Brice 3

Il aura fallu attendre plus de onze ans entre les deux films du même réalisateur James Huth pour que le comédien Jean Dujardin retrouve le personne qu’il a créé au début de sa carrière dans ses sketchs. La première apparition de ce personnage dans une émission remonte dans les années 90 (Graines de star). Malgré le temps, ce personnage reste le même, toujours aussi égocentrique, incorrect, ingénieux et surtout prétentieux il caractérise à lui tout seul les nombreux travers de notre société actuelle. Sa légendaire leçon de casse dans laquelle il met fin à la conversation de ces nombreux interlocuteurs fait de lui l’exemple parfait de l’individu manquant de réflexion et de retour sur lui-même. C’est pourtant aussi tout ce qui fait le charme de ce personnage qui semble immuable au temps qui passe. Dès le début du film on le retrouve donc sur son lieu de prédilection la plage dans une vieille cahute vivant totalement sa passion pour les sports marins de glisse (voire de montagne dans une scène imagée). On retrouve ainsi non seulement au scénario le réalisateur James Huth mais aussi le comédien principal Jean Dujardin qui prend un total plaisir à redonner vie à sa création.

Loin d’être une simple succession de scénettes mettant le personnage en situation, le scénario cherche constamment à pousser celui-ci dans les pires situations possibles. Que cela soit une expropriation forcée, une rencontre dans un avion, une consultation médicale, voire sur une île déserte dans un parc d’attractions à l’effigie presque de son personnage, tout ici doit permettre à Brice de montrer l’étendue vaste de sa bêtise. Loin des rôles sérieux dans lequel le comédien Jean Dujardin a révélé qu’il était aussi à l’aise dans la comédie que dans des véritables rôles de composition, Brice 3 lui permet ainsi de trouver le territoire nécessaire pour laisser libre court à son imagination fertile. Impossible ainsi de ne pas voir dans ce personnage ceux interprétés par Albert Dupontel dans son fameux spectacle de début de carrière. Loin de ses rôles dans Möbius (2013), Le loup de Wall Street (2013), Monuments Men (2014) et La French, le comédien retrouve enfin un personnage sur mesure

Une nouvelle fois, Brice va se retrouver à voyager dans de nombreux pays et surtout devoir retrouver son meilleur ami Marius réfugié sur une île paradisiaque. Loin du premier volet cherchant constamment à rester réaliste, le scénario de la même manière que le film Le Magnifique (1973) de Philippe de Broca, le film alterne intelligemment tout au long du récit les scènes irréalistes proches du rêve et des moments plus concrets. Brice 3 évite ainsi la redite et oriente le film vers une direction nettement plus proche de la tonalité des films cultes des ZAZ (Y a-t-il un pilote dans l'avion ? (1980), Top Secret (1984)). Certes Brice 3 n’est pas parfait et semble par moment vouloir tester de nouvelles idées sans réellement tester la qualité de celle-ci (scène de l’aéroport par exemple). Le film est certes une comédie populaire mais il réussit par moment à témoigner des failles de notre société et surtout montre que la communication artificielle des réseaux sociaux n’aura jamais la même force que des échanges traditionnels. Ce n’est donc pas un hasard si Brice trouve une bouteille avec un message et non un mail pour que son aventure commence.

Le casting du film permet également de retrouver deux personnages du premier volet Marius (Clovis Cornillac) et Igor (Bruno Salomone) mais aussi de nombreux nouveaux tout aussi forts en présence comme Gregor (Alban Lenoir), Edwige (Noelle Perna). Ce casting en parfaite adéquation avec Brice de Nice constitue une des forces de cette comédie qui ne se prend à aucun moment au sérieux et qui n’a pour prétention que de faire passer un moment de détente. Brice 3 n’est certes pas la comédie de la rentrée mais réussit sa mission d’être simplement un divertissement pour cette période de rentrée.

Vu le 23 septembre 2016 au Gaumont Disney Village, Salle 01

Note de Mulder: