Ainsi va la vie

Ainsi va la vie
Titre original:Ainsi va la vie
Réalisateur:Rob Reiner
Sortie:Cinéma
Durée:97 minutes
Date:14 septembre 2016
Note:

Oren Little, agent immobilier bourru et égoïste, voit sa vie chamboulée lorsque son fils lui confie sa fille de 9 ans dont il ne soupçonnait pas l’existence. Oren tente alors de s’en débarrasser en l’imposant à sa voisine. Mais les choses ne sont pas toujours aussi simples. Ainsi va la vie...

Critique de Mulder

Il est toujours triste de voir un brillant réalisateur comme Rob Reiner dont plusieurs films ont marqué à jamais notre mémoire de cinéphiles se complaindre dans une forme de cinéma répondant uniquement à n’être qu’un cinéma populaire et commercial sans réelle valeur ajoutée. Il est loin le temps ou ce réalisateur nous proposait des films pleins de vies, parfaitement interprétés et surtout apportant une réelle vision d’auteur. Les premiers films de Rob Reiner restent des modèles du genre que cela soit son troisième film Stand by me (1986) (tiré d’une nouvelle de Stephen King), son conte fantastique (Princess Bride), sa comédie culte intergénérationnelle (Qiuand Harry rencontre Sally (1989)), des thrillers d’une force rare (Misery (1990), Des hommes d’honneur (1992)). Malheureusement les derniers films n’ont pas trouvé leur public ni obtenu de succès critiques. Les nombreuses comédies romantiques (Une vie à deux (1999), Un cœur à l’envers (2010), Un été magique (2012)) certes portés par des comédiens appréciés témoignaient de bases guère solides notamment reposaient sur un scénario guère original et propice à mettre en avant leur casting.

Ainsi va la vie malheureusement aurait pu s’imposer comme une comédie réussie et présentait suffisamment d’éléments intéressants pour en faire un film à découvrir. On retrouve ainsi dans les deux premiers rôles les vieillissants Michael Douglas et Diane Keaton mais aussi comme dans de nombreux de ces films le réalisateur lui-même dans un second rôle important. Une nouvelle fois le scénario se complait dans la facilité et ne semble destiner qu’à mettre en avant un duo de comédiens certes convaincant mais ne prenant réellement aucun risque. Entre cet agent immobilier en fin de carrière Oren Little (Michael Douglas) et ses problèmes de communication avec son fils ancien drogué et ses relations avec son voisinage, le film n’arrive à aucun moment à nous surprendre et à nous proposer quelque chose de réellement nouveau. Certes l’interprétation solide de Michael Douglas nous permet de passer un moment agréable mais ne suffit pas à donner à ce film une autre valeur que celle d’être un direct vidéo quelconque. Ce comédien avait déjà joué sous la direction du réalisateur Le Président et Miss Wade (1995) dans une comédie romantique nettement plus réussie sans être également une totale réussite.

On retrouve certes au scénario Mark Andrus connu pour ses scénarios populaires comme Pour le pire et pour le meilleur de James L. Brooks (1997), La Maison sur l'océan d’Irwin Winkler (2001), et Mère-fille, mode d'emploi de Garry Marshall (2007). Certes des comédies dramatiques portées par des castings solides mais n’apportant rien de bien nouveau. Son nouveau scénario malheureusement déçoit et se complait totalement dans la facilité et dans les bons sentiments. Toute la faiblesse de ce film revient uniquement à cette histoire trop simpliste et surtout apparaissant comme un simple moyen de mettre en avant ces deux principaux comédiens au détriment de nombreux seconds rôles.

Ce film nous renvoie une nouvelle fois à ces comédies hollywoodiennes désuètes dans lesquelles l’effet nostalgique semble jouer à plein rythme . En retrouvant un réalisateur jadis adulé et des comédiens qui ont marqué nos mémoires par des films aussi divers que réussis, Ainsi va la vie semble vouloir uniquement répondre au cahier des charges prédéfinis et nous livre une comédie romantique pour un public familial guère difficile. Les bons sentiments n’ont jamais faits seuls de bons films. Loin d’être un divertissement désagréable, le film se laisse regarder tout en se disant que Rob Reiner semble avoir perdu toute sa verve et se consacre à faire des films sur commande guère personnel et surtout manquant cruellement de piquant. Il est donc loin le temps où ce réalisateur nous faisait rêver, nous emportait dans des œuvres pleines de fougues. Reste dans ce film que quelques scènes réussies mais insuffisantes. On est loin d’un cinéma audacieux, envoûtant et mémorable auquel le réalisateur nous avait habitué il y a encore quelques années..

Vu le 8 septembre 2016 à Deauville au Morny Club en VO

Note de Mulder: