Doctor Strange

Il aura fallu attendre plus de cinquante-trois pour enfin découvrir une version live de l’un des personnes les plus intéressants de la maison des idées (Marvel Comics). Créé en 1963 par le dessinateur Steve Dikto et le scénariste Stan Lee (en caméo dans le film), sa première apparition date du numéro 110 du comic book Strange Tales. Ce maitre des arts mystiques aura connu plusieurs vies dans de nombreuses séries de comics. En 1978 un téléfilm homonyme réalisé par Philip DeGuere devait donner lieu à une série qui ne verra malheureusement jamais le jour. On retiendra par contre un long métrage d’animation sorti en DVD aux Etats-Unis et réalisé par Frank Paur et Jay Oliva. Celui-ci revenait sur l’origine de ce personnage de manière convaincante et respectait l’univers du comic book. La grande difficulté d’adapter un tel univers provenait notamment de la complexité du personnage et également des nombreux univers liés à la magie.

Doctor Strange est le quatorzième film de l’univers cinématographique Marvel et le second film de la phase 3 après Captain America : Civil War sorti plus tôt cette année. Le style visuel du film est ici très important car il doit permettre une superposition réaliste de plusieurs univers. C’est ainsi Ben Davis qui a notamment travaillé sur les productions des studios Marvel Les gardiens de la galaxie (2014) et Avengers : l’ère d’Ultron (2015). Le réalisateur a immédiatement compris l’importance visuelle du film et évite ainsi de sombrer comme ce fut le cas dans Spawn (1997) dans une bouillie visuelle plus proche d’un jeu vidéo que d’un long métrage en abordant la lutte de Doctor Strange contre Shuma-Gorath dans l’une des scènes importantes du film.

Le film reprend l’origine du personnage Doctor Strange. On découvre ainsi un neurochirurgien surdoué au caractère rappelant par certains côtés celui de Tony Stark. Cherchant plus la gloire et à traiter des clients richissimes plutôt que de s’occuper avec un code de déontologie médicale tous les patients. Le film montre bien le comportement cynique, à l’égo-surdimensionné dès les premières scènes. C’est un accident de voiture qui lui fera perdre l’usage de ses mains et l’empêchera de poursuivre sa carrière. Après de nombreux essais et traitements pour retrouver l’usage total de celles-ci, désespéré, Stephen Strange va se rendre dans les montagnes de l’Himalaya pour rencontrer un guérisseur. Ce dernier se révélera être une maitresse en sciences occultes et gardienne d’un savoir et pratiques ancestrales. A ses côtés, il va apprendre à regarder autrement le monde et surtout à utiliser l’art des sciences occultes pour se les approprier et lutter contre les forces des ténèbres prêtes à se déverser sur terre. Le scénario habilement troussé par Jon Spaihts, Thomas Dean Donnelly et Joshua Oppenheimer respecte non seulement l’univers des comics Marvel de ce personnage culte mais surtout réussit à rendre crédible les nombreux univers décrits.

Doctor Strange réussit également à trouver la parfaite tonalité pour nous raconter une histoire qui requiert de nombreux effets spéciaux mais aussi à mettre en place des personnages importants. Surprenants les effets spéciaux réussissent à rendre crédible les dimensions dans lesquelles sévissent des créatures monstrueuses comme Shuma-Gorath. Ce n’est pas non plus un hasard si le réalisateur retenu est Scott Derrickson dont la filmographie apparait comme faisant de lui la personne la plus à même de donner vie à ce personnage. Après L’exorcisme d’Emily Rose (2005), Sinister (2012) et Délivre nous du mal (2014), sa manière d’aborder le fantastique et les forces diaboliques apparait comme une évidence innée de faire de lui le réalisateur d’un des films les plus attendus de l’année. Le casting semble également être une même évidence tant le comédien Benedict Cumberbatch est parfait dans le rôle-titre du film. Impossible de ne pas voir dans son personnage une continuité de Sherlock (2010-2016), du film Le cinquième pouvoir (2013) et Imitation Game. L’intellect de son personnage est clairement mis en avant mais aussi sa manière de faire face aux nombreux obstacles. Les nombreuses scènes de combats mais aussi les moments dramatiques montrent à quel point ce comédien est bien l’un des meilleurs actuels et fait de Doctor strange l’une des meilleures adaptations de comics à ce jour.

Le reste du casting est également au diapason et permet de retrouver les comédiens Chiwetel Ejiofor (Mordo), Tilda Swinton (The Ancient One), Rachel McAdams (Christine Palmer), Mads Mikkelsen (Kaecilius), Scott Adkins (Lucian / Strong Zealot), Amy Landecker (Dr. Bruner), Benedict Wong (Wong) mais aussi Chris Hemsworth (Thor). Le choix du comédien Mads Chris Hemsworth, se révèle pertinent tant les nombreux affrontements entre Doctor Strange et lui apportent au film une valeur ajoutée indéniable. Alors que les dernières adaptations de personnages Marvel Comics par les studios 20th Century Fox (Les 4 fantastiques (2015) et Sony Pictures (Amazing Spider-man) n’arrivaient pas totalement à nous convaincre, Marvel Studios et The Walt Disney Pictures transcendent les comics dédiés à ce personnage pour en faire non seulement un grand film fantastique mais aussi une fresque magique d’une beauté et d’une force indéniables.

Enfin, on vous conseille de rester jusqu’à la fin du générique finale car il est possible d’y découvrir deux scènes ajoutées dont l’une expliquant la présence du personnage prochainement dans l’univers Avengers et une autre pouvant nous présenter le futur ennemi de Doctor Strange.

Vu le 19 octobre 2016 au Pathé Quai d’Ivry, en VO

Note de Mulder: