Divines

Divines
Titre original:Divines
Réalisateur:Houda Benyamina
Sortie:Cinéma
Durée:105 minutes
Date:31 août 2016
Note:

Dans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de suivre les traces de Rebecca, une dealeuse respectée. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, va bouleverser son quotidien.

Critique de Mulder

Après avoir réalisé un court métrage en 2011 Sur la route du Paradis, la réalisatrice Houda Benyamina nous propose au travers de son premier film qu’elle a également co-scénarisé avec Romain Compingt un regard intéressant sur la vie dans un ghetto parisien. Loin de nous livrer une histoire pleine de clichés, Divines nous interpelle par son jeune casting Oulaya Amamra, Kevin Mischel et Déborah Lukumuena ,sa réalisation convaincante et par les nombreux sujets abordés dans ce film (l’éducation, la famille, la survie, les problèmes d’argent, le monde de la danse). En découvrant ce film on comprend aisément qu’il fut remarqué lors du 69ème festival de Cannes en remportant la Caméra d'or (récompense pour un premier film).

Dans la mouvance du film La Haine de Mathieu Kassovitz (1995) et loin de nous livrer une nouvelle comédie dramatique sur l’errance de jeunes adolescents dans un univers marqué par la mort, les soucis humains et financiers, Divines nous touche directement par sa peinture sociale. On découvre ainsi la jeune héroïne Dounia et sa volonté de réussir et de sortir de son ghetto. En pactisant avec une dealeuse crainte par ses actes dangereux et en rencontrant un jeune danseur, elle va passer de l’adolescence à l’âge adulte et surtout trouver un équilibre face à son monde en train de s’effriter peu à peu.

Ce nouveau regard féminin sur la banlieue amène à la réflexion et surtout nous fait mieux comprendre la difficulté de certains de survivre dans un pays dans lequel le chômage est en perpétuelle augmentation, dans lequel l’intégration est de plus en plus difficile. Derrière la colère permanente de Dounia se dessine la tristesse et l’incompréhension de ce personnage face à un monde dans lequel tout semble permis. Loin du cinéma français actuel nettement plus destiné à s’ouvrir à un grand public et à livrer des histoires maintes fois présentées, Divines apparait comme un film coup de poing d’une réalisatrice touchée par un sentiment d’injustice. Ce premier film s’éloigne aisément d’un cinéma traditionnel et repose sur un casting de jeunes comédiens formés au théâtre comme Oulaya Amamra. Présente à chacune des scènes du film, elle témoigne d’une réelle présence à l’écran ,elle est reste convaincante autant dans les quelques scènes humoristiques que dans les moments dramatiques.

Une nouvelle fois, Divines montre que le cinéma indépendant reste le meilleur endroit pour développer librement des sujets d’actualité. Cette audace se ressent aussi par un véritable regard d’une réalisatrice qui porte la même attention sur le fond que sur la forme. Divines contient plusieurs moments d’une grâce délicate comme ces nombreux numéros de danse qui parsèment le film. La relation entre cette jeune adolescente Dounia qui se cache derrière une attitude masculine et un apparat de garçon manqué et ce jeune danseur Djigui (Kevin Mischel) donne au film une fraîcheur toute particulière. Cette version moderne de Romeo et Juliette nous touche droit au cœur et nous ressortons de ce film avec l’impression d’avoir découvert non seulement une grande réalisatrice mais surtout une jeune comédienne surdouée, Oulaya Amamra, dont le talent immaculé laisse deviner une longue carrière prometteuse et une nomination aux César du jeune espoir féminin amplement méritée.

Vu le 22 août 2016 au Club Lincoln

Note de Mulder: