Blair Witch

Blair Witch (The Woods) propose une immersion totale en pleine terreur nocturne et tente de redonner vie à une saga horrifique sans réel succès. L’idée de départ plutôt intéressante de ce film était de proposer une suite directe au premier volet sorti en 1999 et en éclipsant le second volet. Le premier volet reste à ce jour culte non seulement car il lança la mode des found-footages (films d’horreur filmés caméra à l’épaule afin d’accentuer leur côté immersif) et aussi car avec un budget microscopique le film rapporta pas moins de deux cents cinquante millions de dollars à sa sortie en salles. Novateur et parfaitement maitrisé, il redonnait au genre horrifique une véritable place dans le cœur de nombreux spectateurs. Ce film inspira également de nombreux réalisateurs et plusieurs films ont utilisé cette manière de filmer pour d’autres films d’horreur et de science-fiction. Ce nouveau volet aurait pu réellement être une suite intéressante et réussie si le scénario avait réellement cherché à sortir d’une simple relecture de ce premier volet et surtout proposer des scènes d’horreur surprenantes et marquées par des effets spéciaux spectaculaires.

Le réalisateur Adam Wingard n’est pourtant pas un novice en matière de cinéma horrifique et avait marqué nos mémoires par A Horrible way to die (2010), en participants aux films à sketchs V/H/S et V/H/S 2 (2012-2013), The ABC’s of death (2012) et surtout réaliser l’un des meilleurs home invasion vus depuis longtemps au cinéma You’r Next (2012). Récemment il avait même réalisé le pilote d’un des nouvelles séries Starz Outcast et travaille actuellement sur l’adaptation de Death Note. Malgré tout sa mise en scène reste constamment en retrait et semble suivre ses personnages perdus en pleine forêt et pourchassés par des force diaboliques. Il en ressort une suite inférieure au premier volet sans réel sens du suspens et qui se contente de proposer une expérience cinématographique envoutante avec des décors naturels minimalistes et manquant cruellement de ressorts.

Certaines idées sont malgré tout intéressantes comme le fait de vouloir éviter de proposer les mêmes scènes que dans le premier volet et de constamment jouer la carte de la technologie. Ce n’est donc pas un hasard si James et un groupe d'amis décidés de partir dans la forêt de Black Hills dans le Maryland pour mieux comprendre la disparition de sa sœur s’équipent des dernières évolutions technolgiques. L’exemple de l’utilisation d’un drône est certes assez simpliste mais apporte une réelle valeur ajoutée à ce film. Il aurait cependant fallu accompagner cela d’un réel scénario jouant les codes du premier volet mais apportant de réels nouveaux éléments. Utiliser le concept de boucles temporelles est intéressant mais seulement esquisser donc perd toute sa force.

Une nouvelle fois, le film ne repose sur aucun élément nouveau par rapport au premier volet. On suit donc en pleine forêt ces jeunes adultes qui vont se retrouver menacés par des forces dépassant l’entendement. Malheureusement du casting du film seule la comédienne Callie Hernandez réussit à capter notre attention et rendre crédible son personnage. Les autres comédiens ne bénéficiant pas d’un scénario consistant n’arrive pas à rendre leur personnage attachant et semblent surjouer en permanence.

Blair Witch pourrait donc marquer (on l’espère) la fin des found footages dont l’effet répétitif n’apportant aucune réelle avancée aurait plutôt tendance à diminuer leur impact sur les spectateurs. Alors que l’excellent Don’t Breathe réinvente le home évasion et montre ce que devrait être un bon thriller horrifique, Blair Witch rate sa cible première qui est de faire peur aux spectateurs. On espère donc que la sorcière de Black Hills pourra enfin être laissée tranquille et que la saga horrifique ne connaitra pas un énième prolongement inutile.

Vu le 30 septembre 2016 au Gaumont Disney Village, Salle 10, en VF

Note de Mulder: