Hibou

Connu pour le duo qu’il a créé avec Eric Judor en 1996, Ramzy Bédia tente avec son premier film en qualité de réalisateur de proposer une œuvre plus personnelle. Il n’en oublie pas pourtant le comique de situation ni celui de l’absurde. Son film nettement dans le sillon des films de Michel Gondry (La science des rêvres (2005) et Soyez sympas, rembobinez (2008)) s’avère être une comédie originale sur la place de l’individu dans la société actuelle.

Derrière cette fable d’un homme trop discret pour être remarqué à son travail comme dans la vie de tous les jours décide un jour de se déguiser en hibou. Cette transformation est conditionnée par l’arrivée dans son appartement d’un hibou Grand-Duc. Alors que ses films précédents n’avaient pas particulièrement convaincus (La tour 2 contrôle infernale (2016), Lolo (2015)), Hibou semble témoigner d’une véritable envie de casser son image de benêt pour dévoiler un comédien à part entière. Epaulé par les scénaristes Fadette Drouard et François Uzan, Ramzy Bédia s’est totalement investi dans son premier film et cela se sent à chacune des scènes. On sent également une volonté de livrer une histoire sur l’identité et la place de l’individu dans la société.

La tonalité du film réussit ainsi à mélanger comédie, fantastique et dramatique avec un réel sens du spectacle. En voyant ce personnage de Rocky tenté de se faire aussi bien apprécier de ses collègues de travail aussi bien que pouvoir circuler librement et en étant vu et remarqué (la scène de l’arrêt de bus est tout à fait révélatrice), le film capte notre attention. Nous avons tous été dans ce genre de cas où malgré toutes les bonnes actions que nous faisons nous restons invisibles pour certains. On se doute que le film est un moyen pour son réalisateur de vouloir exister non plus en tant que duo mais en tant que comédien à part entière. Les nombreuses allusions aux peurs du comédien réalisateur sont visibles en permanence dans son film.

Le réalisateur et comédien Ramzy Bédia a également pu s’entourer d’un casting original dans lequel on retrouve aussi bien Élodie Bouchez (Panda), Etienne Chicot (en patron d’une animalerie), Lucie Laurier (Carole), Philippe Katerine (Francis Banane), Guy Marchand (Le père de Rocky), Joëlle Morin (Marion), Sylvie Boucher (Otto) et Eric Judor (Marius). Le film gagne ainsi par ce casting un certain charme et mérite d’être découvert.

Vu le 30 juin 2016 au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO

Note de Mulder: