Cezanne et moi

Cezanne et moi
Titre original:Cezanne et moi
Réalisateur:Danièle Thompson
Sortie:Cinéma
Durée:114 minutes
Date:21 septembre 2016
Note:

Ils s’aimaient comme on aime à treize ans : révoltes, curiosité, espoirs, doutes, filles, rêves de gloire, ils partageaient tout. Paul est riche. Emile est pauvre. Ils quittent Aix, « montent» à Paris, pénètrent dans l’intimité de ceux de Montmartre et des Batignolles. Tous hantent les mêmes lieux, dorment avec les mêmes femmes, crachent sur les bourgeois qui le leur rendent bien, se baignent nus, crèvent de faim puis mangent trop, boivent de l’absinthe, dessinent le jour des modèles qu’ils caressent la nuit, font trente heures de train pour un coucher de soleil…  Aujourd’hui Paul est peintre. Emile est écrivain. La gloire est passée sans regarder Paul. Emile, lui, a tout : la renommée, l’argent, une femme parfaite que Paul a aimé avant lui. Ils se jugent, s’admirent, s’affrontent. Ils se perdent, se retrouvent, comme un couple qui n’arrive pas à cesser de s’aimer.

Critique de earina

Paul et Emile. Emile et Paul. Une amitié vieille de plus de 40 ans. Une amitié exceptionnelle, bouleversante, puissante et houleuse. Emile a été pauvre, il est devenu riche et célèbre. Paul a été riche, il est devenu bohème et sans le sou. L’un est un écrivain reconnu, l’autre est un peintre qui espère le succès. Toujours, ils se retrouvent, malgré le temps qui passe, malgré leurs choix de vie différents, malgré ce succès qui les sépare. Cette incroyable amitié commence sur les bancs de l’école et se poursuivra jusqu’à la mort d’Emile Zola, bien que les dernières années aient été tendues et pauvres de visite, la faute à un ouvrage de Zola, « l’Œuvre », 14ème volume de la série Les Rougon-Macquart, que Cézanne prend en grippe, pensant se reconnaître en Lantier.

Cette amitié qui traverse le temps pour nous arriver aujourd’hui sur grand écran, nous la devons à Danièle Thompson qui a su, avec passion et délicatesse, nous faire partager cette tranche de vie de deux monstres sacrés du patrimoine français. Le travail de recherche est minutieux, l’amour qu’elle porte à ces deux personnages transparaît à l’écran. Les dialogues sont savoureux, parfois drôles, toujours tendres et l’on ressent fortement l’amour et la jalousie que se portent les deux artistes.

La photographie et la lumière sont un bonheur pour les yeux, les paysages sont splendides et hauts en couleur, rappelant avec bonheur certaines des œuvres de Cézanne que l’on redécouvre ici, à travers ce film à la fois tendre et tumultueux, à l’image des protagonistes, à la lisière d’une histoire d’amour tragique… Cézanne et Zola s’aiment et se quittent mais jamais ne cessent de s’admirer. Le passage de Paris à Aix se ressent visuellement, le spectateur faisant des allers-retours entre une ville magnifique mais sombre et des paysages splendides qui éclatent littéralement sous nos yeux.

Le jeu des acteurs, quant à lui, est époustouflant ; Guillaume Canet (Zola) et Guillaume Gallienne (Cézanne) incarnent à merveille ces deux hommes, la force de leur jeu tenant parfois uniquement dans un simple échange de regards, une simple phrase, une simple larme… Des larmes et des regards qui en disent plus que quelques mots, que quelques phrases… Danièle Thompson a magnifiquement porté à l’écran l’essence de cette amitié, ce douloureux amour, cette honteuse jalousie.

Cézanne Et Moi est une ode à l’amitié et à l’amour, à la vie, à ses joies et ses peines. À travers ces magnifiques images, nous sommes les témoins privilégiés de l’amitié que se portent ces deux grands hommes, que la vie éloigne sans jamais vraiment séparer… Cézanne Et Moi nous rappelle que l’amitié et l’amour ne sont pas des sentiments si différents et qu’ils sont, tous deux, incroyablement puissants. Il est fortement conseillé d’admirer le générique de fin, qui est un régal pour les yeux.

Vu le 08 septembre 2016, au cinéma les Fauvettes, salle 5

 

Note de earina: