérenne. Ainsi, lorsqu'il début le tournage de son nouveau projet ONLY GOD FORGIVES en 2013, il s'inquiète : ce film, plus confidentiel, saura-t-il répondre aux attentes de ses spectateurs ? 

Critique de Original Grinou

Après le succès de « Drive », Nicolas Winding Refn s’attèle à « Only God Forgives ». Sa femme Liv a décidé de suivre son mari dans cette aventure. Filmé de manière chronologique de Paris à Bangkok en passant par Copenhague et Cannes, la réalisatrice dévoile l’intime, l’envers du décor. Le spectateur se retrouve au plus proche de la vie de Nicolas. Comment vivre une vie de famille lors de la réalisation d’un film ? « My life directed by Nicolas Winding Refn », titre très évocateur, est comme une réponse, un début de thérapie de couple pour Nicolas et Liv.

Le documentaire démarre sur une scène inattendue où Alejandro Jodorowsky tire les cartes à Nicolas avant son départ pour la Thaïlande. Deux choses en ressortent : il ne faut pas qu’il soit obsédé par le succès lors de la création et sa femme doit être là pour l’aider. C’est pour ne pas sombrer que Liv décide de filmer son mari et leur couple dans cette aventure. Le tournage d’ « Only God Forgives » doit durer six mois à Bangkok. Il était hors de question pour Liv de supporter de nouveau l’absence de son mari aussi longtemps. Pour « Drive », le tournage avait duré dix mois. C’est donc avec femme et enfants que Nicolas arrive en Asie. Intrusif, le documentaire est au plus proches des affres de la création, nous sommes confronter aux doutes et à la solitude qui secouent le réalisateur.

« Compliqué », « incompréhensible », Nicolas souffre en réalisant son film. Sera-t-il compris par le public ? Gaie sur le plateau, il déprime en rentrant chez lui. Son moral est une vraie montagne russe. Le couple en souffre. Nicolas se referme et n’est pas facile. Des moments de répit sont présents lorsque Ryan Gosling est là. D’ailleurs, scène mémorable entre eux deux lorsqu’ils se rendent à deux heures de Bangkok dans un festival de cinéma pour avoir de l’argent en cash pour payer les bakchichs sur le tournage. Un lien fort unit Ryan et Nicolas, Liv le montre à merveille à travers plusieurs plans sur et hors du tournage. Caméra au poing, elle filme tout. Elle montre tout.

Les moments de grâce sont rares et ne perdurent pas. De retour à Copenhague, Nicolas est en montage. Ce n’est plus la déprime qui l’anime mais la mauvaise, très mauvaise humeur. « C’est fini et c’est mauvais. Cela ne marche pas » Sa femme tente de le raisonner, il s’emporte « Tu ne comprends pas, ça ne fonctionne pas. Ce n’est pas ce que j’espérais. » C’est dans cette ambiance que la famille arrive à Cannes. Le gourou Jodorowsky tire les cartes à Liv. Il en ressort que pour qu’elle existe il faut qu’elle divorce. D’humeurs moroses et stressés Nicolas, Liv et leur fille se rendent au palais pour la projection d’ « Only God Forgives ». Leur fille a cette petite phrase pour détendre son père « ce n’est qu’un film ». Réaction mitigée, il est intéressant de voir Nicolas lire les critiques en se demandant « pourquoi sont-ils si méchant ? ».

Ce documentaire, qui se déroule lors du tournage d’ « Only Gods Forgives » n’est pas un making of. Liv Corfixen ne rentre pas dans la lignée des femmes de réalisateur qui magnifie l’œuvre de leur époux, comme peut l’être « Heart of Darkness » d’Eleanor Coppola. « My life directed by Nicolas Winding Refn » est d’une grande richesse. Il permet à travers l’œil critique de sa femme de suivre à chaque étape de la genèse, à la création puis à la diffusion, le travail d’un grand réalisateur, tout en mélangeant l’intime.

Liv termine son documentaire avec cette phrase « - Pas facile de vivre avec un homme comme toi ?  La réponse de Nicolas est sans appel : Non. »

Vu le lundi 7 mars au club 13 en VO

Note de Original Grinou: