Cafe Society

Cafe Society
Titre original:Cafe Society
Réalisateur:Woody Allen
Sortie:Cinéma
Durée:96 minutes
Date:11 mai 2016
Note:

New York, dans les années 30. Coincé entre des parents conflictuels, un frère gangster et la bijouterie familiale, Bobby Dorfman a le sentiment d'étouffer ! Il décide donc de tenter sa chance à Hollywood où son oncle Phil, puissant agent de stars, accepte de l'engager comme coursier. À Hollywood, Bobby ne tarde pas à tomber amoureux. Malheureusement, la belle n'est pas libre et il doit se contenter de son amitié.  Jusqu'au jour où elle débarque chez lui pour lui annoncer que son petit ami vient de rompre. Soudain, l'horizon s'éclaire pour Bobby et l'amour semble à portée de main…

Critique de Mulder

Café Society marque les retrouvailles entre un réalisateur et sa ville préférée New York. Après de nombreux films tournés en Europe (de Match Point (2005) à L’homme irrationnel (2015) ces dix dernières années, le réalisateur a de nouveau retrouvé son Amérique qu’il apprécie tant. Il oppose ainsi avec une intelligence rare la vie dissolue hollywoodienne à un New York dans laquelle la pègre semble installer pour tenir les rênes de la ville. Woody Allen nous décrit donc l’Amérique des années 30 à travers les déboires romantiques d’un jeune idéaliste, Bobby Dorfman souhaitant tenté sa chance à Hollywood et travailler dans l’agence de oncle, un agent de stars de cinéma. C’est par l’intermédiaire de celui-ci qu’il va faire la rencontre de la jeune Vonnie. Cette dernière est en secret la maîtresse de l’oncle de Bobby.

Le film se focalise ainsi dans une première partie la plus intéressante sur un trio de personnages et de leur relation. Le réalisateur bénéficie ainsi dans ses trois rôles de Steve Carell (parfait dans le rôle dramatique de l’oncle), Jesse Eisenberg (Bobby) et surtout de la présence de la sublime Kristen Stewart. Celle-ci domine totalement le film au point de faire de chacune de ses apparitions les meilleures scènes du film. Le duo Jesse Eisenberg et Kristen Stewart se retrouve ainsi pour la troisième fois après Adventureland : un job d'été à éviter (2008) et American Ultra (2015).Il forme ainsi le duo littéraire maudit par excellence qui ne pourra jamais être ensemble. Cette première partie se déroule pratiquement dans un Hollywood en plein essor dans lequel des stars naissent régulièrement et dans laquelle l’agence de l’oncle Phil connaît un essor véritable. On ressent ainsi l’attrait que le réalisateur a pour cet ancien Hollywood dans lequel il semble avoir sa place parmi les grands réalisateurs. Loin du Hollywood actuel dans lequel les effets spéciaux sont devenus indispensables pour donner aux spectateurs du grand spectacle quitte à diminuer la présence de comédiens pourtant émérites. Le personnage de Bobby Dorfman devient ainsi la personnalisation du réalisateur et le vecteur parfait pour faire passer un dialogue savoureux et sonnant juste. Le réalisateur ne se contente ainsi que d’être la voix off du récit. Cette approche donne au film une véritable tonalité littéraire.

La seconde partie marque le retour de Bobby Dorfman à New York suite à sa déconvenue amoureuse avec Vonnie ayant décidé de se marier avec l’oncle Phil. Cette partie illustre totalement le titre du film dans la manière que Bobby se retrouve peu à peu à diriger le café de son frère et d’en faire un lieu incontournable de la haute société new-yorkaise. Une nouvelle fois on reconnaît bien la passion dévorante du réalisateur pour cette ville. Woody Allen signe ici à travers l’opposition de deux microcosmes Los Angeles / New York tout simplement son meilleur film depuis Meurtre mystérieux à Manhattan (1993). Derrière ce portrait de l’age d’or d’Hollywood et d’un New York en plein essor, le réalisateur dresse le portrait d’une Amérique rayonnante culturellement et dans laquelle il est encore possible de construire sa réussite à force de travail. Véritable bilan de ces œuvres de ces dernières années, Cafe Society marque aussi la première collaboration entre le réalisateur et Amazon Studios un jeune studio américain souhaitant faire sa place parmi les plus grands.

Enfin comme à chacun des films de Woody Allen la musique (le jazz) occupe une place prépondérante. Ce n’est donc pas un pur hasard d’assister pendant celui-ci à de nombreux numéros musicaux que cela soit dans le Café Society ou dans un club privé. Fort des ces nombreuses qualités, ouvrir le festival de Cannes 2016 par ce film est non seulement une reconnaissance de plus à apporter à l’un des réalisateurs américains du cinéma indépendant les plus importants mais aussi un moyen de rendre hommage à un des auteurs les plus incontournables de notre culture actuelle.

Vu le 13 mai 2016 au Gaumont Disney Village, Salle 02, en VO

Note de Mulder: