Il a deja tes yeux

La thématique de l’adoption a souvent été reprise au cinéma et donnée naissance à de véritables réussites. Il a déjà tes yeux rejoint ainsi les nombreux films réussis ayant abordé ce sujet notamment Le Kid (1921), Baby Boom (1988), La vie est un long fleuve tranquille (1998) Holy Hola (2004), Philomena (2013), Annie (2014). A cela, le comédien, co-scénariste et réalisateur Lucien Jean-Baptiste incorpore aussi un message social fort sur l’intégration et le métissage qui fait honneur au film. Pour son quatrième film, le plus réussi à ce jour, après La première étoile (2009), 30° Couleur (2012) et Dieumerci ! (2016), le réalisateur nous livre une comédie attendrissante portant un regard juste sur notre société actuelle.

Une fois de plus, on comprend aisément la volonté du comédien Lucien Jean-Baptiste d’aborder un thème qui lui tient à cœur et de le faire librement. Sous la forme d’une comédie dans laquelle un jeune couple afro-européen ne pouvant pas avoir d’enfants décide d’adopter un enfant. Lorsque l’organisation gérant ces adoptions leur propose enfin un enfant, celui-ci est typé caucasien et donc ne présente pas la même couleur de peau qu’eux. Cette forme de contraste ethnique inversée sera prétexte à de nombreuses scènes traitées avec un humour respectueux des différences et surtout permettant de mettre en avant la bêtise humaine et les nombreux stéréotypes guères flatteurs pour notre société qui se dit ouverte.

Comme dans ces films précédents, le réalisateur s’est donné un rôle sur mesure et surtout s’est entouré d’un casting intéressant dans lequel on pourra retrouver de nombreux comédiens que nous apprécions comme Aïssa Maïga (Salimata Aloka), Zabou Breitman (Mme Mallet), Vincent Elbaz (Manu), Delphine Théodore (Prune), Marie-Sohna Condé (Mamita), Bass Dhem (Ousmane) et Marius Benchenafi (Benjamin). Le charme d’ Aïssa Maïga se révèle ici parfaitement mis en avant et on retrouve avec plaisir cette comédienne que nous avons pu découvrir dans Les poupées russes (2004) et revue récemment dans de nombreux films comme L’écume des jours (2013), Bienvenue à Marly-Gomont (2016). Débordant d’énergie, Vincent Elbaz laisse ici place à un véritable numéro de comédien loufoque guère éloigné de Peter Sellers dans la Panthère rose. Chacune de ses apparitions est un pur moment jubilatoire et la réussite du film lui doit beaucoup.

Lucien Jean-Baptiste réussit parfaitement à mettre en avant les nombreuses oppositions du point de vue de l’intégration et des différentes formes de cultures et croyances que chaque ethnie peut garder en elle. L’opposition entre la mère du personnage de Salimata Aloka et celle-ci apporte une véritable dose pimentée au film et en fait une comédie hautement recommandable. On sent aisément également la volonté du réalisateur de revenir à la même tonalité que celle du cinéma britannique des années 80 et permettant de souligner certaines thématiques importantes par l’approche de la comédie. Il a déjà tes yeux est une des bonnes surprises de ce début d’année. Certes pas la comédie de l’année et on reste encore assez loin de l’efficacité redoutable du nouveau film de Danny Boon Raid Dingue mais le résultat mérite amplement le détour.

Vu le 20 janvier 2017 au Gaumont Disney Village, Salle 5, place A18

Note de Mulder: