Un sac de billes

Un sac de billes
Titre original:Un sac de billes
Réalisateur:Christian Duguay
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:18 janvier 2017
Note:

Dans la France occupée, Maurice et Joseph, deux jeunes frères juifs livrés à eux-mêmes, font preuve d’une incroyable dose de malice, de courage et d’ingéniosité pour échapper à l’invasion ennemie et tenter de réunir leur famille à nouveau.

Critique de Mulder

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Publié en 1973 le livre de Joseph Joffo a marqué à jamais la mémoire de nombreux lecteurs et s’est imposé comme un des bestsellers de la littérature moderne. Ce récit autobiographique racontait l’enfance de son auteur et sa fuite à travers la France occupée par l’armée allemande entre 1941 et 1944. Refusant tout sensationnalisme inutile le livre s’imposait comme un constat d’une période guère glorieuse pour la France et des agissements nauséeux de l’armée allemande qui occupait la France et imposant sa volonté en persécutant les familles juives (port de l’étoile jaune, envoi en train dans des camps de concentration..). C’est au réalisateur Jacques Doillon que nous devons en décembre 1975 la première adaptation de ce livre. Véritable réussite, cette transposition réussissait à capturer l’essence de cette œuvre et bénéficiait d’une interprétation remarquable de deux jeunes comédiens (Richard Constantini et Paul-Eric Schulmann). La seconde relecture de cette histoire plus de vingt-quatre après la publication de ce livre se devait d’être aussi réussie et nous montrer que la question de l’intégration reste toujours d’actualité.

Pour retrouver le souffle romanesque du livre, il fallait réussir à recréer parfaitement l’époque du récit et surtout bénéficier d’un scénario consistant et d’une réalisation au diapason. Le réalisateur Christian Duguay a ainsi participé activement à l’écriture du scénario et s’est entouré d’une véritable équipe composée d’Olivier Dahan, Alexandra Geismar, Jonathan Allouche, Benoît Guichard. Ce grand soin au niveau de l’écriture du film se ressent parfaitement au niveau de l’interprétation solide des principaux comédiens mais aussi par le rythme soutenu du film nous laissant aucun moment de répit. On suit donc avec grande impatience l’aventure de ces deux jeunes enfants, de leurs parents et de leurs deux grands frères. Même si nous connaissons la fin du récit, il est impossible de résister à ce film élaboré avec grand soin. Les scénaristes ne se sont pas contentés d’appliquer une simple transposition du livre, ils ont aussi pu développer la personne importante du père de famille. L’excellente idée du réalisateur est de confier au comédien Patrick Bruel ce personnage emblématique. Chacune de ces scènes renforcent la puissance du récit (notamment une scène d’une force émotionnelle rare dans lequel le père demande à son plus jeune fils de refuser à dire qu’il est juif si il se fait arrêter et utilise la violence pour sa simulation). L’autre personne importante était celle du rôle de la mère. L’idée de confier le rôle à Elsa Zylberstein guère évident au début se révèle être excellente et parfaitement en phase avec cette histoire.

La grande difficulté des adaptations de bestsellers est de vouloir trop souvent proposer des films sans réels points de vue de la part de leurs réalisateurs. Il ne suffit pas de transposer page par page le roman initial, il faut plutôt en capter les idées fortes et la ligne principale pour donner vie aux personnages. Le réalisateur Christian Duguay a réussi ainsi à éviter tous les pièges inhérents à ces transpositions. Le film Un sac de billes réussit ainsi à redonner toute la force du livre homonyme et nous touche par ses nombreuses qualités et ce parcours de deux jeunes enfants dans une France malmenée par ses occupants. Une nouvelle fois, c’est le comédien Patrick Bruel qui remporte aisément notre attachement. Loin de vouloir aligner des superproductions, il préfère de loin s’attacher à des projets qui le touchent personnellement et cela se ressent notamment par la force qu’il donne à chacune des apparitions de son personnage.

On sent le réel attachement du réalisateur de livrer un grand film populaire porté par un casting de nombreux seconds rôles importants (Bernard Campan, Kev Adams, Christian Clavier..) et surtout par deux jeunes comédiens Dorian Le Clech et Batyste Fleurial parfaits en sobriété et réussissant à donner vie à ces deux jeunes enfants victimes d’une époque injuste et aux nombreuses inégalités. A ce titre, le film n’a rien à envier aux grosses productions hollywoodiennes et le réalisateur réussit le mixte en ajoutant son expérience internationale (Scanners II : the new order (1991), L’art de la guerre (2000)..) et française (Jappeloup (2013), Belle et Sébastien, l’aventure continue (2015)). Un sac de billes s’impose aisément comme l’une des excellentes surprises de ce début d’année.

Vu le 12 janvier 2016 à la Salle Gaumont Neuilly-Sur-Seine

Note de Mulder: