Ils sont partout

Ils sont partout
Titre original:Ils sont partout
Réalisateur:Yvan Attal
Sortie:Cinéma
Durée:111 minutes
Date:01 juin 2016
Note:

Yvan se sent persécuté par un antisémitisme grandissant et il a l’habitude de s’entendre dire qu’il exagère, qu’il est paranoïaque. Lors de séances chez son psy, Yvan parle donc de ce qui le concerne : son identité, être français et juif aujourd’hui. Mais ces rendez-vous sont aussi et surtout une sorte de fil rouge reliant entre elles plusieurs histoires courtes qui tentent de démonter, sur le mode tragi-comique, les clichés antisémites les plus tenaces

Critique de Mulder

Il fallait une certaine dose d’audace et de courage pour proposer une comédie telle que Ils sont partout de Yvan Attal. Comment en effet aborder avec intelligence et le recul nécessaire l’antisémitisme de la meilleure manière que par une comédie à sketches. Suite aux attentats récents en région parisienne, ce film trouve toute sa force en voulant traiter d’un sujet difficile qu’est les nombreux préjugés antisémitismes. Co-écrit par la réalisateur et la scénariste Emile Frèche le film nous présente plusieurs sketches plus ou moins réussis. Liés par la présence du réalisateur dans le rôle d’un comédien se rendant de manière continue chez son psychiatre pour parler de sa paranoïa récurrente et sa difficulté d’être français et juif dans notre société actuelle.

Le choix plutôt judicieux de traiter d’un sujet aussi actuel sous forme de sketchs permet d’illustrer de manière dramaturgique les différents sujets qui tiennent à cœur au réalisateur et surtout de la bêtise humaine. Pour traiter de manière aussi juste, il fallait surtout au réalisateur une liberté totale de ton afin d’aborder des idées pouvant amener à la polémique. On reconnait dans ce film le même regard critique qui était déjà présent dans le premier film du réalisateur Ma femme est une actrice (2001). La comédie semble ainsi être le meilleur moyen pour ce réalisateur d’exorciser ses démons et de faire des films sur des idées qui lui sont chères.

Le réalisateur a également pu s’appuyer sur un excellent casting dans lequel on retrouve dans le premier sketch Benoît Poelvoorde (Boris un homme politique d’un parti d’extrême droite apprenant récemment qu’il est juif), Valérie Bonneton (Eva la compagne de Boris) mais également Dany Boon (Pascal), Charlotte Gainsbourg (Mathilde), Denis Podalydès (Talmudiste), Gilles Lellouche (Norbert et Jésus), François Damiens (Roger). Parfaitement choisi ses nombreux comédiens illustrent parfaitement le scénario et témoignent de l’inventivité permanente de ce film qui ne se contente pas d’être une succession de pure comédie. Les sketches certes sont inégaux mais témoignent d’un vrai travail de fond pour recenser tous les préjugés et les pulvériser avec un plaisir jubilatoire notamment dans le sketch relatif à Jésus et à une machine à remonter le temps.. Le réalisateur ose des idées audacieuses quitte à se retrouver face à un public qui risque d’être surpris voir mal recevoir ce constat guère élogieux de notre société actuelle.

Dans ce contexte actuel, Ils sont partout surprend, interpelle et surtout montre une fois de plus que le cinéma est un des meilleurs médias pour témoigner des maux actuels. Loin de chercher constamment à nous faire rire, le film atteint son objectif : nous divertir intelligemment et nous amener à la réflexion.

Vu le 17 mai 2016 à l’UGC Normandie, salle 03

Note de Mulder: