Ce qui nous lie

Ce qui nous lie
Titre original:Ce qui nous lie
Réalisateur:Cédric Klapisch
Sortie:Cinéma
Durée:113 minutes
Date:14 juin 2017
Note:

Jean a quitté sa famille et sa Bourgogne natale il y a dix ans pour faire le tour du monde. En apprenant la mort imminente de son père, il revient dans la terre de son enfance. Il retrouve sa sœur, Juliette, et son frère, Jérémie. Leur père meurt juste avant le début des vendanges. En l’espace d’un an, au rythme des saisons qui s’enchaînent, ces 3 jeunes adultes vont retrouver ou réinventer leur fraternité, s’épanouissant et mûrissant en même temps que le vin qu’ils fabriquent.

Critique de Faith

Après Casse-tête chinois, dernier volet de la saga de son Auberge espagnole et Ma part du gâteau, Cédric Klapisch revient sur le grand écran avec Ce qui nous lie, en salles le 14 juin prochain. En immersion dans une famille explosée, le film suit les retrouvailles et les déboires de deux frères et une sœur, suite au décès de leur père. Avec en héritage le domaine viticole familial, les enfants se retrouvent désarçonnés, chacun en prise avec ses rêves et ses responsabilités. Chance ou poison, comment vont-ils réagir, ainsi liés ?

Touchant et plein d’humour, « ce qui nous lie » est le premier film hors de la ville pour le réalisateur. Peu habitué à filmer des territoires ruraux, Cédric Klapisch expérimente un nouveau terrain d’expression. Juste et plein de poésie, le scénario réunit, à l’écriture, le réalisateur et un ancien complice, Santiago Amigorena (Le péril jeune, Peut-être), le tout sous le regard avisé du viticulteur et comédien Jean-Marc Roulot (Les saveurs du Palais, Le sang de la vigne).

Fédérateur et présent dans l’histoire de l’humanité, le vin, ligne directrice de « Ce qui nous lie », a un impact culturel très fort. Magnifié au long du film, le breuvage a une résonance très particulière pour Cédric Klapisch. Symbole de sa relation avec son père, grand amateur de Bourgogne, le réalisateur associe au vin l’idée de la transmission et questionne sur l’héritage (moral, des valeurs) de nos parents. Qu’en retient-on ? Comment le réinterprète-t-on dans notre vie d’adulte ? Que transmettons-nous à nos enfants ?

Mis en exergue par un casting prometteur, « Ce qui nous lie » réunit Pio Marmaï (Le premier jour du reste de ta vie, Nos futurs), Ana Girardot (Paradise Lost, Les Revenants) ainsi que François Civil (Five, Dix pour cent). Interprétée avec justesse, cette fratrie explosive met en scène Jean (Pio Marmaï), le grand frère, baroudeur bougon au grand cœur ; Juliette (Ana Girardot), sœur faussement discrète, passionnée affirmée prête à prendre la relève du père et Jérémie (François Civil), dernier de la bande, jeune homme un peu dépassé par les évènements (et ses responsabilités) mais véritable atout comique. Entre vendanges, engueulades et moments de complicité, ils réapprendront à se connaître et à créer ensemble cette nouvelle fraternité. Avec des rôles taillés sur mesure, les acteurs sont déconcertants de réalisme dans leur interprétation d’une famille attachante et parfaitement crédible… Que l’on adorerait intégrer !

Mettant en scène un dialogue où passé et présent s’entrecroisent, Ce qui nous lie est un film de personnages et de relations humaines, une constante dans l’œuvre de Cédric Klapisch. Tranche de vie touchante, le film apporte un nouveau regard, celui de la maturité d’un homme de la cinquantaine, souhaitant revenir à ses racines. Nécessaire, ce retour au passé afin de mieux prendre conscience du temps qui passe questionne sur le passage d’enfant à adulte : quel impact, la perte d’un parent, a-t-elle sur notre émancipation et notre construction de soi ? Est-ce, à ce moment précis, que l’enfant devient alors adulte ?

Au fil des somptueux paysages de Bourgogne, Cédric Klapisch nous invite, avec « Ce qui nous lie », à rire, pleurer ou encore rêver afin de mieux nous questionner sur notre rapport au présent mais aussi au passé. Un cru agréable et sans chichi à déguster sans modération !

Vu le 9 mai 2017 au Forum des images dans le cadre du club 300

Note de Faith:

Critique de Mulder

Le cinéma de Cédric Klapisch est comme ces bons vins qui gagnent en maturité et qualité au fur et à mesure de leur évolution. Depuis le péril jeune (1994) ses films ont toujours réussi à avoir une véritable âme et surtout à donner à leurs comédiens des rôles consistants. Comment ne pas apprécier la saga cinématographique L’auberge espagnole (2002), Les poupées russes (2004), Casse-tête chinois (2013) qui garde son charme indéniable et surtout donne une véritable envie d’apprécier ce grand réalisateur préférant de loin faire un cinéma qui lui plait plutôt que de répondre à la demande de grands studios de cinéma plus propre à considérer un cinéma commercial rentable qu’un cinéma indépendant.

Ce qui nous lie pourrait ainsi apparaitre à travers cette étude d’une entreprise familiale de cépages comme une parabole du cinéma actuel dans lequel l’approche diffère non seulement au traitement de celui-ci mais aussi sur les moyens d’y arriver. Alors que Jean, Jérémie et Juliette préfèrent éviter tout engrais et substances non naturelles pour leur plantation, leurs confrères semblent prêts à tout pour maximiser leur rendement. Cette approche à peine déguisée du cinéma français actuel montre que le co-scénariste et réalisateur du film reste toujours autant attaché à proposer des films honnêtes et ayant un véritable goût qu’un cinéma artificiel.

Le film par son scénario linéaire permet surtout de trouver la bonne approche pour une étude de caractères passionnante, d’une famille se retrouvant après que l’un des trois ne supportant plus son père ait décidé de quitter le domaine familial pour faire sa vie loin de celui-ci. Ses retrouvailles sous le regard bienveillant du réalisateur imposent ce film comme une réussite certes mineure d’un cinéma français de qualité.

On sent également à travers son nouveau film, un sujet qui passionne son réalisateur qui trouve enfin matière à proposer un film plus proche de ses convictions et surtout à réunir un casting de jeunes comédiens tels Pio Marmai (Jean), Ana Girardot (Juliette), François Civil (Jérémie) tous excellents. On appréciera également la volonté du réalisateur de quitter les grandes villes (Barcelone, Paris, Londres..) dans lesquelles il situe très souvent l’action de ces films pour retrouver le terroir français. Son film gagne ainsi en efficacité et s’impose aisément comme l’un de ses meilleurs crus. Il en ressort un film émouvant, drôle et passionnant tel que peut l’être la vie.

Vu le 12 juin 2017 à l’UGC Ciné-cité Bercy, salle 33

 

Note de Mulder: