Money Monster

Après une carrière en tant que comédienne et couronnée de deux Oscar de la meilleure comédienne (Les Accusés (1989), Le Silence des agneaux (1992)) Jodie Foster semble trouver un plus grand plaisir à la réalisation de séries et à continuer à mettre en scène des films. Dès son pemier film Le petit homme (1991) pour la télévision à son premier film Week-end en famille (1995), elle semble prendre réellement ses projets en fonction de son inspiration. Il aura ainsi fallu attendre seize ans entre son deuxième et troisième film Le Complexe du Castor dans lequel elle donnait le premier rôle à Mel Gibson. Après deux épisodes réalisés pour la série de Netflix Orange is the New Black et un épisode pour la série House of Cards, Money Monster marque son grand retour derrière la caméra. Sur la base d’une idée originale et d’un scénario d’Alan Difiore et Jim Kouf et épaulé pour ce dernier par Jamie Linden, Jodie Foster nous livre un film pratiquement en temps réel.

Money Monster brocarde ainsi les travers de la télévision et de l’influence néfaste qu’elle peut avoir sur les téléspectateurs. En prenant l’exemple d’une émission tenue par un gourou de la finance de Wall Street, le film nous présente une prise d’otage spectaculaire en direct. Dans le rôle de ce personnage haut en couleur on retrouve George Clooney très inspiré. Ainsi Lee Gates fait partie de ces animateurs dont le métier constitue la plupart de leurs occupations. Divorcé à de nombreuses reprises et à l’égo surdimensionné, son personnage est épaulé par une directrice des programmes sur le départ interprétée ici par Julia Roberts. Dans le rôle du preneur d’otage on retrouve le comédien Jack O’Connell (300 : La naissance d'un Empire (2014), Invincible (2014)..). Le film gagne beaucoup par la connivence réelle entre les comédiens George Clooney et Julia Roberts. Il s’agit ainsi de leur quatrième fois qu’ils ont l’opportunité de tourner ensemble (Ocean’s Eleven (2001), Ocean’s Twelve (2004), Confessions d'un homme dangereux (2002).

Derrière une intrigue pourtant simple, il y a un véritable challenge qui se dégage de ce film. En effet celui-ci a été tourné pratiquement en temps réel avec des caméras de télévision (celles que l’on voit dans le film) et de cinéma qui ont servi à tourner réellement le film. Il fallait pour ce faire une véritable méthodologie pour rendre réel et probant ce qui ne l’est pas. Derrière cette satire du monde de la télévision, se dresse un thriller impitoyable sur les travers de Wall Street. Si money Monster est un thriller aussi prenant jusqu’à la dernière minute du récit c’est en partie dû à un scénario parfaitement maîtrisé et à une direction de comédiens parfaite. Dans ce sens, Money Monster s’impose comme le meilleur film de Jodie Foster.

Les bons films en temps réel sont plutôt rares. Il faut en effet éviter dans une mise en scène trop théâtrale. On pourra ainsi retenir les films La corde (1948), Douze hommes en colère (1957) Phone Game (2002) et 16 blocs (2006). Dans tous ces cas la réussite revient comme ici à un scénario parfaitement maîtrisée mais également à une mise en scène parfaite et à des comédiens totalement investis. Dans le cas de Money Monster tous ces ingrédients sont parfaitement réunis pour donner un film totalement immersif et passionnant.

Le film s’impose également comme l’un des meilleurs thrillers de cette année. Derrière son traitement mettant en exergue le danger des médias et de la diffusion d’information non contrôlées Jodie Foster livre un constant sanglant d’un pays vampirisé par les médias dont la télévision présente dans chacun des foyers américains se trouve être utilisée à mauvais escient le pire des instruments de masse. Money Monster est un pamphlet médiatique d’une rare intelligence que l’on aimerait voir plus souvent au cinéma.

Vu le 13 mai 2016 au Gaumont Disney Village, Salle 10, en VF

Note de Mulder: