Soy Nero

Soy Nero
Titre original:Soy Nero
Réalisateur:Rafi Pitts
Sortie:Cinéma
Durée:120 minutes
Date:21 septembre 2016
Note:

Nero a 19 ans, il a grandi aux Etats-Unis puis s’est fait déporter au Mexique.  Etranger dans le pays de ses parents, il est décidé à repasser la frontière coûte que coûte. Il parvient enfin à retrouver son frère, Jesus, qui vit à Los Angeles. Pour échapper à la vie de misère à laquelle le condamne sa condition de clandestin, sa dernière chance pour devenir américain est de s’engager dans l’armée. Nero rejoint le front des green card soldiers.

Critique de Mulder

Le nouveau film de Rafi Pitts après The Hunter (2010), C’est l’hiver (2006), Sanam (1999) et Cinquième saison (1987) découvert dans le cadre du Champs-Élysées Film Festival 2016 porte un regard certes intéressant sur l’intégration sociale aux Etats-Unis mais manque cruellement de rythme et d’un scénario consistant pour totalement nous convaincre. Certes cette histoire d’un jeune mexicain de dix-neuf ans qui a grandi aux Etats-Unis et qui se fait déporter au Mexique et décidé de revenir aux Etats-Unis aurait pu être un bon postulat de départ. Cela aurait pu amener à retenir toute notre attention sur ces immigrés clandestins souhaitant coûte que coûte arriver aux Etats-Unis pour trouver un travail bien rémunéré et surtout une vie plus confortable loin de la misère de leur pays et des inégalités sociales.

Le réalisateur nous présente donc l’errance de son personnage et ses multiples rencontres jusqu’à sa volonté d’intégrer l’armée pour devenir américain et pouvoir vivre normalement dans un pays rempli d’inégalités sociales. A force de démystifier le rêve américain de réussite, le film s’apparente comme une charge envers les nombreuses incohérences et inégalités du système américain. On est certes constamment interpellé par cette errance, cette quête d’un jeune mexicain dans un système privilégiant la réussite sociale à tout prix quitte à faire des soldats envoyés dans des conflits au bout du monde des simples personnes ne souhaitant que s’insérer dans le tissu social. Les nombreuses thématiques abordées par le film sont certes intéressantes mais il aurait fallu non seulement des comédiens professionnels nettement plus aguerris mais surtout un scénario moins hésitant et avec un discours social et politique plus clair et nerveux.

Soy Nore reste pourtant une preuve d’un cinéma libre, un instrument d’expression pour un réalisateur soucieux de sa création quitte à rester dans un circuit indépendant et donc de ne pas pouvoir obtenir une meilleure visibilité et un cercle de spectateurs plus conséquents. Le cinéma indépendant trouve ici suffisamment de matière à exister mais sa portée n’est pas suffisante pour nous embarquer totalement avec lui dans les pérégrinations d’un jeune immigré clandestin.

Vu le 12 juin 2016 au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO

Note de Mulder: