Message from The King

Message from The King
Titre original:Message from The King
Réalisateur:Fabrice Du Welz
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:10 mai 2017
Note:

En provenance de Cape Town, Jacob King débarque à Los Angeles à la recherche de sa sœur disparue. Avec un billet retour pour l’Afrique du Sud sept jours plus tard, et 600 dollars en poche. Au bout de 24 heures, il découvre que sa sœur est morte dans des circonstances étranges…

Critique de Faith

Après avoir réalisé successivement les films Calvaire (2004), Vinyan (2007) et Colt 45 (2012), Fabrice du Welz revient sur le Grand Ecran avec son incroyable Message from the King dont la sortie en salles est prévue pour le 10 mai prochain. Thriller haletant au cœur de Los Angeles, le film suit le périple de Jacob King, prétendu chauffeur taxi venu d’Afrique du Sud visiter Bianca, sa sœur, suite à un appel inquiétant de cette dernière… Disparue, elle ne réapparaît qu’à la morgue, défigurée et torturée ; c’est alors que débutent les ennuis pour Jacob, en quête de la vérité …

Accompagnés de David Lancaster (Drive, Whiplash, Nightcrawler) à la production, Oliver Butcher et Stephen Cornwell les co-scénaristes, ont souhaité dévoiler Los Angeles d’un nouveau point de vue : celui d’un étranger. Pour se faire, qui de mieux que le maître de l’angoisse made in Belgium, Fabrice du Welz, grâce auquel la ville révèle ses multiples visages, synonyme de rêve et de paillettes le jour mais dès avec un tout autre visage la nuit tombée, entre malheur et détresse. S’inspirant des thrillers néo-noirs des années 70 tels que « Le bon, la brute et le truand » de Sergio Leone ou encore « La horde sauvage » de Sam Peckinpah, Message from the King apparaît comme un véritable western urbain.

Partageant la même volonté que le réalisateur Henri-Georges Clouzot, Fabrice du Welz imagine le 7eme art comme un grand voyage entre spectacle et agression, réflexion et sublimation. Adepte du proverbe « Qui aime bien, châtie bien », il aime bousculer et être bousculé afin de changer de point de vue sur un évènement, un lieu, une personne. Dans Message from the King , le réalisateur propose un thriller empreint de mélancolie, au sein d’un univers opaque et inquiétant. Théâtre ultime de cette histoire, Los Angeles – découverte par Fabrice du Welz lors des repérages du film – a été une véritable révélation, une fascination du fait de « ses contrastes, sa fureur et son odeur si marquants ».

Mis en exergue par un casting prometteur, Message from the King réunit Chadwick Boseman (Get on up, Captain America : Civil War…), Luke Evans (Fast and Furious 6, Beauty and the Beast…), Teresa Palmer (Point Break, Triple 9…) et Alfred Molina (Spider Man 2, The Da Vinci code…). En réalisant ce film, Fabrice du Welz prend un malin plaisir à éclater les frontières et supprimer tout jugement sur les personnages : il n’est plus question de bien ou de mal, tout est mêlé. Intervient alors un écosystème de personnages complexes et attachants : le héros Jacob King (Chadwick Boseman), taciturne et attaché aux principes mais à l’instinct sauvage et prêt à tout pour venger la mort de sa sœur ; le docteur Wentworth (Luke Evans), un fringant dentiste dont le vernis de perfection est vite terni par sa nature de sociopathe ; Kelly (Teresa Palmer) une jeune mère dont les rêves de paillettes se sont écroulés dès son arrivée à Los Angeles mais également Preston, incarné par Alfred Molina, réalisateur véreux à la sexualité débridée. Ensemble, ils incarnent la diversité et la force de la population de Los Angeles.

Afin de sublimer l’esthétique du film, Fabrice du Welz a porté un soin tout particulier à la lumière en travaillant avec Monica Lenczewska comme directrice de la photographie, dont le travail a été salué de nombreuses fois au festival Sundance. Avec en tête une photographie du film « Biutiful » d’Alejandro González Iñárritu par Rodrigo Prieto, le réalisateur a souhaité filmer en argentique en utilisant uniquement la lumière naturelle : ce traitement donne un grain très particulier au film, entre folle lumière et sombres ténèbres.

Afin de compléter le sentiment de profondeur, un soin tout particulier a été porté à la musique du film. Imaginée par Vincent Cahay (qui signe sa troisième collaboration avec du Welz après Calvaire et Alléluia ) et Félix Penny, Message from the King dévoile, au fil de l’intrigue, un mélange étourdissant, alternant bruits sourds (battements de cœur ?) et mélodies discrètes, et mêlant ainsi beauté, angoisse et questionnement.

Avec son rythme haletant, Message from the King hypnotise et nous entraîne dans les bas-fonds de Los Angeles à la recherche de la vérité. Véritable coup de cœur professionnel, la rencontre entre Chadwick Boseman et Fabrice du Welz illumine le film et donne plus de crédibilité et de passion au personnage principal. Parfaite préparation physique à son personnage de T’Challa dans « Black Panther », le Jacob King joué par Chadwick Boseman est l’incarnation ultime du héros aux multiples visages, dualité chère au réalisateur. Sur fond d’une histoire de vengeance, ce dernier nous questionne sur notre vision du deuil et du chagrin : comment vivre avec, comment le surmonter, peut-on pardonner… Fort et esthétiquement captivant, ce western du 21eme siècle est à ne pas manquer !

Vu le 12 avril 2017 au Forum des Images, salle 500, en VO

Note de Faith:

Critique de Mulder

Fabrice du Welz s’est imposé comme un des réalisateurs qui a une véritable signature visuelle dès son premier film, un réalisateur qui préfère de loin des projets plus personnels que des films commerciaux sans âme. Calvaire (2004) était ainsi une plongée en plein enfer rural. Ce réalisateur s’imposa comme un de ceux osant aborder l’horreur véritable sans chercher à l’amoindrir. Ses films suivants Vinyan (2008), colt 45 (2014), Alleluai (2014) lui permettaient de signer trois thriller originaux et surtout parfaitement maitrisés.

Message from the King est son premier film américain. Celui-ci lui permet de revenir à son genre de prédilection, de proposer des scènes d’action efficaces et surtout de bénéficier d’un casting intéressant avec Chadwick Boseman (Jacob King), Luke Evans (Wentworth), Teresa Palmer (Kelly), Natalie Martinez (Trish), Tom Felton (Frankie), Alfred Molina (Preston), Jake Weary (Bill). Certes le sujet du film n’est guère original et rappelle par certains côtés certaines productions Europacorp mais le soin porté à la réalisation et surtout à la direction d’acteurs confère à l’ensemble une patine plutôt attrayante.

Dès la première scène, on apprend les motivations du personnage de Jacob King qui débarque de Cape Town à Los Angeles pour retrouver sa sœur portée disparue. Malheureusement lorsqu’il l’a retrouve enfin, celle-ci est morte, tuée dans des circonstances inconnues. Ce film va donc suivre son parcours pour savoir qui est à l’origine de ce meurtre et surtout se venger de ceux-ci. Il est intéressant de voir que le comédien Chadwick Boseman après avoir incarné dans un second rôle Black Panther dans Captain America : civil et avant que l’on puisse découvrir le nouveau film Marvel consacré à ce personnage montre qu’il est très à l’aise dans un film d’action. On devine aisément son aisance dans les scènes d’action et qu’il a bien le profil pour devenir un héros de film d’action.

L’action se déroulant à Los Angeles, on regrette jusque que contrairement à Drive (cité sur l’affiche du film) que les nombreux lieux de la ville ne soient pas assez utilisés pour renforcer le climax de celui-ci. En livrant un film de commande, le réalisateur Fabrice du Welz ne bénéficie pas de son directeur de la photographie habituelle et le film souffre ainsi dans certaines scènes d’un manque de lumière évident. Reste cependant un film d’action efficace avec une fin très réussie et permettant d’avoir une vision différente de l’action qui s’est déroulée devant nos yeux.

Vu le 12 avril 2017 au Forum des Images, salle 500, en VO

 

Note de Mulder: