The Neon Demon

The Neon Demon
Titre original:The Neon Demon
Réalisateur:Nicolas Winding Refn
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:08 juin 2016
Note:

Une jeune fille débarque à Los Angeles. Son rêve est de devenir mannequin. Son ascension fulgurante et sa pureté suscitent jalousies et convoitises. Certaines filles s’inclinent devant elle, d'autres sont prêtes à tout pour lui voler sa beauté.

Critique de Mulder

« L'art est fait pour diviser, car si l'art ne divise pas, il ne pénètre pas, et s'il ne pénètre pas, vous ne faites que le consommer » Nicolas Winding Refn

Le réalisateur surdoué Nicolas Winding Refn ne cesse de nous étonner et surtout de vouloir surprendre les spectateurs. Son nouveau film The Neon Demon basé sur une de ses idées a été co-écrit avec l’aide de la scénariste Ma Laws. Il s’impose dès sa découverte comme un œuvre visuellement superbe et surtout comme un hymne troublant à la pureté retrouvée du genre horrifique. Sa filmographie débutée en 1996 par le film danois Pusher a toujours su attirer notre attention par son anticonformisme et surtout par une volonté d’amener une réelle approche visuelle digne des plus grands réalisateurs actuels. Après avoir réalisé le plus beau des hommages à la ville de Los Angeles dans Drive (2011), il revient avec The Neon Demon dans cette ville tentaculaire.

Dès la scène d’introduction présentant un shoot photo assez malsain, notre attention est captée et on ne lâchera plus jusqu’à la dernière scène du film. Une nouvelle fois, le réalisateur n’oublie pas que le fond et la forme sont deux facettes d’un film qu’il faut savoir magnifier et surtout un vecteur de réflexion. Nous découvrons donc une jeune fille innocente Jesse (magnifique Elle Fanning) qui vient d’arriver à Los Angeles avec l’espoir de devenir mannequin. Sans argent, ni connaissance, elle semble perdue et totalement happée par cette ville dangereuse et obnubilée par l’apparence. Son ascension trop rapide et les nombreuses jalousies qu’elle va décrocher auprès d’autres mannequins vont l’amener dans un univers malsain dans lequel elle n’en ressortira pas indemne.

The Neon demon semble avoir été écrit avec la volonté de revenir à un film d’horreur digne des plus grands réalisateurs. Il est ainsi impossible de ne pas penser à John Carpenter par l’utilisation de ces images et de cette musique omniprésente comme à David Lynch. Le film rappelle aussi l’excellent Mulholland Drive de David Lynch et aussi la violence graphique des premiers films de Tobe Hooper mais également à David Cronenberg. La recherche d’une nouvelle forme de récit symbolisée par une mise en scène brillante témoigne une fois de plus que Nicolas Winding Refn est un passionné de cinéma mais surtout tient à garder une totale indépendance.

De nombreux aspects du film nous renvoient aussi à l’analyse de nos cauchemars et surtout par une empreinte invisible des ténèbres qui semblent complètement posséder cet univers de la mode. Entre des séances de casting d’une violence rare, des personnages affables prêts à tout pour réussir, le film dresse un portrait de Los Angeles loin d’être en la faveur de cette ville dantesque. Le film n’a pas fait l’unanimité lors de la sa présentation dans le cadre de sa Sélection officielle du Festival de Cannes. Le réalisateur prend un certain plaisir à basculer le système hollywoodien et à transcender la beauté plastique de ces mannequins. Cette obsession de la quête de la beauté absolue s’approche de la folie comme le montre de nombreuses scènes de ce film.

Une nouvelle fois la collaboration du réalisateur avec le musicien Cliff Martinez amène au film une véritable valeur ajoutée et transcende certaines scènes d’une volupté effarante. Ce traitement entre l’image et le son renvoie aisément aux films de John Carpenter et surtout semble être un hommage à peine déguisé envers l’un des maîtres du cinéma horrifique. Le talent indéniable du réalisateur est de nouveau présent. Le film interpelle les spectateurs, risquent de les choquer par sa volonté d’avoir aucune limite visuelle liée à certains tabous.

De la même manière le film repose sur un casting intéressant dans lequel on retrouve la jeune comédienne Elle Fanning tout simplement parfaite pour représenter cette forme d’innocence. Remarquée dans des films tels récemment Dalton Trumbo (2015), mais aussi des films plus grand public comme Malféfique (2014) et Super 8 (2011), elle s’impose comme une grande comédienne capable de tout jouer à condition d’être parfaitement dirigée. La réussite du film lui renvient en partie tant son personnage présente une réelle épaisseur et sait capturer notre attention pendant tout le récit. Pour les seconds rôles le réalisateur bénéficie aussi d’un casting solide avec les comédiennes Jena Malone, Bella Heathcote, Abbey Lee, Christina Hendricks et les comédiens Keanu Reeves, Karl Glusman et Desmond Harrington.

Une nouvelle fois le film de Nicolas Winding Refn risque de diviser le public. On reconnaît en en cela sa force et sa faiblesse de proposer une véritable œuvre d’un artiste qui cherche constamment à transcender ses créations pour en faire des créations artistiques digne d’un talent sans limite. Les excellents films d’horreur sont plutôt trop rares sur nos écrans pour rater de découvrir dans une excellente salle de cinéma The Neon Demon.

Vu le 22 mai 2016 au Gaumont Opéra côté Capucines, Salle 1, en VO

Note de Mulder: