Where to invade next

Where to invade next
Titre original:Where to invade next
Réalisateur:Michael Moore
Sortie:Cinéma
Durée:120 minutes
Date:14 septembre 2016
Note:

Dans son nouveau documentaire, Michael Moore décide de s'amuser à envahir le monde pour déterminer ce que les États-Unis peuvent apprendre des autres pays.

Critique de Mulder

"J'y suis allé pour cueillir les fleurs, pas les orties. J'ai aussi voulu dire aux américains que j'ai confiance en leur intelligence et leur savoir, ils n'ont pas besoin d'un nouveau documentaire pour découvrir à quel point c'est le chaos pour X ou Y raison."

Cela fait maintenant vingt-six ans que le réalisateur Michael Moore dissèque les rouages du système américain et nous livre des documentaires passionnants sur un pays en perpétuelle agitation. Sa méthode certes reste identique et sert constamment à montrer les différentes faiblesses politiques, sociales et économiques d’un pays qu’il adore pourtant. Cet ambassadeur américain s’était attaqué dès son premier film Roger et moi à la société General Motors dont la fermeture avait entrainé plus de 35 000 personnes au chomage (Roger et moi, 1989). Par une succession d’interviews, il avait révélé une véritable analyse et surtout capté l’attention d’un public pourtant pas friand de documentaires au cinéma. Dans son second documentaire (The Big One, 1999) il s’attaquait au patronat et aux salaires records du patronat. Ce sont ses films Bowling for Columbine (2002) et Fahrenheit 9/11 (2004) qui furent ses plus réussis et dans lesquels il discutait du problème de la vente libre d’armes et dans le second la guerre en Ira k dans le second tout en s’attaquant soigneusement à la politique George W Bush. On pourra également vanter les mérites de Sicko (2007) qui présentait toutes les faiblesses du système de santé américain et de Capitalism : A love story (2009) qui s’attaquait à la crise financière américaine. Son nouveau documentaire Where to Invade Next est son premier filmé essentiellement en dehors des Etats-Unis et il aura fallu attendre six ans pour enfin découvrir sa nouvelle réalisation.

Le réalisateur trouve dans le sujet de ce film le moyen de renouer avec son passé. En effet, à l’âge de 19 ans, il avait pu voyager via un pass Eurail de manière illimitée en Europe et avait pu découvrir les nombreuses différences existant entre les pays européens et les Etats-Unis. Son nouveau film montre ainsi à travers certains pays dans lequel le réalisateur est retourné les bienfaits de ceux-ci sur différents niveaux que cela aille du système de sécurité sociale, aux différentes prisons, traitement alimentaire des élèves et des droits aux vacances. Ce sujet passionnant a retenu l’intérêt de nombreux critiques américains et ainsi permis au film d’être parmi les premiers retenus dans les premières sélections aux Oscars dans la catégorie meilleur documentaire. On assiste ainsi tout au long des différents et passionnantes interviews que les Etats-Unis ne sont pas la fameuse terre promise et les nombreux défauts de ses fondations sont ainsi clairement montrées du doigt par le réalisateur.

Une nouvelle fois, on reconnait dans ce film documentaire la patte d’un réalisateur qui sait parfaitement capturer l’attention des spectateurs et surtout tirer le meilleur de ses interviews. Le voir ainsi circuler avec son drapeau américain et tenter indexer de nombreux pays est tout simplement irrésistible. Certes ses propos sur l’Allemagne présentés dans le film pourraient réanimer certaines rancœurs méritées. Pourtant il arrive toujours à retomber par certaines pirouettes et effets calculés sur ses pieds. Loin de livrer une image idyllique de certains pays européens, il réussit à montrer leurs différents avantages. De l’Italie, il en ressort les nombreuses semaines de vacances accordées aux salariés, de la France que les cantines sont réellement appétissantes et équilibrées (cela est discutable car dépend des écoles), de l’Allemagne que le système capitaliste est fonctionnel. De la même manière il montre que le Portugal autorise la circulation de drogues douces et n’ a pourtant aucun souci à gérer du point de vue de certains excès.

Where to invade constitue ainsi l’un de ses meilleurs films à ce jour et surtout l’un des plus personnels à l’entendre. Son long message d’amour envers son pays l’Amérique est une des plus belles déclarations envers les Etats-Unis que nous avons pu entendre depuis longtemps. Dans ce sens, on ne peut que vous encourager à découvrir ce film en salles dès le 14 septembre. Enfin, on notera que le réalisateur sera présent au 42ème festival du cinéma américain de Deauville et qu’une conférence de presse autour de ce film sera proposée aux nombreux journalistes présents (comme nous) dès le 2 septembre..

Vu le 24 août 2016 au Club Lincoln, en VO

Note de Mulder: